Média local avec zéro milliardaire dedans

Bordeaux : la bibliothèque où 4000 étudiants veulent passer leurs soirées

Une pétition contre la fermeture à 19h de la BU pluridisciplinaire de Bordeaux a recueilli près de 4000 signatures. Les étudiants des universités, dont 44% vivent à Bordeaux, tiennent à l’horaire tardif de cette petite bibliothèque, la seule de la métropole fermant à 22h.

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Bordeaux, abonnez-vous.

Bordeaux : la bibliothèque où 4000 étudiants veulent passer leurs soirées

La bibliothèque universitaire pluridisciplinaire de Bordeaux centre fait souvent le plein (SB/Rue89 Bordeaux)
La bibliothèque universitaire pluridisciplinaire de Bordeaux centre fait souvent le plein (SB/Rue89 Bordeaux)

Fin d’après-midi ce mardi, quelques étudiants prennent l’air sur le cours Alsace-Lorraine, avant d’aller se replonger dans leurs livres, pour certains jusqu’à la fermeture de la bibliothèque universitaire pluridisciplinaire, à 22h. Soit l’horaire le plus tardif de toutes les bibliothèques de la métropole bordelaise. Alix, 20 ans et étudiante en première année de médecine, vient ici tous les jours :

« Ça ferme tard et c’est calme, même s’il faut se battre pour avoir de la place ! Surtout, j’habite à Gambetta, et je ne suis pas obligée d’aller à la BU de médecine, sur le campus Carreire : elle est loin, en travaux et ferme à 19h »

Aussi, Alix a signé la pétition contre la fermeture à 19h de la BU du centre-ville, envisagée pour la rentrée prochaine par la direction de la documentation de l’université de Bordeaux. Lancée il y a une semaine sur change.org par Félix Molteni, étudiant en droit et moniteur (agent contractuel) de cette bibliothèque (« J’y passe 15 heures par semaine en tant que salarié, et 35 pour étudier »), cette pétition a rassemblé près de 4000 signatures…. alors que la bibliothèque ne compte que 96 places assises, presque toutes occupées lors de notre passage au premier étage du CIJA (centre information jeunesse Aquitaine).

« C’est parce qu’elle concerne un public très large, estime Félix Molteni. Tout le monde y trouve son bonheur : ceux qui cumulent études et travail en centre-ville ont besoin d’un endroit pour réviser. Comme c’est une bibliothèque pluridisciplinaire, on y retrouve aussi bien des étudiants de médecine en stage à l’hôpital Saint-André, que des juristes qui préparent les concours au PJJ (pôle juridique et judiciaire), situé juste à côté. Et ceux qui n’ont pas d’appartement adapté, ou vivent en colocation ou avec leur famille, peuvent y bosser dans le calme. »

Rien n’est joué

Les étudiants que nous avons rencontrés mardi ont tous signé le texte, comme Diallo, 31 ans et habitant à Bordeaux Lac.

« De voir travailler les gens autour de soi, cela donne un rythme, assure cet étudiant en master 1 de STAPS. Et aux États-Unis, des bibliothèques ne ferment pas de la nuit… »

Si le projet de fermer la bibliothèque jouxtant la place Pey-Berland a été présenté en janvier dernier en commission de la formation et de la vie universitaire, l’université de Bordeaux fait valoir que « rien n’est encore décidé » et que « les représentants élus des étudiants sont associés au processus de réflexion ».

La BU pluridisciplinaire, cours Alsace-Lorraine (SB/Rue89 Bordeaux)

Elle met en outre en balance l’éventuelle fermeture à 19h de la bibli bordelaise et de ses 96 places, avec le projet d’ouvrir jusqu’à 22h et pendant les vacances de Noël deux autres BU : la Bibliothèque universitaire des sciences et techniques (BUST) de Talence (labellisée Noctambu, elle ferme actuellement à 21h) qui compte 1050 places, et la Bibliothèque universitaire des sciences du vivant et de la santé (BUSVS) à Pellegrin, qui va être portée à 1840 places, contre 660 avant les travaux.

Etudiants, poil aux dents

Les arbitrages dépendront notamment de l’appel à projet « Bibliothèques ouvertes » du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche pour l’extension des horaires des BU, doté de 12,7 millions d’euros. L’université de Bordeaux a candidaté, et les résultats seront connus en mai, pour une application à la rentrée 2016.

Cela suffira-t-il pour satisfaire la demande en centre-ville ? Sur 82 000 étudiants (chiffre de 2011), 44% vivent en effet à Bordeaux, et 36% à Talence, Pessac ou Gradignan, selon une étude de l’A’urba. L’université  indique que « des projets sont à l’étude », notamment la création de salles de travail dans les locaux du cours de la Marne, lorsque l’UFR des Sciences odontologiques (chirurgiens dentistes) qui l’occupe aura rejoint le campus de Carreire.

Du côté de la Ville de Bordeaux, on n’envisage pas non plus d’étendre les horaires des bibliothèques municipales, du moins pas le soir.

« La mairie a privilégié la gratuité de l’inscription en bibliothèque plutôt que l’élargissement des horaires, rappelle Fabien Robert, adjoint en charge de la culture. Ce n’est pas une bonne idée de faire financer par le contribuable bordelais une ouverture plus tardive de la bibliothèque de Mériadeck pour pallier le fait que les BU ne remplissent pas leur rôle. En revanche, nous avons lancé une étude sur l’ouverture le dimanche des bibliothèques municipales, et les premiers éléments montrent que cela aurait surtout du sens dans des quartiers animés ce jour-là. Ouvrir deux ou trois bibliothèques comme celles des Capucins ou du Jardin public, cela aurait plus de sens que d’ouvrir Mériadeck. »

Étudiants, vous n’échapperez pas au travail le dimanche.


#bibliothèques municipales

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles
Partager
Plus d'options
Quitter la version mobile