« Il y a un an nous déposions la première pierre (du siège de la Caisse d’Epargne), puis la première botte de paille (des logements participatifs de La Ruche), et voici la première poutre. Cela reflète bien la diversité des constructions d’Euratlantique ! »
Directrice générale adjointe de l’établissement public d’aménagement (EPA) Bordeaux Euratlantique, Alexandra Carpentier touche du bois : l’inauguration ce vendredi par Pichet du chantier du Perspective, un immeuble de bureaux de 30 mètres, marque le début d’un ambitieux volet d’Euratlantique, réaliser dans les nouveaux quartiers autour de la gare, au moins 20% de construction en structure bois. Soit le double de la moyenne nationale, et 25000 m2 par an (sur 2,5 millions de m2 de surface totale).
Cela commence donc par ce bâtiment en ossature bois de 7 étages et 4600 m2, en bord de Garonne, sur le quai de Brienne. Conçu par l’architecte Nicolas Laisné, ce sera, lors de sa livraison prévue en 2018 la « figure de proue de l’entrée de ville », se félicite Patrice Pichet, PDG du groupe portant son nom. Et une « prouesse technique », selon Frédéric Bonardel, directeur régional Gironde du groupe Pichet, d’après lequel les édifices bois de plus de 5 étages sont très rares dans le monde.
L’immeuble Perspective, sera même le plus haut de France dans cette catégorie. Du moins en attendant la réalisation à Belcier d’une tour de 50 mètres et 17 étages, pour laquelle 9 équipes ont présenté des projets, dont les maquettes sont exposées à la maison du projet de l’opération (en cours d’analyse par Euratlantique, et qui fera l’objet d’une réunion de concertation le 25 février à Arc en rêve).
Des avantages en béton
Quoique 5% à 10% plus chère que le béton, les avantages de la construction bois sont légion. D’abord, son empreinte carbone est divisée par trois, 140 kilos de CO2/m2 contre 420 kilos pour le béton. Et encore, sans compter la capacité de stockage du CO2. Ensuite, les bâtiments sont 30% plus légers, ce qui nécessite de planter moins de pieux dans les sols marécageux, comme à Bordeaux. Enfin, édifier un bâtiment en bois est plus rapide, de trois mois environ.
« Les travaux d’Euratlantique vont durer 20 à 25 ans, rappelle Alexandra Carpentier. Et si pour l’instant nous avons la chance d’avoir du foncier disponible, les habitants vont commencer à s’installer. Et la construction bois nous permettra de limiter les nuisances des chantiers – bruit, poussière, circulation… »
L’objectif est aussi, et surtout, économique, rappelle Stéphane de Faÿ, directeur de l’OIN (opération d’intérêt national) Euratlantique :
« Il n’y a pas beaucoup de projets en France car dès qu’on dépasse 2 ou 3 étages, 90% de la ressource vient d’Autriche, de Norvège ou de Finlande. C’est dommage, car nous vivons en Aquitaine dans la première région forestière d’Europe. Pour développer la filière industrielle locale du bois, il faut lui donner une visibilité. »
Performances énergétiques
Un cahier des charges établi avec les promoteurs leur impose de travailler avec des entreprises locales, utilisant du bois issu d’exploitations durables. La construction du nouveau quartier va ainsi assurer au pin maritime des débouchés qui vont « booster la sylviculture et les technologies de transformation du bois », se réjouit Roland de Lary, directeur du Centre régional de la propriété forestière, sans concurrencer selon lui les autres usages.
Pas grave selon lui si, dans un premier temps, la part du bâtiment bois n’est « que » de 20%. Pichet n’a par exemple pas opté pour le bois dans l’immeuble de 80 logements, baptisé Résiden’Ciel, qui jouxtera le bâtiment de bureaux. La performance énergétique sera également moindre – au niveau de la réglementation thermique 2012, soit 50 kWh/M2, quand Perspective est dit « passif » (RT2012 -30%).
La bâtisse pourrait même être à énergie positive (produisant plus d’énergie qu’il n’en consomme) si son futur gestionnaire l’équipe de panneaux photovoltaïques. Pourquoi ne pas être plus exigeant, alors que les technologies le permettraient ?
« La RT2012 est applicable depuis 2013, il est déjà important qu’elle soit mise en œuvre et respectée, répond la directrice générale adjointe d’Euratlantique. Ce n’est pas toujours le cas, car cela ne marche pas pareil qu’un logement traditionnel, il y a certaines contraintes en terme d’aération, par exemple. Nous imposons un suivi des consommations pendant 5 ans, avec une enquête sur le confort des habitants. »
Toujours sur les aspects écologiques, l’EPA rappelle que les 19800 logements d’Euratlantique seront tous connectés au futur réseau de chaleur et de froid. Un réseau alimenté par l’incinération des déchets dans l’usine Astria de Bègles, que beaucoup refusent de qualifier d’énergie renouvelable. Pour se chauffer, mieux vaut une bonne flambée de bois.
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