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Le Muséum d’histoire naturelle change de peau

10 ans après sa fermeture, la rénovation du Muséum d’histoire naturelle a pris encore un peu de retard, et son coût a grimpé, mais le projet, en plein chantier, s’annonce alléchant. La Ville de Bordeaux promet une ouverture en avril 2018.

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Le Muséum d’histoire naturelle change de peau

Aperçu de la future galerie du deuxième étage (Die Werft)
Aperçu de la future galerie du deuxième étage (Die Werft)

Dans un an, si tout va bien, les Pokémons du Jardin public auront cédé leur place à d’autres créatures, moins animées que les personnages du jeu, et surtout moins virtuelles : un éléphant, une girafe, des centaines d’oiseaux et de papillons, une baleine… Ces animaux naturalisés prendront place dans un Muséum d’histoire naturelle complètement rénové. Lorsque les travaux seront terminés, en septembre 2017, 3500 spécimens peupleront cet équipement phare de la culture scientifique à Bordeaux.

L’inauguration ne devrait pas intervenir avant avril 2018, soit 10 ans après la fermeture. Le public pourra alors retrouver les bêtes emblématiques du Museum, comme l’éléphante Miss Fanny, qui trônera dans le hall d’entrée, au rez-de-chaussée de l’hôtel de Lisleferme. Mais aussi découvrir des trésors cachés de la collection : le squelette d’une baleine bleue, qui était dispatché dans les caisses, a été restauré et remis en connexion, et le cétacé de 20 mètres de long sera suspendu dans la galerie au 2e étage.

Enfin, depuis la fermeture au public du Muséum, en 2008, ses 10 salariés ont continué à acquérir des spécimens, comme le raconte Nathalie Mémoire, conservateur :

« Nous avons récupéré et naturalisé un hippopotame décédé au zoo de Pessac, et une girafe du zoo de Limoges. Et nous sommes parfois sollicités par des particuliers. Une famille nous a ainsi cédé une collection de 700 oiseaux en excellent état de conservation, et parfaitement documenté sur les spécimens et leurs origines géographiques. Le petit-fils du passionné de taxidermie tenait à nous la vendre car il ne voulait pas que la collection soit dispersée aux enchères. Et nos équipes collectent des coquillages et des algues sur l’estran de l’île de Ré pour nos salles sur la biodiversité locale. »

Un million d’espèces

Lors d’une visite du chantier ce mercredi, la presse a pu avoir un aperçu in situ de ce que sera le Muséum version 2018, avec une surface d’expositions de 2000 m2 – relativement petite pour une collection aussi riche – plus d’un million de spécimens, dont seulement 3500 seront exposés.

Au rez-de-chaussée, un musée des tout petits (moins de 6 ans) sur 100 m2 et un hall d’accueil proposant une introduction à la visite. Un nouvel espace de 500 m2 creusé sous les allées du Jardin Public sera destiné aux expositions temporaires – en surface, sur le parvis, une signalétique devra aiguiller les touristes vers l’hôtel de Lisleferme, pas simple à repérer dans le Jardin Public.

La galerie du deuxième étage en chantier (SB/Rue89 Bordeaux)

Aux étages, des expositions semi-permanentes, où les collections et les thématiques tourneront tous les 3 ou 4 ans – au premier, l’expo inaugurale sera consacrée au littoral d’Aquitaine ; au deuxième elle aura pour thématique « Qui mange quoi ? ». Le Muséum rompra ainsi avec la présentation de 1862, poursuit Nathalie Mémoire :

« Lors de sa création, on voulait avoir toutes les espèces vivantes, présentées par groupes et familles. On en recensait alors 7000, alors que le recensement aujourd’hui est de 1,5 million d’espèces, certains disent même entre 4 et 5 millions. Nous savons désormais qu’on n’y arrivera jamais. »

Le Museum tâchera de montrer les spécimens plutôt en fonction des interactions entre les espèces, notamment le rôle de l’Homme dans l’extinction de nombre d’entre elles. Côté muséographie, le bâtiment du XVIIIe siècle, classé, conservera ses vitrines traditionnelles, tout en s’appuyant sur des bornes multimédia et des médiateurs – il espère pouvoir recruter 12 personnes supplémentaires.

Une jungle de musées

Avec les retards subis dans son lancement, et l’évolution des technologies muséographiques, le budget de la rénovation a sensiblement augmenté, de 14 à 18,3 millions d’euros aujourd’hui, dont 14 millions à la charge de la Ville de Bordeaux – le reste se partage entre la région Nouvelle Aquitaine et l’Etat.

Derrière la rénovation du Muséum, vaisseau amiral de sa politique en matière de culture scientifique et technique, la mairie voudrait pousser les autres institutions à davantage travailler ensemble, comme l’explique l’adjoint à la culture, Fabien Robert :

« D’autres villes ont une dynamique plus forte. Pourtant nous avons beaucoup de structures à Bordeaux – le Jardin Botanique, Cap Sciences, la Maison écocitoyenne, le musée des Compagnons, une quinzaine de sociétés savantes… Elles prennent beaucoup d’initiatives mais celles-ci ne sont pas assez visibles. Nous en avons donc invité une trentaine à la mairie le 3 octobre, avec l’objectif qu’elles collaborent davantage entre elles. C’est quand on met tout le monde autour de la table qu’on arrive à faire naître des projets partagés, à l’image du week-end des galeries ou de la Saison Street Art. »

La relance de la Fête de la Science pourrait être un premier chantier.

Fabien Robert et Nathalie Mémoire (SB/Rue89 Bordeaux)

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