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Expéditions légères : #8 La pêche miraculeuse

Rassemblant une scientifique, une réalisatrice, un écrivain et deux accompagnateurs, l’expédition Alosa alosa, utilise le kayak pour suivre le parcours migratoire des aloses entre leur lieu de naissance et l’océan.

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Expéditions légères : #8 La pêche miraculeuse

(© Mélanie Gribinski)

Hier, le ciel se sentait à l’étroit dans son reflet. Il est aujourd’hui plus à l’aise dans les amples virages quoique brouillé de temps à autres par un accès de vent. Le jour est gris mais chargé de lumière, il suffirait d’un rien pour que tout s’illumine, revienne au plein été.

On y est presque à Couthures-sur-Garonne où l’on démonte le festival du journalisme vivant qui s’est tenu ce week-end. Le journalisme vivant. Drôle de nom. On pense à l’agriculture paysanne. A quelque chose qui prend son temps, le temps qu’il faut, le temps de l’enquête, le temps du terrain et le temps de l’écriture ; qui respecte son sujet sans cesser d’être exigent. Une conception que j’ai défendue pendant dix ans avec mes coéquipiers photographes et écrivains du collectif Argos et qui est aujourd’hui encore au cœur de ce poème documentaire qui mûrit dans notre dévalaison, au fil des rencontres – Edouard et Marie hier soir dans les peupleraies de  Coussans –, au fils des échanges avec les membres de l’expédition légère : Eric, Mélanie, Boris et bien sûr Françoise, elle-même engagée dans une démarche scientifique singulière dans laquelle le poétique, l’imaginaire et le vivant auraient toute leur part. Une forme de slow science en écho au slow journalisme ou à la poésie associée si souvent à lenteur et à fulgurance. En ramant, je considère la figure polymorphe d’Orphée : musicien, poète, chercheur, journaliste. Et, peut-être, pour la patience, pêcheur. Il faut imaginer Orphée pêcheur.

Juste avant Couthures, une barge étrange avait attiré notre attention. Deux grands filets coniques nous firent d’abord penser à une forme de carrelet flottant. Mais l’intrigante opposition des pièges, l’un vers le haut, l’autre vers le bas nous conduisit ensuite à remarquer le moyeu qui les reliait. Il s’agissait donc d’un moulin. D’un moulin à aloses plus précisément, comme il y en eut à saumons, du temps pas si lointain où la ressource était si abondante, qu’il suffisait de déclencher cette étrange épuisette rotative pour faire une pêche miraculeuse. Nul besoin alors ni de patience, ni de chants, ni de savoir, ni de ruses..


#Alosa alosa

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