Pour un projet dont la déclaration d’utilité publique (DUP) a été invalidée par le tribunal administratif, le tram-train du Médoc est sacrément avancé. Le secrétaire d’État en charge des transports, Alain Vidalies, l’a mesuré ce lundi en visitant le chantier du pont Beyerman.
Ce viaduc de 7 mètres de haut et 76 mètres de long est quasiment achevé : le béton sera coulé ce mercredi sur son tablier. Il permettra aux tramways d’enjamber la voie de chemin de fer Bordeaux-Pointe de Graves, et accueillera la station Ausone.
Celle-ci, une des 6 prévues entre la place Ravezies et Blanquefort, est prévue pour desservir un quartier qui comptera 4000 nouveaux logements. Une densification de l’habitat mésestimée par le tribunal administratif dans son jugement sur la rentabilité du tram-train, a estimé Brigitte Terraza, maire de Bruges, lors de la présentation du projet au secrétaire d’État.
Le tram-train roulera-t-il en 2017 ?
Quoiqu’il en soit, lui a-t-il été expliqué, la nouvelle ligne, « achevée à 80% », n’a pas besoin d’une DUP pour l’expropriation, puisque les derniers terrains nécessaires sur les 7 kilomètres de voies, ont été échangés à l’amiable. Un référé est néanmoins toujours en cours d’instruction au tribunal administratif pour un sursis à exécution de l’annulation de la DUP.
Sur le fond, Bordeaux Métropole a fait appel de ce jugement devant la cour administrative d’appel. Deux démarches auxquelles est elle suspendue l’avenir de la ligne D du tramway, destinée à relier Eysines à la place des Quinconces.
Une fois les travaux achevés, début 2016, la mise en route du tram-train dépendra en revanche de la finalisation des études de SNCF Réseau sur la signalisation et les passages à niveau, ce qui devrait encore laisser l’équipement flambant neuf, et qui aura alors coûté au moins 112,5 millions d’euros, inutilisé pendant une année.
Un BHNS Bordeaux-Saint Aubin en 2018 ?
Pour le quadrant nord-ouest de la métropole bordelaise, si mal desservi par les transports en commun, un autre projet est heureusement sur les rails, peut-être justement parce qu’il est sur pneus : un bus à haut niveau de service (BHNS) est à l’étude pour le trajet Bordeaux centre – Caudéran – Saint-Médard – Saint Aubin.
Autrement appelé ligne E, ce BHNS roulerait à 17 km/h de moyenne sur 99% du parcours, quand le tramway ne peut lui pas dépasser les 11 km/h en centre ville. Presque deux fois plus rapide, il est en outre deux à trois fois moins cher qu’un tramway (de 9 à 12 millions d’euros au kilomètre), comme ont pu le constater les élus bordelais lors d’un récent voyage d’étude à Nîmes.
Ceux-ci s’intéressent également, ont-ils souligné lundi, à la technique du biberonnage, une solution de recharge rapide des batteries électriques testée sur les bus à Genève.
Une concertation sera ouverte en juin autour de la ligne E, notamment afin d’arrêter son tracé. Le bus pourrait ne pas être en site propre (dans un couloir de bus dédié) sur l’intégralité du parcours. Objectifs : dépôt de la DUP début 2016, démarrage des travaux, un an après et mise en service début 2018. Le coût est estimé à 100 millions d’euros.
Des bus sur la bande d’arrêt d’urgence ?
Enfin, les services de Bordeaux Métropole ont révélé qu’allait bientôt être rendue une étude de l’Etat sur la faisabilité d’un bus à haut niveau de service sur la bande d’arrêt d’urgence de la rocade. Ce système existe déjà en France, sur l’autoroute en banlieue de Grenoble. Une expérimentation pourrait être réalisée ensuite sur le segment entre la zone aéroportuaire de Mérignac et la gare de Pessac-Alouette.
L’idée est d’améliorer d’ores et déjà la liaison entre l’aéroport et la gare Saint-Jean, en attendant qu’un tram ou un BHNS ne s’en charge. Une concertation est en cours sur cette question.
Quel avenir pour le GPSO ?
Lors de son arrivée à la gare Saint-Jean, qui prépare l’arrivée de la LGV en 2017, Alain Vidalies a évidemment aussi interpellé sur l’avenir des lignes Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, mises à mal par l’avis négatif de la commission d’enquête publique.
Le secrétaire d’Etat a rappelé qu’il attendait les réponses du maître d’ouvrage, SNCF Réseau, aux critiques contenues dans ce rapport, et que la décision du gouvernement sur la suite du projet interviendrait « d’ici la fin de l’été ».
Rappelant « l’enjeu considérable pour l’Aquitaine et pour la France » que constitue le GPSO, notamment par rapport à la liaison vers l’Espagne, le landais Alain Vidalies s’est ainsi gardé de tout pronostic. Des modifications substantielle du projet par la SNCF entraînerait une remise à plat complète du projet. Passer outre les recommandations de la commission d’enquête signifierait probablement une floraison de ZAD (zones à défendre). Une vraie LGV de crête.
Chargement des commentaires…