Rue89 Bordeaux : C’est la première édition de l’Ocean Climax Festival à Darwin. Vous venez de découvrir les lieux, qu’en pensez-vous ?
Bixente Lizarazu : C’est remarquable. Je ne connaissais pas, je suis sur le cul. J’ai vécu à Bordeaux avant que Bordeaux évolue à ce point.
Je suis parti à la fin de la saison 1996. Les murs étaient noircis par la pollution, il n’y avait pas le tram, les quais n’étaient pas restaurés. À mon époque on y sortait un peu, c’était une zone craignos. J’ai vécu à distance cette révolution.
Aujourd’hui, vous revenez comme parrain de la Surfrider Foundation. L’ONG dénonce la civilisation du jetable et la surconsommation. Pensez-vous qu’il faille consommer moins ?
On est de plus en plus nombreux sur la planète. On produit de plus en plus de déchets et on a des problèmes à les stocker et les recycler. Ces déchets terminent tous à la mer. Même s’ils sont sur terre, les rivières les drainent. Nous, on voit bien le phénomène.
Ça fait plus de 15 ans qu’on fait les Initiatives océanes. C’est une grande campagne de nettoyage des plages, qui permet de répertorier tous les déchets qui proviennent de l’activité humaine. Donc de démontrer qu’il y a un lien évident entre l’homme et la mer. Ce lien là, il est évident, car tu vas avoir sur ces plages des bouteilles en plastique, des déchets divers et variés.
Ça permet d’avoir une réflexion sur leur nature, sur le fait qu’on produit trop de déchets, qu’ils sont balancés n’importe où, n’importe comment. On fait venir des gamins pour transmettre ce message, y compris à leurs parents. On les sensibilise notamment au problème des poches plastiques aussi, au fait que les mammifères marins puissent les avaler. Il y a aussi les macros déchets, les hydrocarbures aussi comme on a pu l’avoir avec la pollution du Prestige.
Évidemment que la production de déchets est liée au fait que l’on consomme trop ! Le jetable, ça contribue à faire de plus en plus de déchets. Dans l’idéal, on voudrait avoir des objets que tu peux garder 10 ans ou 15 ans, un peu comme avant, plutôt que des objets qui ne fonctionnent plus au bout de deux ans.
Vous aidez Surfider avec votre nom et vos dons. Aimeriez vous faire plus, et comment ?
Faire plus… D’abord j’essaye de faire le maximum que je puisse, par rapport au temps que j’ai. Je suis comme tout le monde, j’ai un travail à côté, dans le foot, une vie à côté. Le temps que j’ai, je l’accorde à Surfrider. Je le fais à la base, car j’ai une passion pour la nature. Je viens du Pays Basque, et je suis sensibilisé depuis gamin à la nature, la mer en particulier.
Quand je suis devenu footballeur professionnel, Surfrider m’a contacté, car ils avaient besoin d’ambassadeurs pour se faire connaitre. C’est comme ça qu’on a sympathisé, et que les liens se sont créés, depuis plus de 20 ans maintenant.
Je me suis dit : « Tu vis des moments d’extase avec la mer, elle t’apporte tellement, et petit à petit tu vis des moments d’horreur, tu vois plein de pollutions diverses et variées : tu te dois de faire quelque chose pour réduire ça, pour faire prendre conscience. »
C’est pour ça que je suis devenu ambassadeur, que je me mets à leur service, et que je leur permets d’utiliser mon image. C’est un peu le principe des personnalités avec des associations, l’image des personnalités permet de donner un peu plus de résonance médiatique, de connexion avec des gens qui peuvent changer le cours des choses.
Après il faut rester modeste aussi. C’est tellement immense comme problème. Mais au moins, de se dire qu’on n’est pas resté inactif, et qu’on aide à l’intérêt général, c’est important.
Comment s’est fait le déclic ?
J’étais à Rangiroa. C’est en Polynésie Française, en plein milieu du Pacifique. C’est un endroit très peu touché par l’activité humaine et la production de déchets. La nature y est exubérante, sublime, magnifique. Tu plonges avec tout type de poissons, des dauphins, des requins de toutes sortes, des raies Manta. Tu te dis que c’est quand même ça la base. C’est à nous, il suffit d’en prendre un peu soin. C’est du bon sens, c’est complètement con de détruire ça.
