La Teste, ville amie du handicap. C’est en tous cas son ambition. Pour la deuxième année consécutive, la commune a organisé avec plusieurs associations de parents d’enfants atteints de handicap un week-end Handi Surf. 44 familles se sont retrouvées les 6 et 7 juin sur le spot de la Salie Nord.
« C’est un moment pour être ensemble, sortir de notre isolement, créer du lien sans se soucier du regard des autres, se réjouit Cécile Mano, membre du collectif Handi Bassin, groupement d’associations, à l’origine de l’évènement. De nombreux parents d’enfants, autistes notamment, redoutent l’agressivité de leur enfant en groupe. Mais là, tous les accompagnants sont très bons, il y a un moniteur par enfant et quand mon fils fait du handisport, c’est super, je ne m’en occupe pas et tout se passe très bien ! »
De la patience
L’Union des Surfs Clubs du Bassin d’Arcachon est l’une des rares structures labellisées handi surf en France (il y en existe 5 sur la côte sud Atlantique, de Hourtin à Bidart). Dorian Lafitte, moniteur est formé à l’accueil des personnes en situation de tous types de handicap : moteur, sensoriel, mental et psychique. Il est à l’œuvre avec un jeune garçon plutôt apeuré à l’idée de se jeter à l’eau.
« Il faut de la patience et y aller petit à petit », assure-t-il avec confiance.
Mathias, 12 ans, atteints de traits autistiques, pratique depuis plus longtemps. Très à l’aise sur le planche, il surfe les vagues les unes après les autres en autonomie, sous les yeux ravis de sa maman.
« On s’est rendu compte à quel point ces gamins autistes arrivent à sourire dès qu’ils sont en confiance avec la sensation de glisse sur l’eau. Cela les apaise. Les tétraplégiques laissent leurs fauteuils loin d’eux, ils ne les voient plus », ajoute François Gouffrand, président de l’Association Nationale Handi Surf.
Charte Ville Handicap
Week end Handi Surf, accueil d’enfants handicapés en inclusion avec des valides dans un centre de loisirs, mise à disposition gratuite du centre nautique et de maître nageurs pour les associations une fois par mois… La commune favorise autant que possibles les initiatives en lien avec le sport et les loisirs. Le conseil municipal a formalisé ses engagements en adoptant le 4 juin une Charte Ville Handicap, signée avec une trentaine d’associations, dont l’APF 33 (Association des Paralysés de France), l’ADAPEI ou encore le comité départemental handisport. Le document précise les objectifs de la commune en matière d’accessibilité, de mobilité, d’intégration scolaire ou encore d’emploi et de formation, en rapport avec la loi handicap du 11 février 2005.
« La Ville peut être pilote au niveau du Bassin et de l’intercommunalité dans ce domaine, avance Jean-Jacques Eroles, Maire de la Teste et conseiller départemental UMP, pharmacien de profession. C’est un engagement de ma dernière campagne et cela me tient à cœur. Dans le cadre de la préparation de la Charte, nous avons regroupé les intervenants et les associations pour regarder les problèmes du quotidien, lutter contre l’isolement et l’exclusion. »
Répit
Ce samedi, ces acteurs associatifs et institutionnels sont ainsi invités à participer aux premières « Rencontres Handynamiques » (lire l’encadré ci-contre). Objectif : « informer et sensibiliser le public autour du handicap ». Des animations et démonstrations sportives sont programmées tout au long de la journée ainsi que trois tables rondes : « sport, handicap et santé », « la famille face au handicap », et, enfin, la présentation du projet de Village Vacances Répit Familles (VRF).
Ce nouveau concept est porté par le groupe de protection sociale du bâtiment Pro BTP et l’AFM (Association Française contre les Myopathies).
« L’idée, c’est de créer des lieux de vacances conjoints pour les “aidants”, les familles et des “aidés” personnes âgées dépendantes, handicapées ou malades. Il s’agit d’une structure de tourisme destinée à soulager les familles, associée à un centre médico-social type EHPAD, foyer d’accueil médicalisé (FAM) ou maison d’accueil spécialisé », indique Jacques Cécillon, directeur de VRF, qui fera samedi une première présentation publique du projet.
Pour Jean-Jacques Eroles, « c’est un beau projet déjà expérimenté dans d’autres départements. Le groupe Pro BTP, essaie de trouver des villes susceptibles de proposer du foncier pour accueillir ce type de structure et il n’y en n’a pas beaucoup. La Teste s’est positionnée pour un centre de 120 places qui pourrait s’implanter derrière le pôle hospitalier, avec une centaine d’emplois à la clé ».
Entrave
Des ordres de grandeur que ne confirme cependant pas Jacques Cécillon, prudent quant à la taille du village et à sa concrétisation. L’implantation et le financement de ces centres de répit d’un nouveau genre dépendent en effet des autorisations délivrées au niveau territorial par le Département et l’Agence Régionale de Santé.
« Bien souvent, il n’y a pas assez de places d’accueil de jour et d’hébergement temporaire pour les personnes du territoire, alors c’est très compliqué pour accueillir des personnes d’autres régions. C’est pour cette raison que nous avons soutenu un amendement déposé par le sénateur Labazée. Le texte proposait d’inscrire dans la loi une dérogation à la territorialisation afin de créer 600 places au niveau national. »
Cet amendement a été rejeté par la secrétaire d’Etat Laurence Rossignol, qui a succédé à Michèle Delaunay, député de la Gironde, au portefeuille ministériel des personnes âgées, de l’autonomie et de la famille. Elle s’est toutefois engagée à mettre en place un groupe de travail interministériel sur le sujet.
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