« Oui à la Métropole, mais pas n’importe comment ». Ce vendredi matin, avant la tenue du conseil de Bordeaux Métropole, des salariés de l’institution ont déposé leurs vœux au pied du sapin, dans le hall de l’Hôtel de Mériadeck.
Cette action organisée par FO et la CFDT, visait à interpeller les élus sur les conséquences de la mutualisation entre des services de la Métropole et des communes, effective en janvier prochain, et qui selon les syndicats, servirait essentiellement les intérêts de Bordeaux et de Mérignac.
« C’est un vrai dévoiement, la ville de Bordeaux tire dans la grosse tirelire de la Métropole, » estime une syndicaliste.
Elle explique par exemple que pendant la rénovation du Pôle Technique de Bordeaux, l’installation des agents municipaux sera prise en charge par la Métropole, tandis que les agents du Pôle technique de la Métropole seront, eux, logés dans des algécos au stade Alfred-Daney.
Dans d’autres services, comme la Direction de l’habitat, les agents de la Métropole vont être définitivement transférés dans des bâtiments appartenant à la mairie de Bordeaux. Pour les syndicats, cela entretient la confusion entre les services de la Métropole et de la Ville.
Les vœux boycottés
Même les vœux de la Métropole se dérouleront dans des bâtiments de la Ville, avec les agents de la mairie de Bordeaux, mais pas des autres communes. Les deux syndicats appellent d’ailleurs à les boycotter.
Au niveau des conditions de travail, les agents dénoncent une mutualisation qui brouille les missions et les hiérarchies, et des indemnisations qui varient d’un service à l’autre.
« On ne sait pas ce qu’on aura à faire en janvier, s’indigne un membre de la CFDT. Mon service est mutualisé en janvier, mais je ne sais toujours pas quelle sera la charge de travail ni l’organisation. »
Selon les agents présents, des encadrants auraient été nommés « de façon arbitraire », et « les recrutements de contractuels se multiplient, alors que ceux qui connaissent les dossiers sont écartés ».
Ils dénoncent le silence des élus sur le sujet, à l’exception des communistes. Lors de la séance, Vincent Feltesse, l’ancien président socialiste de la communauté urbaine de Bordeaux, a toutefois demandé au nouvel exécutif d’être plus « attentif » aux réclamations des salariés.
Grève en janvier
Plus tôt dans la matinée, Alain Juppé, président de Bordeaux Métropole, s’était félicité que la CGT et Sud aient renoncé à leur mouvement de grève – un préavis avait été lancé pour vendredi. Les deux syndicats demandaient le report de six mois de la mutualisation, pour répondre aux incertitudes concernant les rémunérations, les conditions de travail et les compétences précises des services mutualisés.
Ils annoncent toutefois une journée de grève en janvier, sans la CFDT ni FO pour une divergence de positions sur le badgeage (la CGT et Sud en demandent la fin pour certains personnels, la CFDT et FO le réclament pour tous).
Les effectifs de la métropole augmenteront de 1938 agents suite à la mutualisation de 10 nouvelles compétences, pour atteindre les 4768 au 1er janvier 2016. Cela représente 130 millions d’euros supplémentaires versés par les communes à la métropole, pour un masse salariale totale de 226 millions d’euros (sur un budget de fonctionnement de 557 millions).
« Afficher la couleur »
L’objectif est désormais de ne pas dépasser une augmentation de de la masse salariale de 1,75% par an sur 5 ans. « Contre une croissance annuelle des frais de personnel de 4,4% depuis 2009 », a relevé en séance Alain Juppé.
« Il n’y aura pas de plan social mais il faut afficher la couleur : il n’y aura pas de renouvellement des départs à la retraite ».
Selon le budget 2016 voté ce vendredi en conseil de métropole, les recettes de fonctionnement (fiscalité et dotations de l’Etat) sont en baisse de 20,6 millions d’euros, et devraient s’élever à 745 millions d’euros. Mais l’agglomération conserve « un plan d’investissement ambitieux » de 557 millions d’euros, dont 134 millions pour les transports (prolongement des lignes de tram, ligne D, bus à haut niveau de service Bordeaux – Saint-Aubin de Médoc, desserte de l’aéroport).
Mutualisation des horodateurs
Le conseil de métropole a également approuvé vendredi la tarification au quart d’heure du stationnement dans les parkings. Ce qui a valu quelques échanges nourris sur la mutualisation… L’élue socialiste bordelaise Michèle Delaunay, a dénoncé le financement par la métropole de l’installation pour 500 000 euros d’horodateurs, essentiellement dans la zone intraboulevard de Bordeaux.
« Cela constitue un transfert de charge des 28 communes quasi exclusivement au profit de la ville centre, alors que Bordeaux continuera à percevoir des recettes qui lui permettent d’amortir ces coûts – 6,7 millions de bénéfices prévus en 2016, un montant qui a doublé entre 2009 et 2014. C’est gênant que les coûts soient mutualisés, et les bénéfices restent pour la ville centre. »
« Les Bordelais se réjouiront de vous voir défendre leurs intérêts, a ironisé Alain Juppé, qui juge « absurde » les critiques de l’ex ministre socialiste : « La plupart de ceux qui viennent travailler à Bordeaux sont de l’extérieur, et les Bordelais résidents ont beaucoup de mal à se garer. C’est une mesure de solidarité évidente. »
L’élu écologiste Gérard Chausset a quant à lui estimé que « le hiatus pourrait disparaitre si la compétence de stationnement de surface était transférée à la métropole ». A défaut des problèmes pour se garer, cela éliminerait au moins quelques querelles de clocher.
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