Matthieu Rouveyre a lancé ce week-end l’Observatoire Airbnb. Le conseiller municipal (PS) de Bordeaux a certes « cassé sa tirelire pour payer le logiciel » mais le jeu en vaut selon lui la chandelle :
« Mon objectif est qu’on arrive à créer un débat national en dehors de la question de la fiscalité. C’est une question importante mais c’est aussi le petit bout de la lorgnette, car ça ne répond pas à la question de savoir de ce que devient un logement quand il est mis sur Airbnb. »
Le socialiste a bien une idée de la réponse. En mars dernier, il avait d’ailleurs déjà publié une étude sur l’utilisation des logements proposés sur le site dit d’économie collaborative. Elle affirmait que 85% des offres sur Bordeaux étaient dédiées à la location saisonnière.
Le géant de la sous-loc n’a pas aidé à fournir ces résultats. Il a fallut l’aide des « copains » informaticiens et du hacker Tom Slee. Le canadien a déjà récupéré les données d’Airbnb et révélé que les annonces étaient majoritairement des logements dédiés à de la location touristique et non des chambres, apparts ou maisons louées pendant les vacances ou les week-ends de leur proprios.
Une gentrification accélérée ?
Matthieu Rouveyre soutient aussi cette hypothèse. Le bien sur Airbnb n’est plus dans le marché locatif traditionnel, « ce qui appauvrit l’offre de logement dans la ville et ce qui exclue et repoussent aux portes de la ville les personnes aux plus faible revenus, les étudiants et les personnes vivant seules de manière générale », déclarait-il lors des rencontres du E-Tourisme de Pau ce samedi.
Il y reprend l’exemple bordelais où louer un T2 pendant 10 jours sur Airbnb est plus intéressant financièrement qu’un bail mensuel traditionnel (710 euros contre 558 euros). Depuis son étude en mars dernier, l’offre de logements à Bordeaux s’est accrue de 60%. A ce rythme, l’élu voit le phénomène de gentrification s’accélérer :
« Si jamais on laisse faire, on risque de vider les centre-villes d’une certaine partie de la population. »
Il n’est pas le seul à s’en inquiéter et assure que nombre de communes, d’élus et de chercheurs l’ont contacté sur la question dont les très touristiques villes de Cannes et Saint-Raphaël. Depuis le 20 octobre, il collecte minutieusement les données dans des tableurs informatiques, et les met en ligne et en images sur des cartes. Les grandes villes de France de Lille, à Marseille en passant Rennes, Villeurbanne, Reims et Paris ont déjà leur carte.
Cet observatoire doit pouvoir produire à terme des relevés réguliers pour offrir des points de comparaison et « observer la professionnalisation et l’industrialisation d’Airbnb », selon les termes de l’élu. Il devrait aussi publier une nouvelle étude sur l’ « airbnbisation » de Bordeaux en mars prochain.
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