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Concarneau, faux départ et arrivée dans les clous

Deuxième étape, Sanxenxo-Concarneau. Clément Salzes arrive à 23h au port, le sourire aux lèvres, enfin satisfait de sa course.

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Concarneau, faux départ et arrivée dans les clous

Clément Salzes au large de la Galice (image video)
Clément Salzes au large de la Galice (image video)

Dimanche 7 juin. Nous sommes sur l’eau depuis 11h ce matin pour un départ prévu à 13h. Ce laps de temps permet généralement à l’organisation de monter sur chaque bateau afin de plomber l’arbre d’hélice du moteur (de façon à garantir que celui-ci n’a pas été déclenché). Mais le vent tarde à s’établir et le géant Gildas Morvan se verra doublé… par un pédalo !

L’organisation demande à chacun des skippers de déplomber pour aller chercher le vent ailleurs. Peu de temps après, la brise finalement rentre, et malgré la mise en garde de Yann Eliès, l’organisation tarde à lancer la procédure de replombage (ces procédures durent toujours plusieurs dizaines de minutes).

Faux départ de Sanxenxo

10 nœuds ouest. Le départ est donné de la baie de Sanxenxo à l’heure. Cette course mythique se doit d’offrir aux badauds à terre le spectacle tant attendu, d’où un parcours technique rasant les côtes au départ de chaque étape. Mais une fois arrivée bouée au vent, la flotte tombe dans une bulle d’air. La sortie de la baie s’effectuera dans la pétole, chaque bateau scrutant le moindre signe de risée, de minuscule accélération des concurrents alentours. Tactique.

Je sors de la baie dans le dernier tiers… réussis à accrocher un souffle d’air et rejoindre le groupe de devant. Au vent dominant de nord-est s’ajoute l’air découlant des « rias » de Galice, mais la nuit approche et il devient difficile de lire le plan d’eau. J’analyse la flotte grâce à mon système de positionnement AIS et revient dans le peloton de bateaux, ne tentant rien de farfelu ou de risqué !

Approchant le Cap Finisterre, nous avançons bizarrement au portant. L’orage pointe au large et flotte une réelle incertitude quant aux prévisions de vents. Cependant je me prépare au passage du Cap et une montée en pression : je suis le premier à changer de voile avant et anticipe le changement de climat. Nous sommes lundi, le jour se lève, et moi, j’ai finalement un peu chaud en bottes et veste de quart…

À cet instant, la course se joue à la côte. Je tarde un peu à faire avancer le bateau et perds quelques places. Ça y est, c’est parti ! Nous naviguons sur une mer se formant de plus en plus, s’attendant chacun à se confronter aux éléments sur 90 milles sans même pouvoir souffler ! Le courant de surface et la houle nous poussent à virer proches des côtes.

Entamant la baie de la Corogne, s’ensuit un long bord. Alors que je navigue aux côtés de Jérémie Beyou et Adrien Hardy, je cale mon pilote automatique dans l’idée de ranger, étudier la nav et m’assoupir un moment, souffler un peu avant la nuit. Sur cette mer croisée le bateau tape plus ou moins brusquement. Je suis à l’intérieur quand la coque, anormalement immergée, le pilote s’affole poussant la barre et forçant le bateau à virer, solent à contre, bateau en vrac, je perds un demi-mille, et ça, ça fait mal au compteur.

Pendant que je me prépare au passage endiablé du Cap Ortegal, Corentin Horeau – ayant précédemment remporté la Solo Concarneau – annonce son démâtage. Peu de temps ensuite, la Direction de course demande aux marins de se rendre rapidement à la Corogne.

Validant ou non cette décision d’annuler et ne pas comptabiliser ce début d’étape (certains plus que d’autres y trouveront leur compte…), tous les skippers s’accorderont pour dire qu’il était sage de neutraliser la course à ce moment.

Quelques 36h après le départ, qui aurait dit qu’on se retrouverait de nouveau à la terrasse d’un café, sirotant una caña bien fresca, les doigts de pieds en éventail (je romance à peine…) avec presque rien, en tous cas ni portable et ni carte bleue !

La Corogne-La Cornouaille, du près serré au portant un poil décontracté

Par 25 à 35 nœuds de vent, nous laissons derrière nous la Corogne tout en sachant que les quelques heures à venir vont décoiffer. Quand certains s’interrogent sur la voile avant à choisir, j’opte prudemment pour le solent, bon choix !

Puis peu après le coup d’envoi sonné, j’entends un grand « BLIIING » sur le pont. J’ai perdu mon antenne VHF… j’en perds mon positionnement AIS et ma liaison VHF, ce, jusqu’à l’installation de mon antenne de secours sur le bas-hauban à l’aide d’un morceau scotch. Heureusement, des solutions de secours existent un peu tout le temps. Je me contente désormais d’une cartographie et d’une liaison radio à 1 mille alentour, autant dire ultra réduites !

Deux groupes se dessinent : ceux ayant cru au large, les autres en la côte. Moi, je me positionne sagement dans le milieu. Mais voilà une bulle sans vent et je suis second, dans le sillage de Seb Simon.

La deuxième partie du parcours, jusqu’à la bouée « Jaune des Glénans », la course est extrêmement agréable : le stress est derrière nous, au portant, nous nous laissons bercer par le soleil et tout se jouera en empannages et en oscillations. Je trouve le temps de dormir et parmi les quelques plaisirs en solitaire, celui notamment de me faire couler parfois, grâce à un ingénieux système de piston, un expresso de chez l’Alchimiste Torréfacteur, celui du saucisson ou encore d’écouter un peu de musique. En solitaire, on ressasse a fortiori beaucoup les mêmes morceaux (penser à effacer de la playlist cette compil de musique portugaise que m’avait fièrement gravé ma sœur à son époque Erasmus à Lisbonne).

Bilan provisoire

Je suis dans les quinze, enfin dans les clous et regagne la confiance perdue. Ma position au classement général restera difficile à rattraper mais je peux enfin croire en la vitesse du bateau et en la capacité à prendre les bonnes décisions, tout ça booste l’ego et n’est pas du luxe !

Départ pour la troisième étape : dimanche 14 juin, 16h de Concarneau. Cette fois pour de vrai : lot’s of love, see you in Torbay !


#clément salzes

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