Miss Fanny va bientôt rentrer au bercail. Fin 2017, si tout va bien, l’éléphante décédée en 1892, devrait retrouver sa place dans l’entrée du Museum d’histoire naturelle de Bordeaux : la première pierre des travaux d’aménagement a été posée ce lundi au Jardin public.
« Je m’attendais à ce que vous poussiez un cri : « Enfin ! » », a lancé Alain Juppé à Nathalie Mémoire, conservateur d’un Muséum fermé pour travaux depuis 2008.
Le rapatriement de plus d’un million de pièces au centre de conservation des collections, à Bacalan, a d’abord permis de sauver des pièces naturalisées, infestées d’insectes prédateurs. Et après la réhabilitation du pavillon des anciennes serres, où s’est installée l’administration, c’est donc le gros des travaux qui démarre : l’hôtel de Lisleferme.
Ouverture initialement prévue l’an dernier
16 millions d’euros, essentiellement financés par la Ville de Bordeaux, avec la participation du conseil régional, de l’Ademe et de l’Etat, vont être investis dans la rénovation de cet immeuble du XIXe siècle.
L’hôtel, converti en Museum en 1862, n’est plus aux normes de confort et de sécurité actuelles. Dépourvu d’ascenseur, il ne pouvait notamment pas accueillir de public handicapé. Le chantier était si complexe que les Architectes des bâtiments de France ont retoqué le projet, repoussant de plusieurs années une ouverture initialement envisagée pour… 2014.
Un tiers de la surface du bâtiment sera consacrée à l’exposition permanente, dans des vitrines d’époque restaurée et à travers 35 bornes multimédia. Le rez-de-chaussée accueillera un musée des tout-petits, pour les moins de 6 ans, sur une centaine de mètres carrés. Et une nouvelle salle d’exposition temporaire de 500 m2 sera créée en sous-sol du Jardin public.
« Il s’agit de créer un nouveau parcours muséographique qui intègre à la fois l’histoire des collections en relation avec le passé de la ville, l’histoire des sciences, et aussi les préoccupations de la société d’aujourd’hui face aux enjeux de la préservation de l’environnement », explique Nathalie Mémoire.
Extinction massive
L’accent sera en effet porté sur l’érosion de la biodiversité, avec des éléments d’explications sur le rôle joué par l’homme dans l’actuelle extinction massive des espèces.
« Nous avons quelques espèces totalement disparues, notamment un loup de Tasmanie qui n’existe sous une forme naturalisée que dans quelques muséums du monde », indique Nathalie Mémoire.
Elle souligne que le visiteurs pourront également découvrir des pièces acquises depuis 15 ans par le Muséum auprès de collectionneurs, de la LPO (ligue de protection des oiseaux) ou de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, et jamais présentées au public. De quoi renouveler celui-ci :
« Au départ, les muséums intéressaient surtout une élite passionnée par l’Histoire naturelle, rappelle Nathalie Mémoire. Aujourd’hui, le public s’est très largement élargi, puisqu’il intéresse les tout-petits comme les personnes âgées. La société apporte un nouveau regard sur l’environnement et ces espèces qu’on imaginait éternellement renouvelables, et dont nous percevons depuis les années 1970-80 le caractère fragile. C’est en cela que les muséums ont un nouveau rôle à jouer aujourd’hui. »
Une mission que remplissent avec bonheur les Muséums récemment créés ou rénovés en France, comme ceux de Toulouse ou de Lyon.
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