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A la Galerie des Beaux-Arts, Georges Dorignac enfin !

92 ans après la disparition de Georges Dorignac, Bordeaux consacre une exposition à cet artiste qui a fait de sa liberté la première condition de son art.

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A la Galerie des Beaux-Arts, Georges Dorignac enfin !

Un « inconnu célèbre » dira Sophie Barthélémy de Georges Dorignac. La directrice du musée des Beaux-arts de Bordeaux semble soulagée de voir l’exposition sur l’artiste bordelais enfin prête et elle n’est pas la seule. Sandra Buratti-Hasan, conservatrice adjointe du musée, trépigne aussi de lever le voile sur l’œuvre du dessinateur et peintre resté longtemps dans les discrets salons des collectionneurs privés.

Les trois étages de la galerie des Beaux-arts réunissent un ensemble représentatif et impressionnant du travail de l’artiste : huiles, sanguines, fusains et cartons de projets de décoration. Dorignac est offert au public bordelais après une première au musée d’art La Piscine à Roubaix. Une prémonition se réalise ; celle de Pierre Rosenberg, conservateur, historien de l’art et académicien français cité dans le catalogue de la galerie Malaquais ayant eu « la certitude que justice sera un jour rendue à ce magnifique dessinateur ».

Mais le projet d’une exposition consacrée à Georges Dorignac dans sa ville natale ne date pas d’hier. De 1939 à 1959, Jean-Gabriel Lemoine, alors conservateur du musée des Beaux-arts, entreprend des démarches auprès de la famille du peintre disparu en 1925 pour faire entrer ses œuvres dans la collection du musée d’une part, et lui consacrer une rétrospective d’autre part. Admirateur local de la première heure, il avait écrit un article sur le travail de l’artiste dans la revue « L’Art et les Artistes » en 1920. Avant lui, en 1914, Gaston Meunier du Houssoy, un amateur d’art qui mise sur le travail de Dorignac dès 1902, signait un article fondateur dans une autre revue mensuelle « Art et Décoration ».

Trois nus, trois techniques, de Georges Dorignac (DR)

Tout Dorignac

Né en 1879 à Bordeaux, Georges Dorignac, vite remarqué pour ses dons de dessinateurs à l’âge de 13 ans, rejoint Paris en 1989. Il ne tourne pas le dos définitivement à sa ville natale puisqu’on le retrouve au premier Salon fauve organisé en 1911 contre l’académisme bordelais avec d’autres peintres locaux comme Charles Lacoste, Odilon Redon, André Lhote, Tobeen, Georges de Sonneville…

Après quelques expositions de son vivant, plusieurs expositions sont organisées dans les années qui suivent sa mort prématurée à l’âge de 46 ans. En 1928, une exposition rétrospective lui rend hommage à la galerie Marcel Bernheim à Paris. Jusqu’aux années 1990, Georges Dorignac devient l’affaire des initiés, des marchands d’art aux collectionneurs. A Bordeaux, deux historiens d’art continuent à faire vivre sa mémoire : Jacques Sargos et Robert Coustet qui évoquera à propos de ses dessins « une force sculpturale ».

C’est justement le point sur lequel tout le monde s’accorde. Gaston Meunier du Houssoy avait déjà écrit : « Dans ses dessins, Dorignac creuse dans la profondeur des corps comme le sculpteur dans la masse des pierres… » Ce qui donne à l’exposition le sous titre « Le Trait sculpté ».

Mère et enfant, 1906 (DR)

Cependant, l’ensemble offre également au visiteur le monde intime de Georges Dorignac qui a peint sa famille avec une inspiration espagnolisante. Une référence évidente quand on sait qu’il abandonna sans regrets l’atelier parisien de Léon Bonnat pour rejoindre l’école espagnole et signer « Jorge Dorignac ».

Dès le début de l’exposition, le visiteur est invité à fixer les magnifiques yeux noirs de les filles de l’artiste Suzanne et Georgette, et embrasser la tendresse de sa femme Céline Lacoste dont la grâce sublime ses gestes maternels.

Dans d’autres salles de la galerie, tout Dorignac est là : les corps nus à l’étroit dans leurs cadres, les portraits-masques aux cadrages serrés, les efforts de travailleurs aux muscles tendus, les croquis pointillistes et très dépouillés, les décors d’influence persane ou russe… Tant de facettes qui laisseront découvrir un artiste libre sur lequel Bordeaux pose enfin le regard.


#Galerie des Beaux-Arts

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