257 personnes sont passés l’an dernier par le centre de rétention administrative (CRA) de Bordeaux (qui comporte 20 places, réservées aux hommes). C’est un peu moins qu’en 2015, où 289 étrangers y ont été détenus (un record), du fait de la réaffectation des forces de police à d’autres missions dans le cadre de l’état d’urgence.
Au centre bordelais, les étrangers ont été retenus 13 jours en moyenne, légèrement au dessus de la moyenne nationale (12,7 jours).
« Le centre de Bordeaux est l’un des plus petits de France, mais les conditions de vie y sont particulièrement pénibles : il se situe au sous-sol de l’hôtel de police de Mériadeck, il n’y a pas de lumière naturelle », indique Mélanie Maugé-Beaufumé, intervenante juridique à la Cimade.
Autres caractéristiques du CRA bordelais : les 3 nationalités maghrébines (Algérienne, Marocaine et Tunisienne) y ont été les plus représentées, suivi des nationalités Guinéenne et Sahraouie. Cette dernière n’est cependant pas une nationalité reconnue au niveau international, et ni le Maroc ni l’Algérie ne reconnaissent les Sahraouis comme leurs ressortissants. Aussi, ils sont toujours renvoyés vers d’autres pays européens.
Pratiques « abusives »
En fait, « seulement » 38,6% des personnes retenues au centre de Mériadeck ont ensuite été expulsées. Un peu plus de la moitié (52,5%) sont libérées.
« Les renvois effectifs ne sont pas très important, la politique d’éloignement pas très efficace, du point de vue de l’Etat, estime Mélanie Maugé-Beaufumé. En tous cas elle ne correspond pas à la volonté affichée d’enfermer les personnes pour les renvoyer. Les CRA servent surtout à évacuer les campements de migrants, à les éloigner de ces zones, notamment Calais. »
La Cimade pointe les conséquences négatives de cette politique de rétention massive : l’année 2016 a été marquée par un taux record d’enfermement d’enfants (182, dont plus de la moitié avaient moins de trois ans). Cela vaut à la France 5 condamnations de la Cour européenne des droits de l’homme. A Bordeaux, quatre personnes s’étant déclarées mineures ont été placées au centre, après avoir été considérées comme majeures par l’administration.
L’association fustige d’autres « pratiques abusives », comme la mise à exécution par les préfectures de mesures d’éloignement alors qu’un droit au recours suspensif était encore ouvert, voire qu’un tel recours avait été formée. C’est le cas d’une personne placée au CRA de Bordeaux et renvoyée en Allemagne avant l’audience du tribunal administratif, auprès duquel elle avait introduit un recours.
La préfecture de Gironde est par ailleurs, selon la Cimade, extrêmement zélée pour octroyer systématiquement avec le renvoi des interdictions de retour sur le territoire français.
Un des rares points positifs relevés par l’association concerne l’entrée en vigueur, en novembre dernier, de la loi du 7 mars 2016 : elle oblige à un passage devant le juge des libertés sous 48h après placement en rétention, au lieu de 5 jours auparavant. Cela a permis une augmentation significative du taux de libération, passé en métropole de 23,6 à 33,2%.
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