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Dieppe : la remontée fantastique

Concarneau-Dieppe, 3e étape de cette 46e Solitaire du Figaro, Clément arrive en 19e position et confirme son objectif de figurer parmi les vingt premiers.

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Dieppe : la remontée fantastique

Image extraite d'une vidéo tournée à l’entame de la Transmanche au large de Roscoff après une nuit blanche de rase-cailloux et un café salvateur. Un lever de soleil agréable dans une troisième étape qui ne l’est pas toujours !
Image extraite d’une vidéo tournée au large de Roscoff après une nuit blanche de rase-cailloux et un café salvateur.

Comme à son habitude, la Solitaire du Figaro sonnera le départ un dimanche et cette fois-ci dans la baie de Port-la-Forêt. Tout au long de cette course, je me serai posé la question de pourquoi cet acharnement à donner un départ en pleine après-midi, pile au moment où le vent thermique se lève et entre en conflit avec le vent normalement établi !

Ces départs sont donc régulièrement repoussés de quelques heures et le parcours légèrement modifié. Quoiqu’il en soit, je ne brille pas par ma performance et passe la bouée Radio France dans les cinq derniers…

Le risque, ça paye parfois !

Alors que nous nous dirigeons vers les Birvideaux – bouée à enrouler avant de remonter vers la Cornouaille anglaise – nous passons Groix au coucher de soleil, le genre de cadeau qui remet du baume au cœur tellement c’est beau ! Nous avons même droit à la visite d’un zodiac de la Volvo Ocean Race. Nous naviguons sous grand spi au largue serré : le bateau gîte, évolue vite et nous ne pouvons pas trop lâcher la barre.

L’arrivée sur les Birvideaux a lieu de nuit. Je me prépare à un empannage. Cette manœuvre au largue serré est technique en ce que le spi risque basculer en grand. Alors que je m’apprête à enrouler la tourelle, j’aperçois les quelques bateaux devant moi sous génois.

« Merde, j’ai merdé ! » (en solitaire, mon vocabulaire a tendance à tourner au vulgaire diminué…).

J’empanne et deuxième don du ciel : la manœuvre fonctionne sous spi ! Je passe l’espace très restreint entre la bouée et Artemis aux côtés de Benoît Mariette, légère frayeur, mais la prise de risque en valait rudement la chandelle : je gratte quelques places ! Puis nous remontons sur l’archipel des Glénans. Aux abords de la pointe de Penmarc’h, je me rapproche de la côte où le courant s’amenuise (nous avions vu ce passage avec notre routeur). Je gratte quelques bateaux de nouveau.

Chaussée de Sein, Ouessant, Bretagne Nord et Transmanche

À l’occidentale de Sein, on a droit à un petit coucou de Jacques Caraes, une figure bretonne de la course au large, perché sur la bouée, déposé par ses enfants en semi rigide.

Puis, alors que nous attendions tous une rotation du vent à droite, je fais la bêtise de me fier uniquement à mon modèle météo, seulement voilà que la réalité ne colle pas. Malgré tout, la perte de places est relative en comparaison avec d’autres skippers osant l’extrême et se retrouvant en queue de flotte.

Je continue ma remontée fantastique avant Ouessant et pointe dans les dix premiers. Mais ce beau rêve touche à sa fin quand je recroise derrière une bonne partie des bateaux après avoir cru au mauvais de la flotte…

Pour les skippers ayant choisi le large, le passage d’Ouessant s’effectue avec la précieuse aide du courant prenant la forme d’un tapis roulant version géante. Puis arrive la Bretagne Nord, du contre courant et du rase-cailloux de nuit, par marée descendante, dans les rochers mal signalés jusqu’à l’Ile de Batz. Nick Cherry et mon compère Benjamin Dutreux abandonnent après talonnage.

Vient le moment de la Transmanche et d’une nouvelle dorsale à traverser, non loin du rail des cargos. L’option ouest s’avère payante, j’arrive à Wolfrock dans un vent mollissant et variable en 22e position.

La nuit tombe. J’effectue un nouveau routage du passage de Lizard Cape (point le plus méridional du Royaume-Uni) au moment où la marée renverse. Je suis le premier à rejoindre la côte et suis à l’attaque toujours aux côtés de Benoit Mariette, Isabelle Joschke, Sam Matson et Aymeric Arthaud. Malheureusement ma vitesse n’est pas au top, je fais le tour des appendices, et malgré les nombreuses « cordes à nœuds » et « perches à algue », une longue algue s’est coincée en bas du voile de quille. Je finis par m’en débarrasser plusieurs heures plus tard.

Good Morning England

Puis je joue avec l’oscillation du vent, continue d’attaquer mais recroise légèrement derrière le groupe. Damned, des pêcheurs partout ! Good morning England.

C’est sous spi, un ciel nuageux et bas, l’accélération de pointe et 30 nœuds de vent que je passe Start Point. La renverse de marée nous éloigne davantage des précédents et l’entrée dans la baie de Torquay se déroule dans un vent mollissant. Benoit Mariette reste collé dans une bulle sans vent et je gagne une place !

L’entrée dans la baie est magique, l’Angleterre qui m’a laissé un goût amer suite à trois interminables années d’études à Southampton s’avère à cet instant précis magnifique.

Objectif

19e ! une belle remontée, quatre places gagnées au classement général. Désormais, place au repos afin de préparer cette dernière étape qui s’annonce exténuante et ou les écarts pourront être conséquents.

Je pleure ma première étape et cette option un peu poussée où j’ai perdu trop de temps. C’est la dure loi de la Solitaire. Mon objectif final sera sur cette dernière étape de me rapprocher des vingt premiers.

See you in Dieppe !


#clément salzes

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