Créée en 2010 et à Bordeaux depuis trois ans, HelloAsso sert la cause des associations. Tout part d’un constat de Léa Thomassin et d’Ismaël Le Mouël, les cofondateurs de la plateforme de financement participatif bordelaise : plusieurs petites associations ont des difficultés à avoir une visibilité et à utiliser l’outil numérique pour se faire connaître et se développer.
HelloAsso est une plateforme ressource où les associations peuvent piocher des outils en fonction de leurs besoins. À ce jour, elle a aidé près de 20 000 associations (sur 1 300 000 en France) pour une collecte de plus de 25 millions d’euros. Principalement pour ces petites associations qui n’ont pas la même force de frappe que les quinze grandes organisations non gouvernementales connues.
« On est une boîte à outils qui permet la collecte de don, précise Léa Thomassin, directrice générale. Soit tout au long de l’année, soit pour un projet par le biais d’une campagne de crowdfunding. On aide à la gestion de leurs adhésions en ligne, de la billetterie en ligne, bientôt de tombola… Des outils à la carte, utilisables sur notre site ou exportables sur le site de l’association. »
« Quand on a commencé il y avait très peu d’associations qui avaient leurs sites. Ça tient au fait même de leur structure. Les associations n’ont pas de budget dédié à la communication ou à l’informatique ou alors elles n’ont pas de personnes ressources qui ont ces compétences-là. Elles sont des milliers à être paralysées par ce manque. »
L’argent, le nerf de la guerre
Impossible pour les petites associations d’ouvrir des contrats de vente à distance (pour les paiements sécurisés) ou payer des développeurs qui demandent 10 000€ pour réaliser un site internet. Sur la plateforme d’HelloAsso, tout est gratuit pour les associations, pas de frais d’inscription et pas de commission sur l’ensemble des dons faits. Les donateurs peuvent même défiscaliser leurs dons. Après le constat, HelloAsso doit faire face à une autre difficulté et pas des moindres : les habitudes.
« Il y a un frein qui se situe à deux niveaux. Un premier qui est de l’ordre de la prise en main de l’outil informatique et qui ont vraiment besoin d’être guidé. Certains pensent qu’ils vont devoir faire du code informatique. L’autre frein est plutôt culturel. Il peut y avoir une défiance vis à vis du numérique avec une peur de perdre le contrôle de leurs associations ou encore des arnaques sur le web. Notre premier rôle est donc de leur montrer la facilité et les opportunités que le web peut apporter aux associations. »
La boîte à outils d’HelloAsso propose donc aux associations de créer une page web sur un modèle de page Word où elle va pouvoir expliquer son projet et où elle va pouvoir proposer des paiements en ligne sécurisé.
Aujourd’hui, la plateforme en est persuadée, son succès est directement lié au maillage fort du monde associatif. Léa Thomassin ajoute :
« On a 1 500 associations qui s’inscrivent sur notre site chaque mois sur le site. Ça fonctionne pour 80% par le bouche à oreille. On est passé de manière générale d’une solidarité qui était confidentielle à un engagement public. Et c’est la force des associations d’avoir cette solidarité induite dans leurs fonctionnements et dans leurs relations. »
Trois questions à Léa Thomassin
Une solution aux baisses des subventions ou à la frilosité des banques ?
« Chez nous, certaines associations ont vu les aides baisser entre 20 et 70 %. Elles n’ont pas trouvé d’autres choix pour financer leurs projets ou simplement survivre. C’est la voix unanime que nous avons des responsables associatifs. Je pense que le crowdfunding s’est beaucoup développé parce que les bailleurs traditionnels se sont mis à fermer les portes plus violemment. »
Des financements vraiment transparents ?
« On encourage les associations à être le plus concrètes possible et de faire un effort de vulgarisation dans l’explication de leur projet. Un don sur deux est fait parce qu’un ami nous l’a recommandé. On réussit à convaincre les personnes autour de soi qui ensuite vont convaincre leurs propres amis qui vont eux-mêmes convaincre leurs propres amis. Le plus difficile est de convaincre ceux qui sont à l’autre bout du pays et qui ne connaissent rien au projet. »
Philosophie participative et esprit d’entreprise, antinomique ?
La rémunération de HelloAsso se fait grâce au principe du pourboire ; les donateurs donnent la somme qu’ils veulent pour soutenir la plateforme :
« C’est un modèle qui existe aux Etats-Unis. Sur notre plateforme 60 % des donateurs jouent le jeu et laissent en moyenne 3% de ce qu’ils ont donné aux associations. Aujourd’hui les associations collectent à peu près 2 millions d’euros par mois via le site. On en est à 25 millions d’euros collectés dont 10 millions depuis le début de l’année. D’autres part, on accompagne les fondations d’entreprises ou toutes les entreprises qui sont engagées par le biais de leur mécénat. »
Par ailleurs, les entreprises paient pour être accompagner. Leur mécénat pèse « 4 milliards d’euros » et participe de plusieurs manières au financement du site.
« Par exemple pour la Fondation EDF, on gère une opération qui s’appelle les trophées des associations. On développe pour eux tout le site internet lié à cette opération qui va permettre à des associations de candidater pour leur projet. Un vote aura lieu et l’association qui remporte le plus de votes se verra attribuer une dotation de la Fondation EDF. La Fondation va nous rétribuer autant pour toute la création web que pour le conseil et l’accompagnement qu’on va lui apporter tout au long de l’opération. »
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