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Hockey : les Boxers vont-ils casquer en Ligue Magnus ?

Recrutement spectaculaire d’internationaux français, budget en hausse de 50% : les Boxers de Bordeaux, promus en Ligue Magnus, veulent se donner les moyens d’y bien figurer. Ils sollicitent l’aide des partenaires privés, ainsi que le doublement des subventions publiques.

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Hockey : les Boxers vont-ils casquer en Ligue Magnus ?

Les Boxers de Bordeaux lors de leur victoire à Anglet, le 3 avril, en finale du championnat de D1 (Photo Nini Calimoutou/DR)
Les Boxers de Bordeaux lors de leur victoire à Anglet, le 3 avril, en finale du championnat de D1 (Photo Nini Calimoutou/DR)

« Bordeaux 1, Suisse 0 ! » L’exclamation fuse vendredi soir, au golf de Bordeaux Lac. Les Boxers y ont invité les joueurs et partenaires du club pour fêter la montée en Ligue Magnus, l’élite du hockey sur glace français, et présenter les nouveautés pour la saison prochaine. Justement, c’est une de leurs dernières recrues, Julien Desrosiers, qui vient de marquer pour l’équipe de France, lors d’un match amical contre la Suisse, diffusé sur l’écran du bar.

L’attaquant français, un des tout meilleurs joueurs du championnat – 244 buts et 300 assistances en 320 matchs -, arrive de Rouen avec son compère québécois Francis Charland, meilleur buteur de la Ligue Magnus (26 buts cette saison). Quelques semaines seulement après leur montée, les Boxers ont ainsi déjà signé 8 joueurs, pour la plupart internationaux tricolores, à l’image des défenseurs Jonathan Janil et Nicolas Besch. Ce dernier est selon Stéphan Tartari, manager des Boxers, « un taulier de l’équipe de France »

« Il jouait en Pologne (au KH Sanok) et a fait des concessions salariales pour rejoindre Bordeaux (où le salaire le plus élevé se situe autour de 35000 euros net par an, NDLR). Certains pensent qu’on a gagné au loto, d’autres que nous faisons n’importe quoi : ce n’est pas le cas. »

Pas de Qatar sur la Garonne

Ce mercato démarré en fanfare a en effet pu laisser croire que les Boxers ont été racheté par un oligarque russe ou le Qatar, si ce pays s’intéressait aussi aux disciplines sur glace… Mais non : pour bien figurer dans le gotha français – l’objectif affiché est de terminer parmi les huit meilleurs (sur 14) -, le club bordelais annonce un budget de 1,445 million d’euros, contre moins d’un million cette saison. C’est un « budget médian » pour la Ligue Magnus, deux fois moins important par exemple que celui de Grenoble, le plus riche de France.

Mais Bordeaux peut compter sur l’attractivité de la ville, de sa qualité de vie comme de son projet sportif, toujours piloté par l’entraîneur québecois Martin Lacroix. A en croire les dirigeants des Boxers, depuis la victoire contre Anglet, synonyme de montée en Ligue Magnus, ils seraient assaillis de demandes de joueurs désireux de s’installer dans la région et d’évoluer à Mériadeck.

Troisième club le plus populaire de Bordeaux, après les Girondins et l’UBB, et premier en salle, les Boxers surfent en effet sur un réel engouement populaire – la patinoire de Mériadeck leur permet d’afficher la troisième affluence de France pour du hockey sur glace, toutes divisions confondues (2714 spectateurs par match en moyenne).

Avec 2714 spectateurs par match en moyenne, Mériadeck a le troisième public hockey de France (Nini Calimoutou/DR)

Mériadeck, 39% des recettes

Elle assurait cette saison 39% des recettes du club, soit la première entrée financière. Une légère augmentation du prix des places et des abonnements devrait faire rentrer 80000 euros supplémentaires dans les caisses. Les Boxers espèrent trouver 130000 euros de plus auprès de leurs partenaires privés actuels – une centaine d’entreprises – ou futurs, intéressés par l’exposition du hockey. Ces partenariats représentent actuellement 30% des recettes, soit environ 300000 euros.

« J’avais promis que si les Boxers étaient champions (de Division 1, NDLR), je doublais la mise, mais j’avais un peu trop arrosé une victoire ce jour là », plaisante Jean-Luc Bruneteau, patron de BRT Group.

Cette entreprise, active entre autres dans l’immobilier  et les assurances, est le premier sponsor privé du club de hockey, à hauteur de 40000 euros par an, et un de ses actionnaires.

« Nous allons discuter avec les dirigeants, mais ce qui est sûr c’est que nous n’allons pas arrêter de les soutenir », poursuit Jean-Luc Bruneteau.

« Des mecs qui mouillent le maillot »

Celui-ci n’avait jamais vu un match de hockey sur glace lorsque son ami Thierry Parienty, patron de la société Voltea, lui a demandé un coup de pouce lorsque le club est passé pro, il y a un an.

« Je ne serai jamais allé dans le foot, trop business, ou le rugby. Mais j’ai trouvé le hockey sur glace hyper sympa, convivial. On peut y aller avec ses enfants sans qu’ils risquent un coup de couteau à la sortie. Cela donne à notre groupe l’image que véhiculent les Boxers, des mecs qui mouillent le maillot et restent accessibles. La visibilité n’est pas extraordinaire mais nous pouvons exploiter le fichier des abonnés pour nos démarches commerciales. »

Cette visibilité sera sans doute plus importante en Ligue Magnus, avec probablement quelques matchs retransmis sur L’Equipe 21, qui détient les droits. En revanche, et contrairement aux autres grands sports télévisés, les Boxers ne tireront aucun bénéfice de telles diffusions.

Objectif 400000 euros de subventions

Pour boucler son budget, le club doit chercher ailleurs, chez les fans – 20000 euros attendus dans sa future boutique -, auprès des VIP, dont l’accueil en loges va être amélioré, et surtout auprès des pouvoirs publics. Les subventions représentent aujourd’hui 210000 euros, soit 21% du budget. Le club en espère le double, soulignant que les subventions publiques en Ligue Magnus sont plutôt de l’ordre de 480000 euros en moyenne.

Le principal bailleur de fonds des Boxers, c’est la Ville de Bordeaux : non seulement elle met à disposition la patinoire de Mériadeck – gérée en délégation de service public par Axel Vega -, mais elle attribue directement au club 175500 euros – contre 450000 à la SASP de l’Union Bordeaux-Bègles, et 230000 à celle du Football club des Girondins de Bordeaux. La mairie est-elle prête à mettre davantage au pot ? Arielle Piazza, adjointe en charge des sports, est prudente :

« Logiquement, les clubs sont aidés un peu plus quand ils grimpent dans la hiérarchie sportive. Les Boxers auront des charges de transport plus importantes, et un ticket d’entrée en Ligue Magnus plus élevé. Leur demande est sur le bureau du maire, mais nous attendons la fin de tous les championnats – le basket et le rugby, notamment, n’ont pas fini – pour avoir une idée de la répartition, qui doit se faire à enveloppe constante. »

Et l’élue d’inviter gentiment le président du club à solliciter aussi la région Aquitaine et le conseil général. Car en ces temps de disettes budgétaire, les crédits des collectivités sont encore plus gelés que le terrain de jeu des Boxers.


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