On n’attendait qu’un lauréat pour cette emprise située tout près de la gare, au niveau de la station de tramway Carle Vernet. Mais lors de cet appel à projet auquel l’OIN (opération d’intérêt national) espérait 3 à 5 réponses, 9 dossiers ont été déposés. Et lors de l’annonce des résultats ce lundi à la mairie de Bordeaux, deux équipes ont été désignées : si Eiffage Imobilier Atlantique (associé au bailleur social Clairsienne) a remporté la mise, avec son immeuble de 18 étages et 57 mètres de haut, un deuxième (i)lot a été concédé à Kaufman & Broad, près du MIN (marché d’intérêt national), pour élever un bâtiment de 16 étages.
« Le succès nous a dépassé, et face à la qualité et au nombre des candidats, il était dommage de mettre à l’écart des travaux qui ont nécessité environ 200000 euros de dépenses d’études pour arriver au niveau de précision que nous exigions, indique Stephan de Faÿ, directeur général de l’EPA. Sur un emplacement où nous avions prévu de construire une tour, nous la ferons là aussi en bois. C’est un signal très clair de notre engagement pour la filière, et cela nous évite aussi de relancer une consultation. »
En construisant 25000 m2 par an en structure interne bois, l’objectif d’Euratlantique est en effet d’offrir des débouchés à la filière locale, comme l’a récemment illustré la pose de la première poutre d’un bâtiment bois. Deux sociétés de constructions aquitaines, Lamecol et Sacba, sont d’ailleurs associées au projet Hyperion, conçu par l’architecte Jean-Paul Viguier.
La seconde entreprise planchera aussi (c’est le cas de le dire) sur le bâtiment Silva, où Techniwood et IBS fourniront le bois de structure et ossature. Sicba est, selon les Echos, une des rares en France à concurrencer les finlandais et les autrichiens sur le marché du CLT (le lamellé croisé). Les promoteurs des deux tours se sont engagés à recourir à 94% de bois issus de la forêt française.
Qu’en dit l’Unesco ?
Alain Juppé, qui présidait le jury, a par ailleurs indiqué que les deux tours avaient été présentées pour avis au Club Unesco, chargé de vérifier la conformité des projets architecturaux avec le classement de Bordeaux au Patrimoine mondial de l’Humanité, même s’ils se trouvent l’un et l’autre dans la zone tampon, et non dans la zone classée. Aucune contre indication n’a pour l’heure été signalée, affirment Stephan de Faÿ et le maire de Bordeaux.
« Nous sommes devant un défi, estime ce dernier : comment conserver ce qui fait l’identité de la ville de pierre, de Bordeaux ville basse, et la nécessité moderniser et de continuer à construire ? Nous avions eu quelques ennuis sur le pont Chaban-Delmas (l’Unesco jugeant que la hauteur initialement prévue jurait avec l’unité architecturale de la ville, NDLR) et nous aimerions que les experts de l’Unesco viennent de temps en temps sur place pour voir ce qui s’y passe… »
Le maire de Bordeaux ajoute qu’il préfère « les tours en bouquets » : cela tombe bien, puisque Silva et Hypérion jouxteront plusieurs autres projets d’immeubles de plus de 50 mètres, dont la tour de bureaux et logements Innova.
Le record mondial d’une tour en ossature bois, revendiqué par l’EPA, ne tient pas, souligne les Echos : à Vienne, la tour Bahnorama, livrée en 2010, fait 65 mètres, mais c’est un observatoire, sans logements ni bureaux, tandis qu’un projet d’immeuble, conçu pour accueillir un hôtel et des commerces, fera lui 84 mètres de haut.
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