Pierre et Venezia Ferret sont venus à bout de leur mission. Les architectes, père et fille, chargés de la rénovation du Palais des Sports à Bordeaux sont en train de mettre les dernières touches à cette salle qui retrouve sa première fonction, comme son nom l’indique, le sport.
En attendant l’inauguration officielle prévue le 11 février, le Palais des Sports doit être fin prêt pour le choc annoncé ce vendredi. Les basketteurs du JSA Bordeaux Métropole reçoivent le premier au classement, l’ADA Blois. Le club local de basket, futur résident permanent du Palais des Sports avec le Bordeaux Mérignac Volley (Élite), évolue en NM1 (nationale masculine) qui est le troisième plus haut niveau du championnat de France de basket-ball.
Une livraison plusieurs fois retardées
Démarrés en janvier 2014, les travaux ont réservé leur lot de surprises. La livraison, d’abord prévue en avril 2015, a été retardée après la découverte de fissures dans quatre passerelles réalisées par l’entreprise générale Maestro. La liquidation judiciaire de celle-ci n’a pas facilité les choses. Quelques procédures plus tard, et une rallonge sur le budget, repoussent alors la livraison à novembre de la même année.
Le 6 novembre, les essais de désenfumage demandés par le Service départemental d’incendie et de secours n’ont pas été jugés satisfaisants. Ce qui a eu pour conséquence le report de la Commission consultative départementale de sécurité et d’accessibilité, indispensable pour l’exploitation des installations. Mercredi 20 janvier, celle-ci a donné son feu vert.
Au final, le budget des travaux a atteint 4,7 millions d’euros selon le cabinet Ferret :
« Il y a des éléments que l’on ne pouvait pas intégrer au départ du chantier, précise Venezia Ferret. Dès le début des travaux, nous avons découvert de gros bétons sur toute la périphérie du bâtiment de deux mètres de haut que les sondages n’avaient pas permis de détecter. On avait prévu de passer des canalisation sous la dalle du rez-de-chaussée. Il a fallu donc changer les plans d’exécutions. »
Un monument architectural « techniciste »
Situé place de la Ferme-de-Richemont, entre les cours Victor-Hugo et Alsace-et-Lorraine, le Palais des Sports de Bordeaux fait partie d’un ensemble qui regroupe un parking et un marché couvert (qui sera lui aussi transformé par les architectes Marjan Hessamfar et Joe Vérons pour accueillir des équipements sportifs dédiés au quartier).
Construit entre 1959 et 1966 par les architectes toulousains Jean Dauriac et Pierre Laffitte, l’ouvrage illustre un mouvement architectural « techniciste » en plein essor en France à cette époque. La grande prouesse de cette construction est sa toiture suspendue par câbles dont la conception et la fragilité rendent difficile toute intervention, notamment d’isolation :
« Sa conception est tellement complexe que le travail de son isolation aurait nécessité de la revoir entièrement », explique Venezia Ferret.
En 1979, la ville de Bordeaux transforme le bâtiment pour le chef d’orchestre Roberto Benzi afin de pouvoir y jouer des concerts de musique classique que la capacité du Grand Théâtre ne pouvait plus accueillir. En 1987 et 1988, d’autres travaux ont été menés permettant à l’Opéra national de Bordeaux de s’y produire avec 1 400 places. Avec l’ouverture de l’Auditorium de Bordeaux en 2013, la salle retrouve sa vocation sportive.
Espaces et lumière
Pour rendre le Palais des Sports aux sportifs, il a fallu la destruction du plancher surélevé de trois mètres lors de la transformation de la salle en auditorium. L’aire du jeu ramenée à son niveau initiale a permis de récupérer cinq rangs de gradins. Avec une tribune télescopique qui sera déployée pour les matchs, la capacité d’accueil sera de 2579 places.
La restructuration globale représente un espace de 5 284 m2. Elle a permis la création des espaces de réception ainsi que des vestiaires avec sanitaires et une salle de musculation. 45 puits de jour dans la toiture ont été récupérés pour profiter d’un total de 90. Une quarantaine de baies vitrées de 3×3 m ont été installées sur toute la couronne. Le dégagement total des « girafes » de 12 mètres de haut – les arcs en béton supportant la structure de la salle –, et de l’ensemble des entrées de lumière, laisse découvrir les coursives et donne une perspective des arcs avec un système de circulation décloisonné qui permet d’apercevoir les joueurs entrant sur le terrain :
« Jean Dauriac et Pierre Laffitte n’ont pas pensé ces arcs sur la double hauteur, mais nous avons mis en valeur cette structure originelle qui fait l’identité du bâtiment, explique Venezia Ferret. Les buvettes et les espaces réceptifs installés dans ces coursives créeront une convivialité même dans leur rapport au quartier. Ils donnent au lieu une animation visible par les grandes baies vitrées dégagées. Ces coursives ne sont plus uniquement des lieux de passage. »
« Un nouvel outil de développement pour les JSA »
Eric Sarrazin, président délégué des JSA Bordeaux Métropole, est « conquis par des installations dignes d’un club professionnel » et affirme que « le développement des JSA doit passer par le Palais des Sports » :
« Nous avons construit notre projet pour relancer le club grâce à cette salle. Un projet en deux phases : la première de 2014 à 2017 et la deuxième de 2017 à 2020. Avec la première phase, notre objectif est de tripler le nombre de partenaires. Aujourd’hui, avec 300 places VIP et 11 loges, nous avons l’outil pour le faire. 7 loges sont déjà vendues et nous allons faire une offre promotionnelle pour la fin de cette saison. Ensuite, l’objectif est la restructuration du club. Nous allons pouvoir le faire en mettant un projet avec les quartiers, une relation avec les clubs de la Métropole, et se doter d’un vrai centre de formation. »
Le club qui se remet péniblement de difficultés financières compte sur ce nouveau souffle pour gonfler les recettes. Hormis le projet de développement de partenariat, la capacité d’accueil du Palais des Sports contribue aussi à renflouer les caisses avec des prix revus légèrement à la hausse passant d’une fourchette entre 6 et 8€ à 6 et 10€.
Ce vendredi 29 janvier, les JSA auront sur le cœur de remporter le match contre l’ADA Blois, premier au classement. Ils seront boostés par ce premier match dans leur nouvel antre bordelais et leur victoire vendredi dernier à l’extérieur contre Aix-Maurienne (72-84) :
« On va gagner, parce que c’est notre premier match ici et aussi parce qu’on en a besoin », insiste Eric Sarrazin.
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