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Loi travail : sept militants en garde à vue à Bordeaux

Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées Place Stalingrad ce mardi pour une « grande votation citoyenne » sur la loi travail. Sept manifestants qui tentaient de bloquer le tram ont été arrêtés et placés en garde à vue.

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Loi travail : sept militants en garde à vue à Bordeaux

Plusieurs centaines de manifestants se sont réunis contre la loi travail place Stalingrad. (AP/Rue89 Bordeaux)
Plusieurs centaines de manifestants se sont réunis contre la loi travail place Stalingrad. (AP/Rue89 Bordeaux)

Dans le cadre de la manifestation nationale contre la loi travail, sept syndicats ont appelé à se rassembler à Bordeaux ce mardi 14 juin. Dès 10 heures, des militants se regroupent place Stalingrad. Au bout de quelques heures, ils sont plusieurs centaines, brandissant des drapeaux et distribuant des tracts. L’objectif de ce rassemblement est double : informer la population sur le contenu de la loi travail, et faire voter pour ou contre le retrait du projet de loi.

Depuis une quinzaine de jours, des urnes ont été installées dans les entreprises, les administrations et les lieux d’étude. Dans les cas, minoritaires, où les syndicats ont essuyé un refus, des militants se sont postés à la sortie des locaux pour distribuer des bulletins de vote. On peut y lire deux questions : « Faut-il retirer le projet de loi travail ? » et « Faut-il des droits nouveaux pour les salarié-e-s, jeunes, privé-e-s d’emplois et retraités ? ».

C’est une « grande votation citoyenne, pour aller plus loin que les sondages et instaurer une démocratie directe », explique Nathalie Simon, responsable de la communication à la CGT.

Pendant un mois, les syndicats appellent les Français à participer au vote sur la loi travail (AP/Rue89 Bordeaux)

Le 28 juin, les résultats seront déposés dans chaque préfecture de France. Valérie, élue à Mérignac, ne doute pas de l’impact de ce vote.

« Entre 70% et 75% de la population est contre cette loi. Si on ne les écoute pas, où est la démocratie ? »

Emmitouflée dans un imperméable rouge siglé CGT, la syndicaliste est aussi venu pour « expliquer les 110 pages de cette loi ».

« Ce rassemblement permet d’aller à la rencontre des gens, qui n’ont pas forcément le temps ni l’envie de lire attentivement les 52 articles. »

« Productifs à tout moment »

La jeune femme dénonce les atteintes à la vie privée contenues dans le texte. L’employeur peut par exemple supprimer les vacances d’un salarié au dernier moment. Marie, sa collègue de travail chez Air France, acquiesce :

« A l’aéroport, on est sur des postes fixes pour gérer les embarquements et les enregistrements. Eh bien ils ont décidé de nous offrir des iPads, histoire qu’on soit productifs à tout moment, même hors de notre poste ! », témoigne la salariée, qui travaille depuis 32 ans pour la compagnie.

Elle déplore que la CGT soit accusée de « dire non à tout », alors qu’ »il s’agit simplement de dire stop avant d’en arriver à des situations ubuesques » :

« Si on commence à dire oui à la flexibilité, on met le doigt dans un dangereux engrenage », assure Marie.

Garde à vue

La foule devient de plus en plus compacte, les manifestants s’entassent autour de l’urne pour y glisser leur vote. Les syndiqués CGT, FO et Solidaires abordent les passants. Sur le Pont de Pierre, une ligne de CRS s’est formée. Il est midi, la foule se poste sur les rails pour bloquer les trams. Une rame stationne quelques minutes, puis repart dans l’autre sens.

Dispositif policier musclé à Stalingrad ce 14 juin (Lucas Bariolet/DR)

Trois personnes seront arrêtées pour « entrave à la circulation », deux autres pour violences contre des policiers, et une pour injures. Une septième arrestation concerne une personnes alcoolisée, pour outrage aux forces de l’ordre et rébellion. La police de Bordeaux indique à Rue89 Bordeaux que « ces sept auteurs de délits sont placées en garde à vue pendant 24 heures ».

En réponse, la Confédération Nationale du Travail (CNT) et la Coordination des Intermittents et Précaires (CIPde Gironde ont publié un communiqué dénonçant « la violence policière ». Elle rappelle que le rassemblement était « légalement déclaré à la préfecture » et autorisé jusqu’à 15h30. « La police a décidé de lever le blocage du tram A par la force vers 13 heures » alors qu’il découlait « naturellement » de la manifestation. La CNT et la CIP demandent par conséquent la « libération immédiate des interpellés » et « l’abandon des poursuites ».

Suite aux interpellations, un mouvement de soutien devant le commissariat central a de nouveau tourné à l’affrontement. La CNT dénonce le « gazage » et le « matraquage » des manifestants, ainsi que « deux nouvelles interpellations ».

Sept interpellations ont eu lieu à Stalingrad lors du rassemblement contre la loi travail (Lucas Barioulet/DR)

« On est un mouvement pacifiste contre une dictature qui s’installe », proteste Bruno Roy.

Cet agent territorial à la mairie d’Artigues. Il vient d’adhérer à la CGT et veut « dire stop aux jeunes qui veulent casser » pour les encourager plutôt à « mettre en place un blocage financier ».

S’il a manifesté aujourd’hui contre la loi travail, c’est aussi pour critiquer le « passage en force de Manuel Valls », qui « ne respecte pas nos élus ». Il est aussi révolté par « la facilité de licenciement prévue par ce projet de loi ».

 « J’espère que le rassemblement aura de vraies répercussions, je ne suis pas venue pas manifester pour rien. La dernière fois, ça remonte au CPE », affirme Océane. La jeune femme est au chômage depuis plusieurs années : « J’en ai marre de survivre, je voudrais vivre dignement. »


#Bordeaux

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