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Sanxenxo, déception et leçons pour la première étape

Une remontée de l’Estuaire ratée, une course après le vent, le génois dans l’eau, et quelques doutes, n’ont pas arrangé les affaires de Clément Salzes pour cette première étape de la Solitaire du Figaro. Il reste le plaisir de naviguer, en attendant la performance.

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Sanxenxo, déception et leçons pour la première étape

Couper la ligne d’arrivée dans la pétole (© Xavier Goutel)
Clément Salzes coupe la ligne d’arrivée dans la pétole (© Xavier Goutel)

Malgré l’énorme déception d’arriver 32e, nous voilà enfin arrivés en Galice, sains et saufs. Jolie récompense après l’enchaînement d’une semaine de ministre à Bordeaux puis d’une éprouvante étape !

Quatre jours durant, la flotte a pu expérimenter bien des conditions : de la stratégique sur l’Estuaire, à la pétole molle et jusqu’à 25 nœuds de vent dans une mer croisée, la Solitaire démarre sur les chapeaux de roue !

De Pauillac au Cap Finisterre

Si je reviens sur ma course, notamment le tout début, là où je me rêvais en maître de l’Estuaire, appliquant les rudiments appris sur le tas aux scouts marins puis au club de voile loubésien, je n’en mène pas large… là où il fallait faire le choix d’une rive, j’ai choisi Pauillac à deux reprises, pourtant je l’aime cette île de Patiras ! Première erreur.

Puis, attaquant la traversée du Golfe de Gascogne, nous tombons sur une dorsale (zone de transition et manque de vent). J’opte pour le nord à l’idée d’être dans les premiers à toucher le vent frais (en voile, il arrive qu’il faille s’éloigner de la route pour bénéficier de vents favorables). Deux groupes se forment : les nordistes versus les sudistes. Finalement, l’ensemble de la flotte touchera ce vent au même moment. Malchance.

Arrivé sur le Cap Finisterre, je perds des places : j’ai poussé trop loin mon option et rallongé la route.

Cartographie de la course peu avant le passage du Cap Finisterre. Source : www.lasolitaire.com, cartographie Géovoile

Frayeur et montée d’adrénaline

S’en suit une zone de vent fort sous spi et un atterrissage sur la Corogne mal calculé.

Alors que je m’apprête à changer de voile d’avant dans 25 nœuds de vent et une mer croisée (manœuvre pas simple à la base !), mon pilote automatique pousse la barre en grand ! Je me retrouve sous le vent (côté gîté), foc à contre, ballast et matossage (poids du bateau) du mauvais côté et génois (voile d’avant utilisée dans le petit temps) à moitié dans l’eau. Montée d’adrénaline.

Je me détache depuis mon harnais et crochète sur le point d’amure du génois à portée avec une seule chose en tête : ne pas le laisser filer à l’eau ! Puis je réussis à choquer le foc (voile d’avant utilisée en conditions de vent), remettre le bateau dans les rails et virer.

Cette frayeur m’a pompé une bonne partie de l’énergie encore disponible. Manger et boire avant l’épuisement, finir le rangement. Leçon n°2.

Les limites de la cartographie

Repu et remis de mes émotions, une fois la situation rétablie, je me rends compte que j’ai perdu mon groupe. Mon AIS (système d’identification automatique) m’informant sur un périmètre maximum de 5 miles alentours, je n’ai plus le positionnement des concurrents. Leçon n°3 : ne jamais perdre son groupe.

Et pour finir, je ne fais pas confiance à mon routage, pourtant fiable et loupe mon atterrissage sur la côte de Galice. Vous devinez la leçon n°4 : faire confiance à son routage !

J’arrive jeudi au petit matin, après une bonne partie de la flotte, dans la pétole et sur une mer d’huile.

Bilan et objectif

Après avoir dormi une journée, je me pose enfin et fait le point. Je réalise avec du recul que ça aurait pu être bien pire. La Figaro est exigeante, les grands ne font pas d’erreurs, ils s’entraînent à l’année dans un pôle course au large, naviguent à bord d’un impeccable matériel et ont l’appui financier qui leur permet de vivre pleinement ce sport.

Ce n’est pas mon cas, ce n’est pas une excuse non plus. Simplement si nous jouons sur le même terrain, nous ne jouons pas avec les mêmes moyens. Je n’ai rien cassé, je n’ai pas abandonné et cerise sur le gâteau : mon équipe et moi soutenons des actions responsables alors un poil d’humilité et un zeste d’optimisme que diable, rien n’est perdu !

Objectif pour la suite de la course : prendre du plaisir à naviguer et prouver que je peux être performant.

Lot’s of love. See you in Concarneau (et pas Torbay) !


#clément salzes

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