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Loi travail : les gendarmes s’invitent au rayon blocage d’Auchan

[+Vidéo] Pour bloquer la loi Travail, le collectif de lutte 33 a souhaité une nouvelle fois bloquer la plate-forme d’Auchan Sud Ouest, mais les autorités n’ont pas souhaité y passer la nuit.

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Loi travail : les gendarmes s’invitent au rayon blocage d’Auchan

Ce nouveau blocage de la plateforme d'Auchan Sud Ouest a duré 4h (Xavier Ridon/Rue89 Bordeaux)
Ce nouveau blocage de la plate-forme d’Auchan a duré 4h (Xavier Ridon/Rue89 Bordeaux)

« 45, 46, 47… » Le décompte des manifestants est précis sur le parvis de la maison des syndicats de Bassens. Une fois à l’intérieur, le collectif de lutte se prépare pour une nouvelle action. Ils sont finalement une bonne cinquantaine ce vendredi – salariés, retraités, étudiants, intermittents, précaires, syndiqués ou non. L’objectif reste le même : « bloquer l’économie » pour contrer la loi Travail. Après près de 4 mois de lutte, dans les rangs on entend quelques soupirs :

« Il y a un gros coup de fatigue… »

Les effectifs se sont un peu amoindris. La lassitude et les vacances n’encouragent pas. Pas plus que la dernière action du collectif qui avait été tuée dans l’œuf. Certes, mais la détermination de ces opposants à la loi reste intacte. Il est 22h30 quand tous se retrouvent devant une entrée qu’ils connaissent déjà : la plate-forme Kuehne et Nagel à Beychac-et-Caillau. Ils souhaitent tenir jusqu’à midi.

Une cinquantaine de personnes a participé à l’action. (Xavier Ridon/Rue89 Bordeaux)

Ces entrepôts alimentent Auchan (14 hypermarchés et 13 drives), Simply (49 supermarchés) et 12 Chronodrive et avaient déjà été bloqués lors de la première action du collectif pendant le week-end de l’Ascension. Frapper à nouveau dans ce porte-monnaie de la grande distribution doit permettre de « faire la jonction entre différentes luttes » explique Thomas, ouvrier du bâtiment et membre de la CNT.

Il rappelle qu’Auchan appartient à la famille Mulliez dont deux membres sont actionnaires du groupe Vizzion, propriétaire des terrains où se construit le golf de Villenave-d’Ornon. C’est donc aussi en soutien à la zone à défendre (Zad) qui s’établit sur place que les manifestants agissent ce vendredi soir. Plus tôt dans la journée on apprenait que si deux des trois militants arrêtés mercredi sur la zone ont été relaxés, un jeune homme de 19 ans a été condamné à 2 mois avec sursis et 1000 euros de dommages et intérêts (sans inscription au casier judiciaire) pour dégradations, fourniture d’identité imaginaire, et menace à l’encontre d’un conducteur d’engin.

Tous discutent et font le bilan de plus de trois mois de combat. Le secrétaire général de la CGT-Transports, Marc Rosa compte ses jours de grève. Il en est à 19 depuis le début du mouvement soit autant en moins sur la fiche de paie. Laurent, « autonome » de toute organisation assure que c’est le retour visible de la lutte des classes : « là, au moins, on voit qu’il y a les bourgeois et les travailleurs. Et les ouvriers, les travailleurs lèvent un peu la tête ! » Thomas, de la CNT, estime que lors de la mobilisation contre la réforme des retraites en 2010 : « Les gens étaient plus mobilisés mais moins déterminés qu’aujourd’hui. »

Inutiles coups

Devant la plate-forme, le collectif régule la circulation : tous les véhicules peuvent entrer, mais seuls les voitures individuelles et les camions sans remorque peuvent sortir. Cinq travailleurs sortent des entrepôts pour rencontrer le collectif. L’un d’eux, hilare, leur lance :

« On va faire quoi ? Dormir ici ? J’ai rien prévu comme couverture ! (…) Bon, on va mettre le son et lancer une rave party ! »

Écouteurs près des oreilles, il apporte son soutien contre le projet de loi et ce gouvernement qui « n’écoute plus le peuple ». La suite sera moins réjouissante pour la cinquantaine de mobilisés qui installe des palettes pour assurer le barrage. A minuit et demi, un premier camion fait mine de foncer sur eux pour vouloir sortir. Devant la ténacité des opposants, il pile et sort furax de sa carlingue :

« Je suis parti lundi ! Moi je veux faire une seule chose : c’est rentrer chez moi ! »

Sauf qu’avant, il a une livraison à faire, mais ne peut sortir. Les gendarmes le calment. Il coupe son moteur. Un gradé fend le groupe, visiblement agacé qu’aucun responsable ne lui soit présenté :

« De toute façon, les responsabilités, vous ne savez pas ce que c’est ! »

Puis c’est autour d’une chauffeuse de négocier pour entrer puis sortir, affirmant que sa fille dort dans le camion. Rien ne bouge si ce n’est les flammes d’un feu qui vient d’être allumé autour duquel quelques-uns viennent se réchauffer. Une heure après, la dizaine de gendarmes s’impose et fait entrer plusieurs camions, puis aide à faire sortir celui du routier fumasse.

Dans la foulée, plusieurs poids-lourds s’engouffrent. Menaçantes, les matraques sont sorties. Le collectif comprend qu’il ne pourra pas tenir bien longtemps et, peu après 3h du matin, préfère partir plutôt que d’essuyer d’inutiles coups.

Déprimé, Jean-Jacques commente :

« Les forces régaliennes ont bien aidé les forces économiques à reprendre leur production. »

Dans un bref communiqué, le collectif de lutte veut garder son esprit combatif : « Nous poursuivrons nos actions de blocage ces prochains jours ! Nos actions ne connaîtront pas de trêve ! »


#auchan

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