Un midi ensoleillé au Jardin public. Ce 30 mai, le candidat Les Républicains (LR) dans la 1ère circonscription de la Gironde, Nicolas Florian, présente son programme et son outil de campagne : un vélo-triporteur destiné à sillonner le terrain, des Chartrons au Bouscat, de Caudéran à Bacalan.
Si son équipe tente bien d’en plaisanter – « Nous, on n’est pas en marche, mais en selle ! » -, l’atmosphère n’est pourtant pas au beau fixe dans les rangs LR. « On sent que les gens sont un peu paumés et ont le désir que le pays se relève », euphémise Nicolas Florian.
« Chez les sympathisants LR, même les fillonistes pur sucre vont voter République En Marche (LRM) pour donner une majorité à Macron », s’inquiète-t-on en off dans le staff des candidats locaux.
Aussi, ce jour là à Bordeaux, Alain Juppé venu rappeler son soutien à son adjoint aux finances, cogne (un peu) sur LRM :
« La République en Marche est un parti unique et sans doctrine. Le renouvellement et la fin du clivage gauche-droite, c’est bien, mais ça ne fait pas un programme. »
Ni blocage ni chèque en blanc
Par ailleurs, le maire de Bordeaux liste quelques « convergences » de son parti avec LRM « sur l’éducation et la nouvelle Europe », et des « divergences sur la fiscalité ». Argentier de la Ville, Nicolas Florian redoute notamment la suppression de la taxe d’habitation, levée par les communes :
« Même si elle est financièrement compensée, à chaque fois qu’on supprime de l’autonomie fiscale, la dynamique est perdue ».
S’il est élu à l’Assemblée nationale, il fera toutefois sienne la ligne juppéiste : « Ni blocage absolu, ni chèque en blanc ». Et pour cause, poursuit l’adjoint au maire de Bordeaux. :
« Le programme de Macron, c’est presque le programme de Juppé, et Edouard Philippe est un ami » – le Premier ministre était en effet porte-parole d’Alain Juppé pendant la primaire.
D’ailleurs, le maire de Bordeaux apporte son soutien à une de ses fidèles, Aurore Bergé, candidate LRM dans les Yvelines, ralliée à Emmanuel Macron après la défaite à la primaire de la droite d’Alain Juppé, et opposée à un candidat investi par LR (le très tradi Jean-Frédéric Poisson).
Raz de marée
D’un autre côté, Nicolas Florian s’étonne que La République en Marche ait investi des candidats face à des proches du maire de Bordeaux, comme Gilles Boyer, « épargnant surtout les amis de Bruno Le Maire »… Vous suivez toujours ?
« Nos électeurs ne comprennent pas trop, résume Anne Walryck, candidate LR dans la 2e circonscription de Gironde, et vice-présidente de Bordeaux Métropole en charge du développement durable. Ils ont manifesté un désir de changement, de renouvellement, dont acte, il y aura certainement beaucoup de députés macronistes. Je pense cependant que les Bordelais apprécient d’avoir une candidate qui connaît les dossiers de son territoire et a quelques connaissances sur l’environnement, un sujet qui n’est ni à droite ni à gauche. Je suis une pragmatique qui compte mettre au service de l’intérêt général son expérience professionnelle et d’élue de terrain aux côtés d’Alain Juppé. »
Anne Walryck ne se risquait toutefois pas à un pronostic, dans un scrutin inédit qui voit s’affronter 18 candidats à Bordeaux centre. Jusqu’à ce qu’un sondage publié ce jeudi donne la candidate LR en troisième position avec 15%, loin derrière Catherine Fabre (LRM), et dans un mouchoir de poche derrière Aude Darchy (France insoumise) et devant Michèle Delaunay. L’adjointe d’Alain Juppé veut encore y croire :
« Il va y avoir un sursaut car à force de nous annoncer un raz de marée, les gens ne vont pas avoir envie d’un parti unique, un peu contraire à l’esprit de démocratie et de pluralisme. »
A Bordeaux, Les Républicains se sont ainsi inspirés du discours, mais aussi des méthodes d’En Marche !. Nicolas Florian annonce ainsi qu’il créera « une plateforme numérique pour pouvoir échanger avec les électeurs avant chaque projet de loi ou loi de programmation ». Et être ainsi « ouvert et constructif », dans la majorité ou à ses côtés…
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