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Le CAPC tire la carte Jodorowsky

Jusqu’au 31 octobre 2015, le CAPC présente le travail colossal d’Alejandro Jodorowsky, réalisateur, acteur, performeur, mime, romancier, essayiste, poète et scénariste de bande dessinée. L’exposition occupe la grande nef avec une scénographie de l’architecte Andreas Angelidakis.

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Le CAPC tire la carte Jodorowsky

Un message filmé de Alejandro Jodorowsky projeté au CAPC (WS/Rue89 Bordeaux)
Un message filmé d’Alejandro Jodorowsky projeté au CAPC (WS/Rue89 Bordeaux)

Mais que fait Jodo au CAPC ? Lorsqu’on le demande à María Inés Rodríguez, la directrice du musée d’art contemporain, elle répond par une question : « Pourquoi venir au CAPC ? »

L’anticonformisme de l’artiste franco-chilien paraissait pourtant tellement difficile à ranger dans un musée… Alejandro Jodorowsky a papillonné entre des dizaines de disciplines, allant de la performance à la divination, explorant des domaines que rien ne rapproche sauf sa boulimie créatrice.

L’artiste dit être terrifié par la visite d’un musée et assure préférer attendre sa femme devant la porte. Aussi, Alejandro Jodorowsky n’a pas caché sa surprise quand María Inés Rodríguez lui a proposé le projet.

Une exposition-ville

Depuis les années 50, Alejandro Jodorowsky produit une œuvre plurielle qui a réussi à toucher un vaste public, de la bande-dessinée (notamment la série culte « L’Incal », dessinée par Moebius) au cinéma art et essai (son dernier film, « La danza de la realidad », a été réalisé à Tocopilla, son village natal au Chili), de la poésie au théâtre (avec le mouvement Panique).

Son travail multiple et sa manière compulsive de toucher tous les médiums a suscité un véritable culte par sa dimension symbolique, philosophique, et parfois ésotérique.

Cinq ans ont été nécessaires pour analyser son œuvre, réfléchir à sa restitution dans un espace muséal et réaliser la scénographie. Le résultat est agencé dans des espaces compartimentant chaque discipline de Jodorowsky, « pour une lecture souterraine » explique la directrice et commissaire de l’exposition.

La scénographie est signée par l’architecte grec Andreas Angelidakis. Son travail fait partie intégrante de l’exposition et s’associe à sa perception. Le public est invité à s’y rendre « comme dans une ville » où chaque quartier est dédié à un domaine. L’architecte a pris les propos de Jodorowsky en juillet 2014 au pied de la lettre :

« Le CAPC est un lieu incroyable ; c’est une ville. On est ici dans un autre monde. On est hors du monde. »

La scénographie de l’exposition par Alejandro Jodorowsky (WS/Rue89 Bordeaux)

Une ville tarot

Mais Andreas Angelidakis a aussi joué le jeu d’Alejandro Jodorowsky. Il a construit chaque pavillon avec la thématique du tarot, un art divinatoire « restauré » par l’artiste. La littérature se trouve dans la Tempérance, la bande dessinée dans la Lune, le cinéma dans le Pendu… En flânant dans les recoins de la grande nef, on trouve aussi la Tour, le Fou, le Chariot, la Mort ou l’Amoureux…

Et comme dans toute ville ou tout village, une place centrale réunit la population, un atrium. C’est là que les événements se passent et se partagent. Dans la scénographie, cette place est le Monde. Extrêmement positive, elle est la meilleure carte du tarot. Dans le Monde, le public sera réuni pour assister aux performances ou aux projections de films.

L’hommage rendu au tarot est à la hauteur des recherches ésotériques de Jodorowsky. L’artiste est reconnu par son approche singulière du tarot de Marseille. Il est l’auteur d’ouvrages sur le sujet dont certains sont devenus des références pour les spécialistes.

Parallèlement, il développe deux approches thérapeutiques inspirées des rites chamaniques, du théâtre et de la psychanalyse. La « psychomagie » et la « psychogénéalogie » ont donné lieu à des performances qui invitent dans des « cabarets mystiques » de nombreux participants parmi le public.

Des documents inédits

Pour cette exposition, le CAPC a réuni des documents inédits provenant des archives de Jodorowsky : affiches, écrits, films, photographies… ainsi que le storyboard original du film Dune réalisé en collaboration avec Moebius. Un travail de collaboration inédit entre l’artiste et sa compagne, Pascale Montandon, est également montré. Il est constitué de dessins et de costumes.

D’autres documents nous emmènent à la genèse du film-utopie Dune ou l’amorce du cinéma indépendant avec Fando Y Lis. On découvre également des planches originales de bande dessinée « au noir », avant leur mise en couleur.

Des archives datant des années soixante ressuscitent la philosophie « Panique », nom emprunté au Dieu Pan, énergie générique du Tout. Ce mouvement fondé avec Fernando Arrabal et Roland Topor se moque de la culture officielle. Sans texte fondateur ni ligne directrice, il étendit son influence au théâtre, au cinéma et à la poésie.

Des colloques et des performances complètent l’exposition, reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture. Un cycle de projections de l’œuvre cinématographique d’Alejandro Jodorowsky est proposé avec le partenariat du cinéma L’Utopia, à commencer par une projection au musée du western El Topo, à l’origine de « la séance de minuit ». Un film emblématique où l’univers de Jodo oscille entre illumination spirituelle et déchéance humaine.

Infos

  • Alejandro Jodorowsky, exposition du 28 mai au 31 octobre 2015
  • Arin Rungjang, exposition du 28 mai au 6 septembre 2015
  • José Antonio Suárez Londoño, exposition du 28 mai au 26 juillet 2015

Vernissage des trois expositions, le jeudi 28 mai à 19h.

Projection sur grand écran du film El Topo au musée, le vendredi 19 juin à minuit (réservation conseillée).

CAPC, musée d’art contemporain – 7 rue Ferrère 33000 Bordeaux – Tél. 05 56 00 81 50 – Site internet


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