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Un bon finish pour la Solitaire 2015

Clément Salzes est arrivé à Dieppe le 25 juin au petit matin après 3 jours et 10 heures de mer. Ainsi s’achève sa Solitaire du Figaro de 2015, à la 22e place au classement général.

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Un bon finish pour la Solitaire 2015

Durant son mois de course au large, Clément tombera sur des centaines de déchets plastiques flottant entre deux eaux et infestant les océans. Ici, un emballage de bouteilles de Cola Cola.
Durant son mois de course au large, Clément tombera sur des centaines de déchets plastiques flottant entre deux eaux et infestant les océans. Ici, un emballage de bouteilles de Cola Cola.

Torbay, Torquay, qu’importe, elle sera la plus longue escale, au pays des rosbiffs recouverts de coups de soleil et constamment équipés d’une glace ou d’un grand café.

Je commence à accuser le coup après les 3 premières étapes (et demi avec l’escale à La Corogne) et la courte pause à Concarneau. Le lit de l’hôtel était déglingué et je n’ai pas pu me reposer comme je sais si bien le faire.

Une issue technique dans les choux

Le départ dans la baie de Torbay s’annonce compliqué : vent off shore, entre 12 et 20 nœuds et rotations importantes. Autant dire qu’il va falloir naviguer à l’endroit, chose pas facile au milieu de 39 bateaux.

Après un départ et un premier tiers du bord de près corrects, je n’arrive plus à me caler sur les oscillations devenues quelque peu aléatoires à l’approche de la bouée au vent. La fin du parcours technique (classement radio France) n’est pas bon pour moi, va falloir cravacher ! Heureusement il reste 450 milles et certainement beaucoup de coups à jouer.

La préparation en amont avec notre stratège météo et ancien figariste Julien Villion a révélé une étape placée sous le signe d’un vent faible. Néanmoins, les derniers fichiers montrent une première partie de course jusqu’à Land’s End, avec du vent jusqu’à 25 nœuds et une mer formée. Tout ça au près (face au vent, plus froid, plus lent, plus penché, plus mouillé, sympa quoi !). Cette première nuit a donc été difficile, ceci-dit je suis plutôt du bon côté et le bateau avance bien.

À coup de petits coups

Vient l’approche de Land’s End, les paysages sont magnifiques mais trop peu de temps pour en profiter. La flotte frôle les cailloux pour s’abriter du courant. Le vent mollit et enfin, on envoie le spi pour revenir vers Wolf Rock, tellement mythique que je rase le caillou d’un peu près pendant mon empannage, appréhendant un poil tard que le courant m’amène sur le cailloux mais… ça passe !

Dès Wolf Rock, situé à la pointe sud ouest de la Cornouaille anglaise, il faut penser à l’atterrissage sur les côtes ainsi qu’un vent qui mollit complètement vers Start Point (qu’on a passé quelques heures après le départ, dans l’autre sens).

Là, Adrien Hardy et Vincent Biarnes se « gavent » en jouant le coup à fond, près de la terre et loin de la route directe, moi, plus mesuré, je reviens un peu sur le groupe qui me précède.

S’en suit une longue navigation jusqu’à la marque Ower’s à l’est de l’Île de Wight et une trans-manche dans les petits airs. Pas le droit de flancher, on sait que les derniers auront davantage de chance de se faire attraper par la pétole et risquent de « ramasser », le classement se jouant au temps.

Je suis satisfait de lâcher mon groupe pour rattraper ceux de devant, à force de petits décalages dans le bon sens.

Un final inespéré

Dernière partie : le long de la côte d’Albâtre, là où la victoire de Yann Élies se joue. Dévent des falaises ?… vent thermique nocturne ?… courant ?… centrale nucléaire ?… craquage psychologique ?… les mots me manquent pour décrire ce finish incroyable.

Je profite des erreurs des cadors (décalage au large des falaises dans le courant et un vent moindre, passage dans la zone interdite à la navigation devant la centrale nucléaire…) et me faufile pour terminer 16ème de cette étape qui me laissera la satisfaction d’être revenu tout du long à force d’y croire et de maitriser mes options.

Plusieurs concurrents abandonneront 20h plus tard, n’espérant plus atteindre Dieppe dans les temps à la voile. Claire Pruvot l’acharnée, arrivera quant à elle trois heures avant la fermeture de la ligne !

Satisfaction !

Je suis satisfait de ce finish.

Je suis satisfait de cette édition où seule la première étape me laisse le regret de ne pas atteindre mes objectifs (trop ambitieux ?).

Cette course est difficile et peu de coureurs sortent réellement contents de leur résultat. C’est pour cette raison qu’ils y reviennent. Moi, évidemment j’aurais souhaité performer un peu plus, démarrer une étape sur les chapeaux de roue, tenir la cadence jusqu’à l’arrivée, réussir la sortie de l’Estuaire et ma première étape… Mais j’ai envie de regarder en arrière : il y a 3 ans, je n’aurai pas cru être dans le coup sur cette course de légende.

Je suis 2e sur les 39 skippers au classement CLS ARGOS sur l’ensemble des 4 étapes, qui récompense la meilleure progression entre le début et la fin de la course. Ça dénote des débuts de course pas terrible mais un certain acharnement. La prochaine fois : penser à améliorer les départs et les parcours en baie !

La suite ?

Je ne serai pas au départ en 2016 parce que cela demande trop d’investissement, que je ne rentre pas dans mes frais sur ces deux années, que j’ai une activité professionnelle par ailleurs. Cependant, j’aurai, d’une manière ou d’une autre, envie d’y revenir. Un jour, peut-être rapidement, on verra.

Je souhaite par dessus tout que le dynamisme autour du Fleuve, du nautisme et du tourisme permettra de pérenniser la participation d’un Figaro bordelais sur les épreuves du circuit.

Un grand merci aux partenaires d’avoir permis la réalisation de ce projet : l’Aéroport de Bordeaux très investie dès le début, Bordeaux Port Atlantique également là dès 2014, l’Union Maritime et Portuaire de Bordeaux (qui représente les entreprises exploitantes du Port de Commerce de Bordeaux), Liquard Immobilier et le cabinet d’avocats Vectis, la Corderie Voilerie de l’Atlantique, Bordeaux River Cruise, MYAM Agency pour les clips beaux et rigolos, Darwin l’écosystème de la caserne Niel, tous les partenaires techniques et tous les mécènes qui ont permis la dimension éco-responsable et solidaire.

Merci au Chantier naval associatif ARPEJe et à Surfrider Foundation Europe d’avoir cru en nous et pour les échanges qu’on a pu avoir et bien sûr le club nautique Les Marins de la Lune. Tout ça n’est qu’un début et des tas d’autres beaux projets sont encore dans les cartons, ne demandant qu’à mûrir et voir le jour tout prochainement.

À bientôt pour de nouvelles aventures, en attendant je pars faire un petit somme.


#clément salzes

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