Deux jours après les violents heurts entre supporters à Marseille, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve était à Bordeaux ce lundi 13 juin pour annoncer un « dispositif de sécurité renforcé, pris en accord avec les dix villes participantes de l’Euro ».
« J’ai donné des consignes de sécurité très claires aux préfets. Tous les supporters violents seront reconduits à la frontière ou feront l’objet d’une obligation de quitter le territoire. Cela sera applicable dans les stades et les fan zones, les veilles et jour de match. »
Le ministre indique qu’un « travail préventif de contrôle aux frontières est également mené » :
« Une dizaine de supporters violents ont été refoulés à leur arrivée en France. Depuis le début de l’Euro, nous avons procédé à trois expulsions et cinq interdictions d’entrer sur le territoire. »
L’UEFA, organisatrice de la compétition, est responsable de la sécurité à l’intérieur des stades, a rappelé Bernard Cazeneuve. Mais le « premier flic de France » a tenu à renforcer leur dispositif avec « des forces de l’ordre qui interviendront en cas de troubles de l’ordre public ».
« Zones retranchées »
A Bordeaux, un effectif musclé est prêt à intervenir. Huit escadrons de gendarmerie ont été déployés en plus des effectifs locaux. A chaque match, 250 policiers et deux escadrons de gendarmerie mobile seront réquisitionnés. 120 policiers seront aussi présents tous les jours sur la fan zone des Quinconces. Au total, 1 035 gendarmes sont mobilisés dans la ville pour l’Euro.
Dans toutes les villes hôtes, des membres du Raid et du GIGN sécurisent les abords des stades et des fans zone. Des effectifs de démineurs sont également sur place en cas d’alerte à la bombe, et les centres de secours ont été renforcés.
« Sauf à transformer les villes en zone retranchées, nous ne pouvons pas faire plus », a ironisé le ministre.
Bernard Cazeneuve justifie ce déploiement par « un contexte exceptionnel de menace terroriste élevée ». « Le massacre d’une cinquantaine d’innocents à Orlando nous l’a malheureusement prouvé », a déclaré le ministre de l’Intérieur. Depuis le 1er mai, il assure que 182 individus ont été placés en garde en vue, dont 56 ont été arrêtés pour « lien avec des activités terroristes ».
« Malgré cette menace, l’Euro se devait d’être maintenu. Et céder sur les fan zones serait répondre au chantage des terroristes. Nous avons donc pris les mesures nécessaires pour une sécurité optimale aux abords des stades et des fan zones, et dans les transports. »
Equipes disqualifiées
A cette menace terroriste s’ajoutent « les violences des supporters, récurrentes depuis une trentaine d’années », a rappelé le ministre. « Ma doctrine est claire : les interpeller, les juger et les renvoyer. »
« Ces supporters doivent savoir qu’ils seront rattrapés par la justice et expulsés. Nous travaillons en lien avec les pays concernés : après la rixe à Marseille, les Russes ont donné une quarantaine de noms. Nous avons aussi des photos et des films, les investigations se poursuivent. Cet après-midi (lundi, NDLR), des peines de prison et des ordres de quitter le territoire ont été prononcées. »
Afin de prévenir ces débordements, l’Etat a autorisé les préfets à prendre des dispositions contre la consommation d’alcool aux abords des matchs. Une décision qui a immédiatement été prise à Bordeaux, avec l’accord d’Alain Juppé. Le maire, présent aux côtés de Bernard Cazeneuve, a annoncé qu’en cas « d’incident dans la fan zone », la consommation d’alcool y serait automatiquement « interdite ».
De son côté, l’UEFA a prévu des sanctions en cas de nouveaux troubles à l’ordre public. Les équipes seront disqualifiées en cas de violences de leurs supporters.
« Chacun doit prendre ses responsabilités, a insisté sur ce point Bernard Cazeneuve. Le rôle de la police n’est pas de guérir tous les maux de la France et du monde du football. »
Et la France ne peut pas accueillir toute la misère hooliganistique du monde.
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