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Christine Bost : « les conseils de territoire, c’est jouer collectif »

Annoncé en juillet dernier par Jean-Luc Gleyze, les conseils de territoire ont démarré le 17 septembre sur 9 secteurs de la Gironde. Une première série des 18 conseils prévus vient de s’achever et la deuxième est lancée depuis le 5 novembre. L’occasion de faire le point avec Christine Bost sur un premier bilan.

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Christine Bost : « les conseils de territoire, c’est jouer collectif »

Christine Bost, maire d'Eysines et vice présidente du conseil général de Gironde (DR)
Christine Bost, maire d’Eysines et vice présidente du Conseil départemental de Gironde (DR)

Lors de la journée des maires à la Foire internationale de Bordeaux, Jean-Luc Gleyze, président du Conseil départemental de la Gironde, avait annoncé la couleur. La société civile, des experts et des élus, allaient se réunir pour un état des lieux de leurs territoires et définir la politique de demain avec la mise en place d’un Livre blanc.

Deux rendez-vous étaient ainsi prévus sur neuf territoires différents : Médoc, Haute Gironde, Libournais, Sud Gironde, Bassin d’Arcachon, Graves, Portes du Médoc, Hauts de Garonne et Bordeaux. Ceux-ci, tout en ayant chacun des attentes différentes, s’inscrivent dans un dialogue pour définir des priorités et aboutir à des pactes territoriaux.

Pour faire le point sur la première série, alors que la deuxième vient de démarrer le 5 novembre, avec au programme de ce lundi, un conseil dans le Sud Gironde, Rue89 Bordeaux a rencontré Christine Bost, vice-présidente en charge des Synergies, stratégie et développement des territoires.

Rue89 Bordeaux : Quel est votre première impression de ce premier tour des conseils de territoire ?

Christine Bost : Ce dont on peut se réjouir en particulier, ce sont les taux de participation. Sur les neufs premiers conseils, il y a eu un total de 900 personnes. Partout, les acteurs institutionnels se sont mobilisés. Ce qu’on a pu constater est que dans les territoires urbains il y a eu une dominance du tissu associatif.

Dès la première réunion, nous n’avions pas imaginé une telle mobilisation. Ce qui traduit une réelle envie de mise en lien, de coopération, de partenariat, de savoir ce que fait l’autre et éventuellement envisager des mutualisations. Ça s’est vu partout, dans tous les territoires ; l’envie de jouer collectif.

Les conseils durent entre 3 et 4 heures, avec un travail en atelier où étaient mélangés tous les publics, les structures institutionnelles, les structures associatives – culturelles, sportives, caritatives… –, les communes, les communautés de communes, et également des chefs d’entreprises. On les a fait se côtoyer dans des ateliers de façon à ce que chacun entende la parole de l’autre.

Emploi, formation, pauvreté (180 000 grondins 1/8), logement pour les revenus faibles… Qu’est-ce que peut faire le Département alors que la population subit les conséquences d’une crise qui dépasse la politique de celui-ci ?

Bien sûr la situation économique globale s’impose à nous. Nous savons que ça ne suffit pas de le dire et ça ne résoudra pas les problématiques. Le Département a une force de frappe budgétaire, une force de frappe en capacité d’ingénierie, et d’autres acteurs ont d’autres forces, comme le fait de bien connaître leurs territoires.

L’idée est de mettre tout ça en synergie et utiliser les expériences et les choses qui fonctionnement bien sur un territoire pour les reproduire sur un autre. Sur l’insertion, la formation, l’emploi, nous avons des leviers. Le levier principal du Département est évidemment sa capacité d’investir 200 millions d’euros par ans, en travaux et aménagements. Avec cela, il y a forcément des retombées sur les territoires. On voit bien que, quand on analyse nos interventions, quand on analyse les dépenses de nos budgets publics, ils bénéficient majoritairement aux acteurs dans les territoires et à l’économie locale.

Dans le diagnostic édité par le Conseil départemental, la fragilité et la vulnérabilité de certains territoires sont mises en exergue par leur manque d’attractivité, révélé par des chiffres qui font apparaître aussi bien des écarts entre les situations de l’emploi que les prix du foncier dans chaque secteur. Ce constat n’est pas nouveau.

