À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes le 8 mars 2016, l’Université Bordeaux Montaigne s’engage pour l’égalité entre les femmes et les hommes et pour la lutte contre les violences sexistes et homophobes. Du 1er au 12 mars, une table ronde, une réunion publique sur les violences et le harcèlement sexuel, trois cinés débats, trois conférences, expositions, performances, concert, auront lieu sur les sites de Pessac et Bordeaux (IUT Montaigne, Halle des douves).
Certains événements sont organisés conjointement avec l’Université de Bordeaux, Sciences Po Bordeaux, et Bordeaux INP. Une première, selon Yves Raibaud, chargé de mission égalité femmes-hommes à Bordeaux Montaigne. Ce poste a été instauré en 2013 avant d’être ensuite créé à l’Université de Bordeaux, à l’IEP-Sciences Po puis à Bordeaux INP.
Des avancées considérables
On est loin du témoignage publié par Rue89 en 2013 des étudiantes féministes de Sciences Po Bordeaux dénonçant le sexisme de leur institution.
« Aujourd’hui, on peut dire que la page est tournée », confirme Yves Raibaud, avec l’arrivée de Jane Sadran comme chargée de mission égalité femmes-hommes à Sciences Po. Par ailleurs, Elisabeth Kijewski occupe le même poste à Bordeaux INP, et Marion Paoletti à l’Université de Bordeaux. Cette dernière se réjouit de constater « que les universités se soient mises ensemble pour organiser ces événements ».
« Les choses avancent, précise Marion Paoletti. La loi sur l’enseignement supérieur et la recherche adoptée en juillet 2013 a introduit la notion de parité dans toutes les instances de gouvernance universitaire et une meilleure prise en compte de l’égalité femmes-hommes. A l’Université de Bordeaux, il y a une vrai volonté de prendre en compte cette dimension. »
Peut-on dresser d’ores et déjà un bilan des avancées ?
« Elles sont considérables, affirme Yves Raibaud, à la fois par l’existence de textes et de feuilles de route émanant du Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche et par la volonté de la Conférences des Présidents d’université et des grandes écoles. Il faut dire qu’avec un peu moins de 8% de femmes présidentes d’université et 20% de femmes professeures, la France était en avant dernière place européenne, devant le Luxembourg et son unique université ! Le fait d’établir des bilans sociaux sexués/genrés est un outil efficace pour cette modernisation nécessaire. La recherche et l’enseignement sur le genre ont également suivi, malgré de fortes résistances du milieu universitaire. Le rôle de la Conférence des chargées de mission égalité parité diversité (CPED) qui réunit à présent plus de 80 chargé.e.s de mission en France a eu également un rôle de lobbying efficace. »
Les nouvelles règles de parité
Des conclusions se retrouvent également dans un rapport établi par Marion Paoletti sur les différentes problématiques des inégalités femmes-hommes à l’université :
« Il faut d’abord savoir que les femmes sont majoritaires parmi les étudiant.e.s des universités : 58% en Licence et Master. Ce pourcentage baisse vers les niveaux supérieurs. Se pose ensuite la différentiation sexuée dans les orientations vers les filières. Par exemple les femmes sont peu nombreuses dans les filières techno ou informatique (19%). A l’inverse elles sont très présentes dans les sciences de l’éducation (80%). Pour cela, nous allons renouveler une opération menée avec le Rectorat et la Région, le Printemps de la mixité, où les lycéen.ne.s sont invité.e.s à découvrir des filières. »
Le constat est le même au niveau national et se confirme par les Chiffres clés de la parité dans l’enseignement supérieur et de la recherche, où les femmes sont majoritaires parmi les étudiant.e.s. Dès le doctorat leur part diminue parmi les enseignant.e.s chercheur.e.s au fur et à mesure que le niveau hiérarchique augmente pour, finalement, n’être qu’une minorité de présidentes d’université.
« La question n’était pas prise en compte, ajoute Marion Paoletti. Dans les modes de recrutement et les modes de promotion à l’ancienneté, les universités restaient à l’écart des problématiques femmes hommes. Depuis 3 ans les choses ont changé. Ces questions sont fortement inscrites à leur agenda. »
Conséquence inhérente ou simple coïncidence, cette année, deux candidates briguent la présidence de l’Université de Bordeaux Montaigne.
« Je ne suis pas tout à fait sûr que ces deux candidatures soient liées à cette mobilisation, précise Yves Raibaud. Mais qui sait ? On ne peut que se réjouir qu’une femme soit nommée présidente. Je suis certain, quels que soit les résultats du scrutin, que les nouvelles règles de parité seront mises en place à tous les étages et qu’une action forte pour l’égalité entre les femmes et les hommes sera poursuivie, car c’est un sujet qui – on l’a constaté – améliore le climat d’entreprise et participe au consensus et à la résolution des conflits. »
Le harcèlement sexuel
Face à la mobilisation de l’Université Bordeaux Montaigne pour l’organisation des journées internationales des droits des femmes, Yves Raibaud avoue avoir été embarqué par la dynamique des élèves et des professeurs dans la mise en place du programme. Parmi ces manifestations, deux sont à noter.
« Harcèlement sexuel à l’université : comment en finir ? » sera le thème d’une réunion ouverte au public avec toutes les associations étudiantes des universités bordelaises (Université de Bordeaux, Université Bordeaux Montaigne, IEP, INP), le 1er mars à 18h à la faculté de Droit, à Pessac. Il sera question du campus, des réseaux sociaux, des soirées, des résidences universitaires.
« The Hunting Ground » (le terrain de chasse) : projection d’un film documentaire le 8 mars à 17h à Sciences Po sur le viol dans les universités aux États-Unis, écrit et réalisé par Kirby Dick et Amy Ziering en 2015. Le film présente plusieurs étudiantes qui discutent des agressions sexuelles sur leur campus universitaire. La projection sera suivie d’un débat avec les associations étudiantes sur les violences sexistes et le harcèlement sexuel à l’université.
« Le harcèlement sexuel était un sujet tabou dont personne ne voulait parler, déclare Yves Raibaud, alors que les universités anglophones et celles du Nord de l’Europe ont mis en place depuis des années des dispositifs de prévention. L’appui des associations étudiantes est précieuse pour lutter contre ce fléau, mais il faut aussi que se mettent en place, comme c’est le cas dans les universités bordelaises, des cellules de veille qui permettent de soutenir les victimes et de faire remonter les affaires. »
L’Université de Bordeaux prépare une campagne de sensibilisation sur le harcèlement qui sera dévoilée prochainement.
Infos pratiques
Le programme sur le site de l’Université de Bordeaux Montaigne
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