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Qui se cache derrière nos vêtements ?

A l’occasion de la Quinzaine du commerce équitable, l’Acesa (Agir pour un commerce équitable et solidaire en Aquitaine) met l’accent sur le coton. Cette production qui fait vivre 50 millions de paysans dans le monde, est en crise. Les filières de textiles équitables sont une façon de les soutenir, comme l’explique Malika Vignon, de l’Acesa.

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Qui se cache derrière nos vêtements ?

Après la récolte du coton (Max Havelaar France/DR)
Après la récolte du coton (Max Havelaar France/DR)

Créée en 2004, l’Acesa – Agir pour un Commerce Équitable et Solidaire en Aquitaine – réalise un travail d’information et de sensibilisation sur la démarche et les valeurs portées par le commerce équitable, et plus largement sur nos modes de consommation.

Les actions réalisées s’adressent principalement aux collectivités, aux enfants (par l’intervention sur les temps péri-éducatifs) et au grand public. Consciente de la complexité et du côté parfois trop moralisateur d’un sujet tel que le commerce équitable, l’association porte une attention particulière à l’accessibilité de ses actions en s’intégrant à des événements culturels, en proposant des actions ludiques et en s’associant à d’autres acteurs locaux.

Membre du réseau national FAIR[e] un monde équitable, notre association participe actuellement aux réflexions sur le développement du coton équitable.

En effet, depuis plusieurs années, le prix du coton connaît un véritable déclin. Conséquence de l’utilisation grandissante de fibres synthétiques comme le polyester et le nylon, le coton ne représente aujourd’hui que 40% de la fibre utilisée contre 88% en 1940.

Concurrences déloyales

A cela s’ajoute une pression des prix pour les plus petits producteurs ne bénéficiant pas des importantes subventions attribuées à l’industrie cotonnière dans des pays tels que les États-Unis, l’Union Européenne et la Chine. Entre 2001 et 2011, ce seraient presque 47 milliards de dollars de subventions qui ont été versés aux producteurs de coton par les gouvernements des États-Unis, de la Chine et dans une moindre mesure par l’Union Européenne dans le cadre de la Politique Agricole Commune.

Notons que cette filière représente 50 millions de producteurs-exploitants dont 81% vivent dans des pays en développement.

Les déséquilibres engendrés par les cultures subventionnées, l’augmentation des prix des intrants agricoles, la dépendance des producteurs de coton vis-à-vis des compagnies cotonnières nationales, et le manque d’informations et de ressources suffisantes pour investir dans des infrastructures, sont autant de facteurs expliquant, en partie, la difficulté d’une grande partie des producteurs de coton à bénéficier d’un revenu décent, stable et durable.

Transformation du coton (Max Havelaar France/DR)

Délocalisations et désastres

Aux difficultés économiques s’ajoutent les enjeux environnementaux. Très demandeuse en eau, la culture du coton en Afrique dépend essentiellement des eaux pluviales. L’irrégularité accrue des précipitations ces dernières années sur ce continent, représente alors un impact non négligeable sur la production et sur le stockage du coton.

Une fois le coton produit, celui-ci est très peu transformé sur place (en particulier dans les pays d’Afrique de l’Ouest). Le manque d’équipements adéquats, l’obsolescence de la technologie ou encore le coup de l’énergie trop élevé sont autant de freins obligeant à transformer le coton dans d’autres pays comme la Chine et les pays d’Asie de l’Est.

Illustrées par le drame du Rana Plaza, au Bangladesh, les conditions déplorables dans lesquelles travaillent les salarié(e)s des usines de transformation, la faiblesse de leurs salaires et les procédés chimiques utilisée sont autant d’éléments à déplorer dans les circuits « conventionnels » du traitement et de la transformation du coton. Lancés dans une course effrénée des prix bas et de la concurrence, les transformateurs ont recours à des pratiques ne respectant pas les droits humains.

De l’éthique sur l’étiquette

On notera le travail réalisé depuis 1995 par le collectif de l’Éthique sur l’étiquette, qui agit en faveur du respect des droits humains au travail dans le monde et du respect des droits des consommateurs sur la qualité sociale de leurs achats.

Suite au constat plutôt pessimiste de la filière conventionnelle du coton, quelles sont les solutions proposées ?

Une des premières alternatives, proposée par les acteurs de la consommation responsable comme l’ACESA en Aquitaine, se trouve dans le commerce équitable. Ayant pour objectif le respect de valeurs sociales, économiques et environnementales, le commerce équitable s’applique à faire respecter :
– un prix minimum garanti (ne dépendant pas des fluctuations du marché),
– le respect du droit international du travail,
– le développement des producteurs et celui de leur famille grâce à la prime de développement,
– l’environnement (formation et pratiques agricoles respectueuses de l’environnement).

Si le commerce équitable représente un début de réponse à la problématique du coton dans le monde, elle représente encore une très faible partie de la production mondiale (0,1% de la production du textile vendue dans le monde respecte les conditions Fairtrade).

Où acheter équitable à Bordeaux ?

T-shirt équitable Dykkeren, fabriqué au Brésil (DR)

On notera tout de même une prise de conscience grandissante de la part des professionnels et collectivités qui se tournent de plus en plus vers l’achat de vêtements équitables.

Il existe des magasins spécialisés « commerce équitable » sur Bordeaux et son agglomération. On peut citer par exemple, en centre ville de Bordeaux, les boutiques Artisans du monde, Ex Aequo, ou Matsaï Mara.

De plus, plusieurs grandes enseignes proposent des gammes équitables. Nous conseillons de repérer les labels de commerce équitable reconnus (étiquetage produit) : Fair Trade Max Havelaar, Equitable Ecocert, Bio équitable, ou encore WFTO (pour plus de détails, consulter la brochure coton éditée par la Plateforme pour le commerce équitable.

Enfin, certaines marques spécialisées commerce équitable sont vendues dans des boutiques indépendantes ou franchisées, comme les chaussures Veja.

Dans tous les cas, il ne faut pas hésiter à demander des informations au personnel de vente, et  faire attention aux allégations non prouvées, ou « fairwashing ». D’où l’intérêt de se reporter aux labels précités.

Outre les distributeurs, il existe en Aquitaine quelques fabricants, que l’on peut retrouver sur les marchés et événements bio, équitables et responsables.

Nous connaissons plus particulièrement 2 marques, Dykkeren et A-Freak-a. Elles font partie du collectif régional « la Place » (plateforme aquitaine du commerce équitable), qui réunit en partie des acteurs proposant une gamme de prêt-à-porter, ainsi qu’une offre de produits promotionnels issus du commerce équitable


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