L’égalité des territoires est aussi l’égalité entre les individus. Prenons l’exemple de la formation dans le Sud Gironde, il y a un taux de déscolarisation important et un taux élevé de sortie du circuit scolaire sans formation. Il faut pouvoir se positionner et essayer de travailler de façon spécifique sur cette question, et de savoir avec quels acteurs. Il faut concentrer nos efforts de façon cohérente sur des bassins de vie.

On est dans une approche globale. On essaie de fédérer autour de grands enjeux, des grandes forces, mais aussi de grandes faiblesses de chaque territoire. Il faut essayer de les atténuer, voire de les gommer.

Un territoire comme le Médoc est un territoire fragile alors qu’il a une très bonne image en dehors du département. Il faut retravailler sa valorisation.

On y évoque également une fracture numérique dans le bilan des conseils alors que, toujours selon votre diagnostic, la Gironde est presque entièrement couverte par le haut débit, comment peut-on l’expliquer ?

Nous avons beaucoup avancé sur le numérique. C’est un des sujets les plus importants, c’est à travers les équipements numériques qu’on pourra développer l’économie, il permet de réduire les distances.

Le Médoc est un territoire vaste et difficile d’accès. Si on veut développer des territoires éloignés, il faut augmenter les performances du numérique, pour faire en sorte que les entreprises soient attirées. C’est le même constat dans le Sud Gironde.

Alors que 2 millions d’habitants sont annoncés à l’horizon 2030 avec l’arrivée de 15 000 à 20 000 nouveaux Girondins chaque année, le déséquilibre entre la Métropole qui concentre 71% des emplois pour 61% de la population girondine et le reste du département va persister. Quelles sont les dispositions pressenties ?

La nouvelle population se réparti dans un équilibre 50/50 métropole/territoire. Cependant, cette répartition ne se fait pas de façon équitable (âge, porofession…). Malgré tout, l’arrivée de nouveaux habitants est un atout. Il y a des départements qui ont une démographie qui est en berne. La nôtre évolue, c’est un signe d’attractivité du département de la Gironde. On ne peut pas le nier. A nous de faire en sorte que chacun tire son épingle du jeu.

La politique des pactes territoriaux porte cela : ne pas déshabiller les uns pour habiller les autres. Le but est de se servir de cette capacité et cette attractivité relativement naturelles. Avec sa façade atlantique et bien d’autres privilèges, le département est agréable à vivre. Les acteurs institutionnels ont su surfer sur ses atouts pour en faire un territoire dynamique. Il faut faire en sorte de conserver un certain équilibre dans chacun des 9 territoires. L’attractivité structurelle de la métropole doit bénéficier aux autres territoires et inversement. Bordeaux est la ville du vin mais le vin n’est pas produit à Bordeaux.

C’est cela l’ambition affichée par la nouvelle équipe : transformer la diversité des territoires en complémentarité solidaire ?

La politique que l’on mène sur nos territoires est d’ausculter en profondeur ce que sont nos territoires girondins, de mettre en valeur leur compétences, de révéler d’autres compétences et capacités, de gommer les faiblesses. Je suis persuadée que la dynamique du Libournais, ou du Médoc, ou du Bassin, peut servir aussi la dynamique métropolitaine, et vice et versa.

Ceci se traduit aujourd’hui. La Gironde ne serait pas ce qu’elle est si la métropole n’était pas la métropole. En dehors du Département, la marque Bordeaux est porteuse. Il n’est pas question de délaisser ce joyau.

Comment allez-vous procéder par la suite ?

Les conseils de territoire se terminent le 26 novembre. Le livre blanc sera présenté en plénière à la mi décembre. Ensuite, on se donne quelques mois pour travailler sur les modalités de contractualisation avec différents territoires pour définir les pactes.

Les conseils s’inscrivent dans une méthode de travail qui ambitionne d’associer les différents acteurs qui font vivre nos territoires, et cela ne s’arrêtera pas au livre blanc. Nous continuerons au-delà à travailler de façon collaborative.


#Christine Bost

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