Élue 2ème plus belle plage du monde par les lecteurs du journal britannique The Guardian, la Dune du Pilat serait-elle victime de son succès ? Comment concilier tourisme de masse et protection d’un site naturel protégé ? That is the question.
Tout le monde s’accorde sur un point : la plus haute dune d’Europe offre un panorama « dazzling » (éblouissant in english). Elle attire chaque année 2 millions de visiteurs selon les estimations, voire même plus. Le site fait actuellement l’objet d’une vaste opération de maîtrise foncière publique menée par le Conservatoire du Littoral, une démarche qui vient d’entrer dans une nouvelle phase après quelques vives polémiques l’année passée. (Voir encadré)
Mais voilà que de nouvelles craintes apparaissent, cette fois du côté de l’ADPPM, l’association de défense et de promotion de Pyla-sur-Mer, qui revendique un millier d’adhérents. Selon Jacques Storelli, son président, un projet de parking de 500 places sur 25 hectares dans la forêt du Vieux Pilat est dans les cartons :
« Il s’agirait d’un parking de délestage en cas de forte affluence, qui s’intégrerait à un nouveau projet de logements. Cette zone a été classée constructible par la Ville de La Teste, alors même que nous avons fait annuler un permis de construire de 27 logements ainsi qu’une partie du PLU ( Plan local d’Urbanisme). Nous sommes ici à moins d’un km du site classé ! Ce projet serait de nature à rendre service à un propriétaire historique du Pyla qui n’a jamais pu lotir… Nous ne laisserons jamais faire ! »
« Rien n’est décidé » rassure de son côté Nathalie le Yondre, la nouvelle présidente du syndicat mixte en charge de la gestion de la dune du Pilat, maire socialiste d’Audenge et conseillère régionale.
« Les riverains de ce secteur nous disent que c’est un lieu qui ne leur paraît pas approprié… S’il y a des sites impossibles, ils ne seront pas retenus ».
Parking relais aux Miquelots ou à Cazaux ?
Parmi les pistes envisagées, la création d’un parc de stationnement à proximité de l’échangeur qui mène à la dune depuis la voie rapide, en provenance de Bordeaux ou d’Arcachon (près de l’intersection entre la N 250 et la D 259), dans le secteur des Miquelots, un quartier de La Teste.
Mais le syndicat mixte pourrait opter pour un parking relais du côté de Cazaux. Une fois garés, les visiteurs seraient acheminés par des navettes électriques qui emprunteraient la piste forestière 214, un raccourci bien connu des locaux en cas d’affluence sur la route des campings et de Biscarrosse (D 218). Dans cette hypothèse, la piste serait réservée aux navettes et aux usagers.
Quoi qu’il en soit, il est impossible d’agrandir le parking existant, tous les aménagements étant gelés pendant la période d’expropriation, en cours ( cf encadré). Ce parc, d’une capacité de 750 places, est totalement saturé les jours de forte affluence, qui ont tendance à se multiplier. 325 000 véhicules y ont défilé en 2015, autant dire que ça bouchonne. Certains automobilistes se garent parfois aux abord de l’entrée, en mordant sur la piste cyclable, ce qui peut conduire à quelques frayeurs pour les vélos quand une portière s’ouvre intempestivement. Tout cela n’est pas sans conséquences selon Maria Da Vos, la directrice du syndicat mixte :
« Compte tenu de la fréquentation du site, le stationnement sauvage dégrade fortement les abords du massif forestier de la dune. Autour du 15 août, on a dépassé les 16 000 visiteurs/jour. 583 000 personnes ont grimpé la dune en juillet -août selon l’éco-compteur que nous avons installé à l’entrée, un chiffre constant par rapport aux étés précédents. Nous sommes en train de réaliser un diagnostic pour comprendre le comportement des visiteurs. Les solutions seront multiples.»
Heureusement, tout le monde ne vient pas en voiture. Pour éviter les bouchons et les difficultés de stationnement, beaucoup privilégient le vélo ou les transports en commun (train depuis Bordeaux et bus). Dans quelles proportions ? Mystère… Le Syndicat refuse de communiquer pour l’instant les chiffres précis et le calendrier des futures décisions.
« Le bureau d’étude est dans une phase de préconisations, rien n’est arrêté, rappelle l’élue Nathalie Le Yondre. La dune va attirer de plus en plus de visiteurs et il faut qu’on mette en place un accueil à la hauteur. Il y a un équilibre à trouver entre la valorisation du site sur le plan économique et la préservation de sa richesse environnementale. »
Du parking payant aux commerces, des hôtels-restaurants avec vue aux campings… La régulation des usages est un enjeu majeur pour la dune du Pilat, poids lourd de l’économie locale, avec des retombées économiques estimées à 168 millions d’euros pour le premier site touristique d’Aquitaine.
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