Le temps de parcours entre l’aéroport et les Quinconces ? 46 minutes en tramway, si la ligne A est prolongée jusqu’au hub de Mérignac, contre 40 minutes en tram-bus (que Bordeaux Métropole appelle BHNS – pour bus à haut niveau de service – optimisé). La moyenne officielle de la Liane 1, le bus qui dessert actuellement l’aéroport, est de 55 minutes.
La fréquentation ? 4800 passagers/jour espérés en 2020 dans les trams, 6200 dans les tram-bus, dont deux fois plus de nouveaux usagers des transports en commun dans les bus (4040 contre 1800).
Le bénéfice escompté ? 7 millions d’euros pour le tramway, 149 millions pour le BHNS, différentiel dû principalement au calcul économique des gains de temps pour les usagers.
TRI sélectif
Et comme le coût d’investissement est identique – 72 millions d’euros pour 5 kilomètres de tram en voie unique entre les Quatre Chemins, à Mérignac, et l’aéroport, idem pour 15 kilomètres de tram-bus -, le fameux taux de rentabilité interne (TRI), déterminant dans le choix des projets d’infrastructures, est de 5% pour le tramway, de 10% pour le BHNS.
Résultat : « le tram-bus est le grand vainqueur » des scénarios sur la desserte de l’aéroport, conclut ce jeudi Denis Teisseire, de Trans’Cub. Pourtant, les chiffres présentés lors d’une conférence de presse n’émanent pas de l’association trublionne, à l’origine des démêlés judiciaires de la ligne D du tram, mais des études complémentaires menées par Bordeaux Métropole elle-même.
« Et encore, poursuit Denis Teisseire, contrairement à toute éthique en matière d’étude, la métropole a associé deux projets qui n’ont rien à voir, la desserte de l’aéroport depuis Bordeaux centre en tram ou en BHNS, et depuis la gare en train puis en bus via Pessac Alouette. Le but est de masquer la réalité pour afficher un bénéfice net positif. »
Blocage culturel
Pour l’heure, la collectivité retient ces deux options dans le cadre de la concertation en cours – les deux dernières réunions publiques se tiendront ce vendredi au Haillan, et jeudi prochain à Pessac.
Mais le cœur des responsables politiques locaux penche franchement pour le tramway, à en croire la présentation du projet dans la presse où la prolongation de la ligne A apparaît comme la seule alternative.
« Il y a un blocage culturel des élus, pour lesquels la modernité c’est le tram, et pas autre chose, analyse Jacques Dubos, président de Trans’Cub. tout comme ils étaient bloqués sur le métro il y a 20 ans… »
A l’époque, Trans’Cub ferraillait contre la déclaration d’utilité publique pour le projet de métro VAL à Bordeaux. Aujourd’hui, l’association va envoyer un courrier aux 105 élus métropolitains pour les sensibiliser sur le sujet du tram-bus.
Elle aimerait par ailleurs que Bordeaux Métropole présente sur les quais un modèle de tram-bus, tels que ceux circulant à Hambourg, Stockholm ou Metz, histoire de montrer qu’ils sont très différents des bus bordelais.
« A partir du moment où les gens verront que l’intérieur d’un tram-bus est plus large et plus confortable qu’un tramway, l’opinion basculera », veut croire Denis Teisseire.
A l’heure où s’achève la consultation publique, les dès semblent toutefois jetés. Si le lobbying ne fonctionne pas, Trans’Cub connaît le chemin du tribunal administratif.
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