Le rendez-vous était donné ce mercredi à 19h place des Terres-Neuves à Bordeaux. L’info avait circulé sur les réseaux sociaux pour une « mobilisation contre le local néonazi Le Menhir ». Le rassemblement, qui n’était pas déclaré à la préfecture, voulait alerter de l’existence de ce lieu depuis novembre 2016 et réclamait sa fermeture. Celui-ci est soupçonné d’accueillir des groupuscules d’extrême droite et des « conférences » sur « la notion de race ». Le 10 juin dernier, il avait organisé le concert du groupe identitaire In Memoriam au bar Havana Café, place de la Victoire.
Selon les organisateurs, environ 200 personnes avaient répondu à l’appel. Elles ont été accueillies par la police qui a chargé et fait usage de gaz lacrymogène. Une habitante de la rue Brulatour où se trouve le local, « stupéfaite » d’apprendre son existence, témoigne :
« Moi qui ne me suis jamais sentie en insécurité […] et bien là oui j’ai peur ! […] Je me rends comme d’autres personnes du quartier à ce rassemblement et là, non seulement je ne peux plus accéder à ma rue, mais en plus la police qui la bloque chargent les manifestants et foncent même en lâchant des gazs lacrymogènes sans se soucier des enfants sur la place où nous nous sommes repliés. Bref, la police, au lieu de nous protéger d’un groupe aux mouvances violentes et racistes vient nous chasser de notre rue. »
« Un injustifiable usage de la force » ?
Interrogée, la préfecture assure que « le service policier a permis d’éviter un affrontement violent ». Quant à l’avenir du local, elle a tenu à « ne pas en dire plus » et « ne pas communiquer sur ce sujet ».
La Ligue des droits de l’homme (LDH) a publié un communiqué dans lequel elle dénonce « un injustifiable usage de la force » contre « un rassemblement [qui] se déroulait paisiblement » où « une jeune femme enceinte a été sévèrement bousculée et obligée de courir malgré son état pour échapper à la violence de la réaction policière » :
« La LDH de Gironde dénonce cet usage abusif de la force. Elle considère que les actes de répresion intervenus lors de ce rassemblement outrepassent plusieurs dispositions du code de sécurité intérieure […]. Elle considère que de tels agissements sont contraires aux règles de déontologie applicables aux forces de police et à la mission de maintien de l’ordre qui leur est dévolue. »
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