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Les Girondines de Bordeaux découvrent l’élite du foot féminin

Les Girondines de Bordeaux jouent ce samedi (19h15 au stade Matmut Atlantique) un match capital pour le maintien, programmé juste après la rencontre des garçons contre Monaco. Pour leur première saison en D1, les filles, 100% amateurs, font l’expérience d’un haut niveau où toutes les équipes ne sont pas à armes égales.

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Les Girondines de Bordeaux découvrent l’élite du foot féminin

Après seulement deux années d’existence, les filles des Girondins de Bordeaux connaissent leur première saison dans l’élite du football féminin, la D1. Actuellement 8e sur 12 équipes, elles affrontent samedi 10 décembre Rodez dans un match très important pour le maintien.

L’équipe est née du rapprochement entre le club de Blanquefort et celui des Girondins, à l’été 2015.

« Pour le club c’était une orientation naturelle compte tenu du développement du football féminin », précise Ulrich Ramé, l’ancien gardien des garçons, aujourd’hui directeur technique des Girondins de Bordeaux.

Les filles ont ainsi pu bénéficier de nouveaux moyens mis à leur disposition : un préparateur physique, une analyste vidéo, un kiné dédié, l’accès aux terrains du Haillan, des capacités de logistiques supérieures…

Elles sont traitées sur un pied d’égalité avec les garçons, selon les dires du club. Cependant, les échanges entre les deux équipes premières sont relativement rares car les entrainements ne sont pas aux mêmes horaires.

« Mais les Girondins sont venus à notre match à Marseille et nous, à leur match de Saint-Etienne en ouverture de la Ligue 1 », nuance Sarah Cambot, une des attaquantes de l’équipe.

Le plus jeune groupe de l’élite

Et les gardiennes s’entraînent régulièrement avec les garçons de la CFA2.

« Il y a vraiment des avantages à coacher des filles, raconte Jérôme Dauba, l’entraîneur. Elles s’intéressent vraiment au jeu et se questionnent tout le temps. Elles sont plus à l’écoute, très concentrées voire même parfois trop appliquées. Elles veulent tellement bien faire qu’elles ont parfois du mal à improviser leur football ».

Surtout pour ce groupe, le plus jeune de la D1, avec 22 ans de moyenne d’âge. L’équipe féminine s’est renforcée cette année avec l’arrivée de six nouvelles joueuses qui ont toutes joué en D1. Mais l’ossature du groupe de la montée de l’an dernier a été gardée avec une majorité de filles qui viennent de la région et jouent au football depuis de nombreuses années.

Et elles sont en progrès constants, remarque l’entraîneur : après une mise en route moyenne, des difficultés (0-6 face au PSG, l’une des deux meilleures équipes de France) et une bonne résistance face à une équipe du Top 4 (0-1 à Montpellier), les Bordelaises pointent pour l’instant à une honorable 8e place.

« Il y a un vrai écart entre la D1 et la D2, déclarait en octobre Margaux Montegut sur le site des Girondins. Cela va plus vite ajoute-t-elle. Les équipes jouent à une ou deux touches. Techniquement, c’est beaucoup plus propre. Je pense que le groupe se met au niveau. »

Les Girondines s’efforcent de rivaliser avec les meilleures mais en D1, comme dans presque toutes les divisions féminines, les niveaux entre les équipes sont encore trop hétérogènes et l’Olympique Lyonnais ou le PSG survolent le championnat. On peut imaginer que les écarts se réduiront avec le temps, les efforts faits par la fédération et la volonté des filles d’accrocher les grands clubs.

Encore des amateures

Aucune des filles n’a de contrat professionnel (lire l’encadré ci-contre) et elles doivent gérer des études ou un travail avec les quatre entrainements par semaine et le match du week-end. Sur les 22 footballeuses, huit travaillent dont 5 à temps plein. Tout concilier est « extrêmement difficile, affirme Jérôme Dauba, et c’est pour ça que leur saison est d’autant plus remarquable ».

« Le rythme est soutenu », confirme Cindy Ferreira, milieu droit et nouvelle recrue du club. Licenciée auparavant au VGA Saint-Maur en région parisienne, elle a été « identifiée » par un recruteur des garçons des Girondins qui a vu un de ses matchs.

Cindy Ferreira voulait également venir à Bordeaux pour ses études de commerce en 3e année mais pour elle, il n’était pas question d’arrêter le football : « Je vais en cours la journée et au foot le soir. Mais bon, c’est un choix ».

« On le fait parce qu’on en a envie, personne ne nous force, c’est vraiment notre passion, renchérit Sarah Cambot, animatrice périscolaire à temps partiel et également éducatrice des U13 féminines. Certains ont aussi eu des aménagements de leur cours mais pas toutes. Deux filles passent même le baccalauréat cette année. »

L’équipe des Girondines (TN/Rue89 Bordeaux)

Une D1 à deux vitesses

Côté financier, les joueuses touchent une prime de présence, bonifiée en cas de victoire, lorsqu’elles sont sur la feuille de match. Combien ?

« Cela reste symbolique, ce n’est pas une immense somme, affirme Jérôme Dauba. Ça leur rembourse leur essence pour venir aux entraînements par exemple ».

Si, au niveau national, une évolution des contrats aura certainement lieu dans les années à venir, les Bordelaises font aujourd’hui partie de la structure associative explique l’entraîneur : « On a une gestion comme un club amateur avec l’un des plus petits budgets de la D1, 240 000 euros » pour le promu bordelais, soit de quoi couvrir uniquement les frais de fonctionnement (coûts liés aux déplacements, à la restauration, à l’hébergement et aux différents achats).

A titre de comparaison, les deux mastodontes de la D1, l’Olympique Lyonnais et du Paris Saint Germain, ont respectivement 5,5 et 7 millions d’euros de budget selon Le Monde. Chez les hommes, le budget des Girondins est lui de 60 millions d’euros.

Le budget de l’équipe féminine a tout de même été multiplié par quatre entre la D2 et la D1 et il est encore « en progression », selon les termes d’Ulrich Ramé.

A l’entraînement (TN/Rue89 Bordeaux)

Priorité à la formation

« L’objectif de cette année est de structurer, les choses se mettent en place car on veut s’inscrire durablement », ajoute-t-il.

Les Girondins investissent donc dans le repérage de joueuses via une cellule de recrutement qui va bientôt voir le jour. Ils concentrent également leurs efforts dans la formation et notamment dans les équipes de jeunes féminines, des U13 aux U19, des catégories d’âges souvent difficiles à mettre en place faute de joueuses. Ils entendent ainsi « drainer tout le Bassin aquitain ».

Amateures ou professionnels, les seniors féminines ont en tout cas la même envie de jouer et sont impatientes d’en découdre samedi face à Rodez.

« On a hâte de jouer dans un grand et beau stade, sourit Cindy Ferreira. On était toutes contentes, toutes fières quand on a appris qu’on allait jouer au Matmut Atlantique, qui plus est après une grosse affiche (Bordeaux-Monaco, NDLR). On est ravies que le club nous offre cette possibilité », conclut Sarah Cambot.

Car Bordeaux ne veut pas rater la vague. Depuis trois ou quatre ans, les clubs professionnels se lancent dans le football féminin, et le nombre de licenciées a fortement augmenté depuis la quatrième place des Bleues lors de la Coupe du Monde 2011. La fédération française a aussi lancé son plan fédéral de féminisation en 2012 pour promouvoir le football féminin via des semaines de découverte par exemple. Ainsi, en 2016, la fédération compte plus de 100 000 licenciées.

 


#blanquefort

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