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Lettre à Hollande pour un hommage aux naufragés de « L’Afrique »

Le 13 janvier 1920, le paquebot « L’Afrique » sombre au large de l’île de Ré. Parti de Bordeaux, le navire comptait 599 personnes à bord, dont 192 tirailleurs sénégalais, qui avaient combattu pour la France lors de la Première Guerre Mondiale. 36 passagers seulement survivent à ce naufrage, la pire catastrophe de l’histoire maritime française. Mémoires …

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Lettre à Hollande pour un hommage aux naufragés de « L’Afrique »

Le 13 janvier 1920, le paquebot « L’Afrique » sombre au large de l’île de Ré. Parti de Bordeaux, le navire comptait 599 personnes à bord, dont 192 tirailleurs sénégalais, qui avaient combattu pour la France lors de la Première Guerre Mondiale. 36 passagers seulement survivent à ce naufrage, la pire catastrophe de l’histoire maritime française.

Mémoires et Partages vient d’adresser une lettre ouvert au président François Hollande et au maire de Bordeaux, Alain Juppé, pour réclamer un « hommage national » à la mémoire des 178 tirailleurs sénégalais noyés.

Dans le cadre du centenaire de la guerre de 1914-1918, l’association active dans la reconnaissance du passé négrier de Bordeaux, lance une pétition et adresse un « plaidoyer pour qu’un hommage national soit rendu au sacrifice méconnu de ces 178 tirailleurs sénégalais disparus en mer, morts pour la France dans l’exercice de leur devoir ».

Photo de tirailleurs sénégalais, extraite de l’exposition « Frères d’âme » (DR)

Son directeur Karfa Diallo a raconté mercredi au Club de la Presse, avoir découvert cet épisode tragique « par hasard », dans les archives, en préparant l’exposition « Frères d’âmes ». Consacrée aux destins croisés des soldats français et de ceux issus des colonies dans la Grande Guerre, cette expo créée à Bordeaux, va être présentée à Dakar et en mai à La Rochelle.

Originaires de divers pays d’Afrique de l’Ouest, rescapés de l’enfer des tranchées et démobilisés en 1919, les 192 soldats avaient embarqué sur « L’Afrique » quai des Chartrons à Bordeaux, et s’étaient entassés dans l’entrepont. Le navire avait aussi pour passagers des fonctionnaires de l’administration coloniale, des hommes d’affaires, des commerçants, leurs femmes et enfants.

Un « Joola » français

Pris dans une violente tempête, « L’Afrique » a sombré vers 3 heures du matin, à 40 km de la côte vendéenne, 21 heures après son premier signal de détresse. Pendant des semaines, des corps furent récupérés sur les plages charentaises et vendéennes, d’autres ont dérivé jusqu’en Bretagne pour s’échouer sur l’île de Sein, a rappelé Karfa Diallo.

Mais la postérité de « L’Afrique » ressemble plus à celle du « Joola », ce ferry sénégalais dont le naufrage a fait 1900 morts, qu’à celle du « Titanic » : le drame a fini par être oubliée sans que les responsabilités aient été démêlées. Les raisons du naufrage de ce paquebot armé par les Chargeurs Réunis avaient été l’objet d’une controverse, avant que ne soit retenue en 1932 l’hypothèse d’une voie d’eau provoquée par un choc contre une épave de la Grande Guerre.

« Ignorés de tous, ces tirailleurs gisent au fond de l’Océan comme les millions d’autres jetés par-dessus bord pendant le commerce des esclaves au 18e siècle et les milliers de jeunes africains immigrants dont les pirogues coulent encore », souligne le texte de la pétition.

« On voulait sortir cet épisode de l’oubli pour faire œuvre de réparation et justice à ces tirailleurs sénégalais, eux aussi morts pour la France, loin des tranchées, alors qu’ils regagnaient leurs foyers », a souligné Karfa Diallo.


#Afrique

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