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Alain Juppé stoppe le projet d’aménagement du Parc Lescure

Alain Juppé a sifflé ce lundi la fin du projet de requalification du Parc Lescure, du fait de la « violente opposition des riverains » et de de « l’équilibre de l’opération qui n’est pas atteint ». Par Amélie Petitdemange et Simon Barthélémy.

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Alain Juppé stoppe le projet d’aménagement du Parc Lescure

L'avant projet promettait une coulée verte du boulevard au jardin de la Béchade (Atelier Ferret Architectures)
L’avant projet promettait une coulée verte du boulevard au jardin de la Béchade (Atelier Ferret Architectures)

Le maire de Bordeaux a annoncé en amont du conseil municipal, puis devant celui-ci, qu’il enterrait donc le projet de rénovation du Parc Lescure porté par Adim (promoteur immobilier filiale de Vinci)  et l’Atelier Ferret Architectures :

« J’avais posé deux conditions : un consensus apaisé sur le projet et une opération financièrement neutre. Le projet a été changé et amélioré, nous avons maintenu 25000 places dans les tribunes et des magasins. Mais même si les choses ont évolué, il existe encore une violente opposition des riverains et l’équilibre financier de l’opération n’est pas atteint. C’est pourquoi j’ai décidé de ne pas donner suite à l’appel à projet. »

Le groupement Adim-Ferret prévoyait notamment l’installation de 5000 m2 commerces dans le virage nord du stade et de 350 logements le long de la rue Albert Thomas. Le collectif d’opposant au projet s’élevaient contre l’atteinte portée selon eux à la valeur patrimoniale du stade Chaban-Delmas, et s’inquiétaient des modification prévues pour la plaine des sports et, surtout, de la construction de logements (123 appartements, 120 chambres en résidence étudiante et 100 chambres en résidence seniors), donc de la densification du quartier.

Or c’est de ce dernier facteur que dépendait la rentabilité de ce projet censé être entièrement financé sur fonds privés. Selon Alain Juppé, le modèle économique ne convenait plus au groupe Vinci, porteur du projet.

« Les citoyens ont eu de nombreuses exigences : augmentation de l’aire sportive, augmentation des équipements commerciaux, explique à Rue89 Bordeaux Jean-Louis David, adjoint au maire en charge du dossier. Au fur et à mesure de l’évolution du projet, le coût augmentait, et l’équilibre financier de départ a été perdu. Nous aurions pu retrouver cette équilibre en construisant plus de logements, mais les riverains n’y étaient pas favorables, et nous non plus. »

Hors jeu

Lors du conseil municipal, l’élue socialiste Michèle Delaunay s’est interrogée sur l’abandon de toute rénovation de Lescure : « Je regrette que vous disiez que l’équilibre financier n’est pas atteint, parce que vous ne voulez pas y accorder le moindre argent municipal. » La députée PS juge que Chaban paye « la facture astronomique du Grand Stade et de l’Euro 2016″.

Proche de l’ »opposition résolue des riverains mais aussi de beaucoup de Bordelais, de professeurs d’histoire de l’art attachés au patrimoine et à la pratique du sport amateur », Pierre Hurmic, élu écologiste de Bordeaux a lui « remercié » le maire d’avoir pris « la bonne décision ».

Alain Juppé ne s’est pas réjoui de ce satisfecit, estimant que « tous les arguments (du conseiller municipal d’opposition) sont erronés » :

« Les équipements sportifs étaient tous sanctuarisés, notamment la piste d’athlétisme et les cours de tennis, toutes les parties patrimoniales sauvegardées, et il est totalement faux de dire que la population était contre, puisque 80% des participants à la consultation se sont dits favorables au projet ».

De même, l’introduction de surfaces commerciales était selon le maire « souhaitée par une grande partie des habitants du quartier ».

La requalification du Parc Lescure est-elle définitivement hors-jeu ? « Le stade va continuer sa vie, et on verra dans cette mandature ou dans une autre », répond évasivement le maire de Bordeaux.

Rue89 Bordeaux a tenté ce lundi de joindre la société Adim et les Ateliers Ferret Architectures, sans succès. Après plusieurs années de travail sur ce projet, pourraient-ils réclamer des indemnités à la ville ? Interrogé par Rue89 Bordeaux, Jean-Louis David affirme qu’à « [sa] connaissance, il n’y a aucune obligation d’indemnisation dans le contrat ».


#Adim

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Photo : Atelier Ferret Architectures

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