Ce samedi, Bordeaux s’est particulièrement mobilisé dans la marche internationale contre Monsanto. Avec 1500 à 2000 personnes dans la rue, la ville fait du coude à coude avec Paris et dépasse Toulouse (250) et Lyon (800) selon les chiffres annoncés par l’Agence France Presse. A travers le monde, plus de 500 villes ont participé à cet événement qui vise à accuser l’industrialisation et la financiarisation de l’agriculteur et ses conséquences sur l’environnement, la santé et la société.
La Gironde est particulièrement sensibilisée aux activités de l’industrie chimique et phytosanitaire notamment depuis l’émission Cash Investigations dénonçant l’utilisation abondante de pesticides dans les vignes du Bordelais et des alentours. En réaction à l’enquête de France 2, près d’un millier de personnes s’étaient retrouvées à Bordeaux pour une marche blanche contre les pesticides. En 2015, la marche contre Monsanto avait mobilisé 1500 personnes.
Profits
La loi Travail était à l’esprit de beaucoup, vus les slogans poussés par les manifestants. Des messages étaient proches de ceux entendus dans les cortèges ces dernières semaines – la tension en moins :
« Bordeaux debout ! Soulève-toi ! », « Tout le monde déteste Monsanto ! » (la firme remplaçant la police) et aussi sa version amusée « Tout le monde veut prendre l’apéro bio ! » (le bio semblant une question moins préoccupante dans les défilés contre la loi Travail).
L’anticapitaliste « Monsanto, nos vies valent plus que tes profits » a aussi été scandé.
La Confédération Paysanne et les Faucheurs Volontaires sont de la partie. En première ligne du cortège, Valérie Murat a pu rappeler l’histoire de son père, viticulteur mort d’un cancer lié à l’utilisation de l’arsénite de sodium.
La Bordelaise a engagé deux procédures judiciaires dont l’objectif est de faire reconnaître la culpabilité de l’industrie chimique et de ses firmes qui font « du profit en commercialisant ces produits » ainsi que celle des services de l’Etat ayant autorisé leur mise sur le marché. Le procès s’ouvre mercredi 15 juin au Tribunal de Grande Instance de Bordeaux.
Convergence
Elle insiste aussi sur une convergence à amplifier :
« Nous avons des adversaires en commun ! L’industrie chimique et ses entreprises prédatrices : Monsanto, Bayer, Syngenta, Dow, Dupont, BASF. (…) Ce dont je me réjouis aussi aujourd’hui, c’est que nous sommes des milliers en France à marcher pour reprendre le contrôle sur notre santé, mais aussi à nous tenir debout, à nous dresser contre ce gouvernement qui piétine nos libertés, qui signe des accords dans le plus grand secret sur le Tafta [Traité transatlantique, NDLR], qui tente de faire passer des accords sur le secret des affaires, pour protéger les intérêts économiques d’un petit nombre. Mais nous ne sommes pas un troupeau de productifs ! Nous avons un pouvoir immense : celui de choisir à qui nous donnons notre argent ! Et nous avons une force, c’est notre nombre ! »
Une convergence qui a fait un pas de plus place de la République où la marche a rencontré Nuit Debout Bordeaux pour organiser prises de parole, débats et concert de reggae avec Danakil.
Mais la convergence a subi aussi l’épreuve des calendriers, puisqu’au même moment en début d’après-midi à Villenave-d’Ornon sous le chapiteau de la Fête de l’Humanité Gironde la banderole « Pesticides pulvérisés, enfants exposés, santé menacée » du collectif Info Médoc Pesticides avait été accroché devant une vingtaine de communistes ou sympathisants venue échanger sur la même question. L’occasion manquée d’une rencontre encore plus élargie ? Mais, pas de jaloux, l’orage a gâché la fin de journée des deux rendez-vous.
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