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Egérie du salon de l’agriculture, Cerise ne nourrit pas son homme

Pour la première fois, une vache Bazadaise, race issue de Gironde, sera la mascotte du salon de l’agriculture, qui ouvre le 27 février à Paris. Mais cela n’épargne pas pour autant des difficultés de la profession son propriétaire, Joël Sillac, qui a présenté Cerise ce lundi à Bordeaux.

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Egérie du salon de l’agriculture, Cerise ne nourrit pas son homme

L'éleveur landais Joël Sillac et sa vache Cerise, ce lundi 15 février au conseil régional d'Aquitaine Limousin Poitou-Charentes (SB/Rue89 Bordeaux)
L’éleveur landais Joël Sillac et sa vache Cerise, ce lundi 15 février au conseil régional d’Aquitaine Limousin Poitou-Charentes (SB/Rue89 Bordeaux)

La vache Bazadaise a bien failli être éradiquée :  il n’en restait plus que 700 en France dans les années 1970. C’était la conséquence de décisions visant à éliminer les races bovines jugées sans intérêt, politique menée après guerre par Edmond Quittet, inspecteur général de l’agriculture déjà en poste sous Vichy… Or la Bazadaise, issue de Gironde et avant tout animal de trait, devait laisser sa place aux machines agricoles.

Classées comme race à viande, les Bazadaises sont aujourd’hui 4000, grâce à l’obstination de quelques éleveurs, dont Joël Sillac. Consécration pour ce propriétaire d’un troupeau de 160 têtes à Perquie, dans les Landes : Cerise, 8 ans et demi, a été choisie comme égérie du prochain Salon de l’agriculture, qui se tient du 27 février au 6 mars à Paris. Une forme de retour des choses, a estimé le Landais ce lundi lors d’un point presse à Bordeaux :

« J’ai la passion pour les Bazadaises depuis l’âge de 17 ans, lorsque j’ai eu la chance de rencontrer un éleveur au Salon de l’agriculture qui se battait pour sauver cette race alors vouée à disparaître. D’où l’importance de ne pas boycotter le salon, comme le veulent certains. »

Flatter la croupe

Avant son départ pour la capitale, la vache a été présentée au conseil régional d’Aquitaine – Limousin – Poitou-Charentes, à Bordeaux. Le public était même invité à faire un selfie avec ce beau bestiau de 700 kilos, à la belle robe grise, aux naseaux clair et au bout des cornes noires.

Flash, cohue, politiques lui tâtant la croupe (en l’occurrence Alain Rousset, le président de la région) : la championne de France 2014 a eu un avant-goût de ce qui l’attend Porte de Versailles. Ne manquait plus qu’une manif d’éleveurs en colère, mais ce sujet a mobilisé les discours des élus de la « première région agricole de France ».

« Autant des filières comme la Limousine ou la Blonde d’Aquitaine ont pu se structurer, autant c’est plus compliqué pour la Bazadaise, qui se retrouve avec un nombre d’animaux plus limité », a indiqué Alain Rousset, selon lequel « la qualité est le maître mot de la politique agricole de la région ».

Cerise et Alain Rousset (SB/Rue89 Bordeaux)

Boucherie

L’Aquitaine – Limousin – Poitou-Charentes dispose aujourd’hui de 156 indications géographiques protégées (IGP), dont celle du « Boeuf de Bazas »… qui englobe majoritairement des Blondes d’Aquitaine !

« Nos 140 adhérents ne sont pas capables de fournir toute l’année des boucheries en race Bazadaise, explique Emile Ribatet, président d’Excellence Bazadaise, l’organisme de sélection de la race. Et la différence de prix de la viande, entre 50 centimes et un euro de plus au kilo, ne permet pas de compenser les difficultés qui sont les mêmes pour nous que pour toute la profession. »

Au premier rang desquelles figure la maîtrise de la filière : en attendant la construction, soutenue par la région, d’un abattoir à Bègles géré directement par le GEC (groupement des éleveurs girondins), les éleveurs de Bazadaises doivent travailler avec celui de Bazas, ou d’ailleurs, et passent pour cela par des négociants et autres intermédiaires. Alain Rousset a ainsi déploré ce lundi que le prix versé aux agriculteurs soit « capté par des grands groupes, dont deux centrales d’achat » d’enseignes de la grande distribution dans la grande région.

Queue de Cerise

Même Joël Sillac, le propriétaire de la mascotte du salon, travaille pour des queues de cerise (le fruit, pas la vache), victime de la chute des prix :

« J’ai 160 hectares, dont 40 de maïs semence qui me permettent de sécuriser mes revenus. Mais j’ai aussi un endettement important, car j’ai acheté des terres et fait construire des bâtiments agricoles. Les 2200 euros mensuels qu’on avait pour but de se payer avec ma femme, on arrive plus à se les verser, et on doit chercher dans nos réserves. »

Le Landais salue la baisse des charges décidée par le gouvernement, mais voudrait que ce dernier repense complètement la fiscalité des agriculteurs, en prenant mieux en compte les différences entre bonnes et mauvaises années. Il dit toutefois « rester positif », notamment parce que ses enfants veulent reprendre son exploitation. Et faire ainsi perdurer la Bazadaise.


#Alain Rousset

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