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Combien va vraiment coûter l’Euro à Bordeaux Métropole

Faut-il croire les déclarations tonitruantes de Matthieu Rouveyre sur le doublement des coûts de l’Euro 2016 pour la métropole ou le démenti véhément d’Alain Juppé ? Fact checking.

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Combien va vraiment coûter l’Euro à Bordeaux Métropole

Alain Juppé et les 60 bénévoles (AP/Rue89 Bordeaux)
Alain Juppé et les 60 bénévoles de l’Euro 2016 (AP/Rue89 Bordeaux)

Le budget a-t-il ou non doublé ?

Lors du point presse précédent le conseil de Bordeaux Métropole, son président Alain Juppé a rebondi sur la polémique déclenchée cette semaine par son opposant socialiste Matthieu Rouveyre, et voulu « remettre les pendules à l’heure » quant aux surcoûts que devront payer les contribuables de l’agglo pour l’Euro 2016 de football.

« Il y a, en effet, un surcout non prévu initialement dans le cadre de l’organisation de cet Euro et de la fan-zone. Ce surcoût se limitera à 1,5, voire 1,6 million d’euros alors que l’enveloppe budgétaire initiale était de 3,5 millions d’euros. 3,5 plus 1,5 million, on passe à 5 millions, cela ne fait pas le doublement du budget annoncé par Matthieu Rouveyre. Voilà la réalité des chiffres »

« Ce n’est pas tout à fait faux de dire que les dépenses ont doublé », a pourtant concédé en séance Patrick Bobet, le maire du Bouscat et grand argentier d’Alain Juppé à la métropole… Le conseiller municipal socialiste évoque en effet un budget global passant de 4,74 à 9,1 millions d’euros, et un coût net pour la métropole (une fois les recettes et les subventions déduites), initialement estimé entre 2,6 et 3,44 millions d’euros, et aujourd’hui réévalué à 5,1 millions d’euros.

Qui paye quoi ?

Rentrons dans les détails de cette facture, sur la foi du document communiqué vendredi par la mairie de Bordeaux. Une grande partie des surcoûts sont liés à la sécurité, l’Etat ayant demandé aux villes hôtes des mesures supplémentaires, notamment pour la protection des fan zones et des transports en commun (vidéosurveillance, palpation à l’entrée, consignes à bagages). Ces charges supplémentaires se chiffrent à 1,7 millions, compensés en grande partie par l’État (700 000 euros) et la Fifa (500 000 euros). Reste 400 000 euros à la charge de la métropole.

Dans la ligne mobilité, le renfort de l’offre de transport en commun va coûter 1,3 millions d’euros, mais générer 500 000 euros de recettes billetterie, soit un coût résiduel de 800000 euros pour Bordeaux Métropole.

Enfin, l’aménagement du stade (notamment le doublement de la taille des tribunes presse) et sa mise à disposition à l’UEFA s’élève à 2,1 millions, dont 1,4 million à la charge de l’organisateur, et 700000 pour la métropole.

Au total, le surcoût total exact est de 1,9 million d’euros, et non de 1,5 million comme annoncé par Alain Juppé lors du point presse. Pendant le conseil de métropole, ce dernier a en outre nié l’accusation de « budget insincère » de Pierre Hurmic : selon le conseiller écologiste la région Aquitaine Limousin Poitou-Charentes ne subventionnera pas l’Euro, alors que la métropole table sur 200 000 à 500 000 euros émanant d’un « partenariat institutionnel en attente »… la Région. Renseignement pris auprès du conseil régional par Rue89 Bordeaux, celui-ci confirme les déclarations de Pierre Hurmic : il ne versera pas un euro à l’organisation du championnat d’Europe.

Cela pourrait porter le surcoût final pour la métropole entre 2,1 et 2,4 millions d’euros, soit une ardoise totale de 5,9 millions d’euros. Ce n’est donc effectivement pas un doublement, mais cela s’en rapproche.

Manuel Valls, Alain Juppé et Michel Platini à Bordeaux en 2014. (SB/Rue89 Bordeaux)

Alain Juppé balaye toutefois les critiques sur ce coût en le mettant en parallèle avec les retombées économiques de l’évènement, estimé pour la métropole bordelaise à 120 millions d’euros par certaines études. « Et même si c’est moitié moins », le jeu en vaut la chandelle, estime l’ancien Premier ministre. Matthieu Rouveyre avait rappelé par ailleurs que « ces études ont été faites avant les derniers attentats et ne peuvent pas servir de bases de travail ».

C’est malgré tout un « évènement essentiel pour l’image de la ville » considère Alain Juppé. Quand ses opposants parlent de l’effet d’éviction, ces touristes qui ne viendront pas à Bordeaux, découragés par la flambée des prix des hôtels, Stéphan Delaux, l’élu chargé du tourisme à la métropole, répond que chaque nation jouant au stade Matmut-Atlantique sera suivie par 10 à 30000 supporters, et que les hôtels sont pleins.

Bordeaux Métropole a-t-elle mal anticipé les coûts de l’Euro ?

Alain Juppé fait justement remarquer que l’on ne pouvait prévoir les attentats terroristes et le renforcement des mesures de sécurité qu’ils allaient entraîné pour les grands évènements.

En conseil de métropole, les critiques, émanant toutes des bancs de la gauche, ont plutôt porté sur le coût de la mise à disposition du stade, dont l’aménagement aurait pu figurer dans le budget initial, et être totalement pris en charge par l’UEFA, estime Pierre Hurmic. Ou encore sur des frais de renforcement des dessertes en transports en commun. Matthieu Rouveyre avait accusé le maire de Bordeaux de « mauvaise gestion » ou « d’avoir menti pour faire passer la pilule ».

« Le plan de mobilité passe de 450000 à 1,2 million, soit une très importante sous-évaluation, relève l’élue socialiste Michèle Delaunay. Or compte tenu des jauges imposées, tout était clairement anticipable. »

Non, assure Christophe Duprat, vice-président de la métropole en charge des transports :

« La précédente délibération (sur les coûts d’organisation) a été votée le 29 mai 2015, et le stade livré le 23 mai, et le test pour les dessertes a été mené en septembre, lors du match France-Serbie. Nous avons alors pu estimé que l’évacuation correcte du stade, passée d’un tram toutes les 7 minutes à un toutes les 3 minutes, coûte plus cher. De même, on ne pouvait prévoir que les Belges choisiraient Bordeaux comme camp de base, avec un nombre de supporters bien plus nombreux que ce que l’on pouvait imaginer. Notre erreur aurait été de ne pas corriger ces estimations. »

L’élu écologiste Gérard Chausset a toutefois déploré que ces surcoûts de desserte du grand stade, causé par son positionnement en cul de sac, devront être « pris en charge par la collectivité à chaque grand évènement sportif ou culturel ». Il propose donc d’ « ouvrir d’urgence des négociations avec les clubs des Girondins et de l’UBB » pour « intégrer dans le prix du billet ou de l’abonnement sportif le prix du titre de transports qui serait reversé ensuite à la Métropole. (…) Pour les supporters, le billet d’entrée au stade ferait office de ticket de tramway ou de bus. »

Lors des gros matches, cela pourrait concerner jusqu’à 15000 spectateurs, dont beaucoup fraudent ou ne peuvent valider quand les transports sont bondés.


#Alain Juppé

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