Avec la Bretagne et la Corse, la grande région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes est celle qui a le plus de chances de rester à gauche dimanche prochain. Donné largement favori au début de la campagne, arrivé en tête du premier tour avec 30,39% des voix, Alain Rousset est soulagé : sa rivale de droite Virginie Calmels ne cessait de progresser dans les sondages, l’un d’eux la plaçait même en tête quelques jours avant le scrutin.
« Les sondages m’ont fait douter, a d’ailleurs reconnu Alain Rousset dimanche soir à son QG bordelais. Mais pas la réalité sur le terrain, où j’ai toujours reçu un bon accueil, avec 500 personnes à des réunions publiques dans des petites villes ».
L’adjointe au maire de Bordeaux Alain Juppé récolte finalement 27,19% des suffrages. Elle risque d’être plombée par une triangulaire avec le FN, qualifié pour la première fois au second tour, et qui réalise une percée historique : 23,23% pour Jacques Colombier, trois fois plus que son score de 2010 en Aquitaine (6,48%).
« Voter FN, c’est voter Rousset »
Virginie Calmels, qui a porté plainte pour diffamation contre le candidat FN, a toutefois voulu positiver depuis ses locaux de campagne à Bordeaux :
« En nous plaçant au coude à coude avec le PS, la victoire dimanche prochain est possible. (…) Je veux m’adresser à tous les électeurs du Front national, et je veux leur dire que le Front national n’a ici aucune chance de gagner l’élection. Alors s’ils votent Front national au second tour, ils feront élire le candidat socialiste, élu depuis 18 ans ».
Mais contrairement au président sortant de la région Aquitaine, Virginie Calmels, qui a d’emblée fait alliance avec les centristes de l’UDI et du Modem, ne peut compter sur les mêmes réserves de voix. Avec 5,6%, Europe écologie-Les Verts peut fusionner avec le Parti socialiste et disposer d’élus dans le prochain conseil régional. Ce ne sera pas le cas du Front de gauche, qui avec 4,8% n’a pas franchi la barre fatidique des 5%.
Des gages sur les LGV
Alain Rousset a d’emblée tendu la main à ses anciens alliés à la région Aquitaine :
« Il n’y a pas de contradiction avec EELV sur la transition énergétique, tellement créatrice d’emploi, ou pour faire face au défi du changement climatique. Il y a trop de convergences, nous avons d’ailleurs gouverné les trois régions ensemble. »
Le président de la région Aquitaine a d’ailleurs donné un sacré gage aux écologistes en annonçant que la grande région ne financerait pas les nouveaux projets de ligne à grande vitesse (Limoges-Poitiers, Bordeaux-Toulouse, Bordeaux-Dax), et qu’il revenait à l’Etat de trouver les fonds. Les négociations vont se poursuivre sur la fusion des listes.
Face au Front
Alain Rousset, qui préside l’Association des régions de France, s’est aussi adressé aux électeurs du Front national, souhaitant « que celles et ceux qui sont inquiets », qu’ils se trouvent « dans la ruralité ou les banlieues », puissent « se sentir protégés ».
« Il faut faire en sorte que le développement de notre pays profite à tous ».
Quelle attitude adopter face à la poussée de l’extrême-droite ? On attend la position d’Alain Juppé lors du bureau politique des Républicains, ce lundi. Nicolas Sarkozy, qui préside le parti, refuse quant à lui toute fusion avec la gauche ou retrait des listes de droite pour faire barrage au FN… quitte à favoriser la victoire du parti de Marine Le Pen dans certaines régions, comme Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, où le candidat de droite est arrivé 3ème.
Dimanche, Nathalie Delattre, adjointe (UDI) d’Alain Juppé, colistière de Virginie Calmels et N°2 du Parti Radical, s’est démarqué de cette position :
« On combat la gestion politique et économique du PS, qui déstabilise ce pays, mais ce n’est pas pour avoir pire en favorisant le FN. Notre position, c’est de faire barrage. Quand Jacques Colombier s’exprime, c’est pour agiter la peur de l’autre et la haine de l’étranger. »
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