Quelque chose qui est à notre portée qui t’apporte du plaisir, de la sérénité doit être préservé. Moi c’est ça la mer. C’est un lieu de réflexion, de bonheur, de partage. La mer m’apporte beaucoup dans mon équilibre de vie, et dans celui de beaucoup d’humains.
La COP21 va se dérouler en décembre et l’un de ses volets portera sur la mer…
(Il coupe) Pas assez justement. On a eu cette discussion avec Surfrider. Il y a eu une prise de conscience et la mer va être représentée, mais pas assez.
On parlait beaucoup de climat, mais pas assez de l’importance de l’océan sur le climat. On veut profiter de la COP21 pour faire passer un message. Si l’on parle du poumon vert avec l’Amazonie, il y a le poumon bleu qui n’est pas à négliger. L’océan a une grande importance sur la qualité de l’air, notamment sur l’oxygène, et est un régulateur de climat.
On espère que ça va être un sujet aussi important que d’autres.
Est-ce que l’écologie est une préoccupation dans le milieu du foot professionnel ? On voit avec la construction de nouveaux stades que les questions de développement durable ne sont pas forcément prises en compte. Certains stades comme celui de Brasília sont abandonnés depuis la coupe du monde 2014. Le Nouveau Stade de Bordeaux a renoncé aux panneaux solaires…
Il y a une volonté de remettre de la nature en villes. Je suis allé à New York, et ils ont une voie de train qu’ils ont transformée en voie verte. A Bordeaux, ils ont aménagé les quais avec des espaces verts.
Mais pour les stades, l’écologie n’est pas prioritaire. Ils n’en sont pas à se demander comment récupérer l’eau de pluie pour arroser. Ils sont dans une logique économique, de voir comment ils vont rentabiliser l’équipement.
Bordeaux a proposé une solution pour rentabiliser son stade, en le baptisant Matmut Atlantique. Vous y étiez il y a quelques jours pour France-Serbie, qu’en pensez-vous ?
Le nom, il n’est pas facile à dire ! Le naming, ça fait partie aujourd’hui des nouvelles façons de faire du marketing et de la publicité. On donne un nom de marque à un stade. Il y a des noms qui sonnent mieux que d’autres.
Mais après, il ne faut pas être discriminatoire parce que ça sonne moins bien. Que ce soit l’Allianz Riviera (le stade de Nice, NDLR), ou le Matmut Atlantique, c’est la même logique. C’est juste que ça ne sonne pas bien. Après, soit on met du naming, soit on n’en met pas. On en met parce que ça rapporte.
Les Ultramarines ont proposé une consultation pour lui donner un nom d’usage…
(Il coupe) Moi j’avais fait une proposition ! À l’époque de son inauguration, je me disais que ce n’était pas possible que ce stade n’ait pas de nom. Un enfant qui vient de naitre, on lui donne un nom.
À l’époque, je cherchais des idées, j’avais pensé au stade d’Aquitaine, le stade des Girondins, mais le rugby allait aussi l’utiliser. Le stade Atlantique, ça me paraissait trop vaste. J’avais fait une proposition, c’était le stade du Port de la Lune.
C’est justement le choix qui est en tête du sondage des ultramarines, qui ont avancé 5 propositions (stade René Gallice, stade du Port de la Lune, stade Guyenne, stade Alain Giresse et stade Claude Bez)…
J’avais fait un tweet à ce sujet à l’époque où le stade a été construit. Port de la Lune, c’est plus poétique, il faut rechercher dans l’histoire de Bordeaux en fait.
Plus fluviale…: Le stade de La Garonne Plus poétique…: Le stade du port de la Lune
— Bixente Lizarazu (@BixeLizarazu) 23 Mai 2015
Christian Jeanpierre va commenter la coupe du monde de rugby. Est-ce que vous n’êtes pas jaloux de Thierry Lacroix qui va le monopoliser durant deux mois ?
J’aimerais bien pouvoir vivre la coupe du monde de rugby, mais je ne suis pas assez bon en rugby pour faire ça ! (rires)
Vous auriez joué à quel poste ?
J’ai un peu joué. Dans ma famille, c’est le sport. Il y a deux anomalies au Pays Basque, c’est Deschamps et moi ! On était censé jouer au rugby, mais on a joué au foot. Mais bon tant mieux… Avec mon gabarit, je n’aurais pu jouer que demi de mêlée.
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