L’Institut d’études politiques (IEP) de Bordeaux vient de valider la création d’une association Front national, qui a reçu le soutien de 40 étudiants. Après s’être ouvert les portes de Sciences Po Paris, c’est la première fois qu’un parti d’extrême-droite a une telle antenne à l’IEP bordelais.
Dans un communiqué envoyé aux étudiants et circulant sur twitter, les initiateurs de l’association remercient « chaleureusement » ceux qui leur ont « accordé leur parrainage au nom de la pluralité politique » :
« Il paraissait anormal que le premier parti de France soit privé de représentation au sein de notre établissement », indiquent les responsables de la nouvelle antenne, dont ni l’IEP ni le FN Gironde n’ont souhaité révéler l’identité.
Les étudiants de Sciences Po ont toutefois annoncé la tenue d’une conférence de presse ce vendredi, au local bordelais du parti frontiste.
40 soutiens « pas tous adhérents au FN »
Après avoir retoqué en octobre dernier une première liste de soutien, indispensable à la création d’une association à Sciences Po Bordeaux (une trentaine sont recensées), la direction vient donc de valider cette nouvelle antenne d’un parti dans l’établissement.
« Nous avons appliqué la procédure de façon minutieuse en refusant une première demande, explique Jean Petaux, directeur de la communication de Sciences Po. 3 des 40 signatures n’étaient pas recevables, car venant d’étudiants pas ou plus inscrits à l’IEP. On n’était en revanche juridiquement pas fondé à refuser cette nouvelle liste. N’allez pas en conclure que les 40 signataires sont tous adhérents du FN ; si cette liste est confidentielle, je peux vous dire que les motivations des signataires sont très diverses, et émanent parfois d’étudiants désireux de combattre les idées du FN. »
Selon Jean Petaux et Paul Melun, étudiant élu au conseil d’administration de l’IEP, le FN ne s’appuierait pour l’instant que sur deux ou trois étudiants actifs.
« Ils sont très minoritaires à Sciences Po, beaucoup ont signé au nom du pluralisme des idées, confirme Paul Melun, représentant du syndicat UNEF au conseil d’administration. Mais c’est assez préoccupant ; étudiant en 4ème année, j’ai constaté une dérive avec de plus en plus d’étudiants, notamment parmi les nouvelles promotions, qui disent être d’accord avec le FN sur certains points. Leur idées font tache d’huile même à l’IEP. Une digue est tombée car depuis 1947, date de sa création, Sciences Po Bordeaux a toujours été le temple de l’humanisme et du progrès. »
Droitisation et open bar
Autre signe de cette droitisation, selon Paul Melun, la création récente à l’IEP du Cercle Mauriac, dont la marraine et première invitée en septembre 2015 était Elizabeth Levy, directrice du mensuel néo-réactionnaire Causeur.
Pour autant, si l’entrée du FN à Sciences Po Bordeaux est « un coup dur » symbolique, Paul Melun doute de la capacité à mobiliser des étudiants, qui envoient 7 étudiants UNEF sur 9 représentants au CA de l’IEP :
« Le moment de vérité pour eux sera la Fête des associations, où ils tiendront une table dans le hall de Sciences Po. On verra s’ils font des adhésions… Ensuite, je ne sais pas si ils oseront inviter Marine Le Pen ou Robert Meynard, car ils savent que cela fera tout un ramdam. On peut toutefois malheureusement s’attendre à des polémiques comme celle qu’avait provoqué une association d’extrême gauche, qui avait invité un militant propalestinien soupçonné d’être antisémite. »
Jean Petaux précise que « le FN n’aura pas open bar à l’institut : chaque manifestation, quelle qu’elle soit, sera soumise à l’appréciation du directeur et pourra être interdite si elle présente une menace de trouble potentiel à l’ordre public ».
Une concept qui, dans le contexte de l’état d’urgence, peut avoir des traductions très diverses…
Le communiqué envoyé par le FN Sciences Po Bordeaux aux étudiants de @ScPoBxpic.twitter.com/NlWNCd9Zag
— Rémi Clément (@rclmt) 24 mars 2016
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