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Assiettes en plastique : les anti ont du mal à avaler les analyses de la mairie

Représentés par le collectif « Cantine sans plastique », les parents contestent les analyses dont les résultats ont été publiés par la mairie de Bordeaux et regrettent d’avoir été écartés du processus.

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Assiettes en plastique : les anti ont du mal à avaler les analyses de la mairie

« Cette étude est partielle et partiale. » Le collectif « Cantine sans plastique » a clairement réagi à la publication des analyses effectuées par deux laboratoires sur les assiettes en polyester utilisées par la mairie pour atténuer les problèmes musculo-squelettiques des agents travaillant dans la restauration scolaire. Demandées par Alain Juppé, ces analyses devaient rassurer les parents quand à l’impact des perturbateurs endocriniens sur leurs enfants qui fréquentent les cantines gérées par la ville.

Il en résulte finalement l’effet inverse. Les membres du collectif créé début 2017 sont plutôt surpris de voir que ces analyses ont été menées sans aucune concertation et surtout « sans aucun respect de la méthodologie demandée ». Anne-Sophie Moussa, une des porte-paroles, a pu expliquer sa déception lors de son intervention à une table ronde sur le sujet durant les rencontres Climax à Darwin :

« Nous avons fait appel a Jean-François Narbonne [professeur en toxicologie à l’université de Bordeaux, NDLR]. Il nous a aidé à mettre en place un protocole pour évaluer les risques de l’utilisation de cette vaisselle en polyester. L’idée était de valider ce protocole avec la mairie. Finalement, j’ai l’impression qu’on nous a utilisés. On a emmené des billes et on a été écarté du processus. Je suis étonné du manque d’écoute. »

Selon Magali Della Sudda, une autre membre du collectif jointe par Rue89 Bordeaux, les parents « sont restés sans nouvelles de la mairie malgré les relances durant l’été » ; Alain Juppé s’étant engagé à faire la lumière sur ce sujet de discorde avant la rentrée. Elle déplore par ailleurs que le maire ne dévoile pas le protocole choisi pour ces analyses.

Absence du volet microbien

Hormis cette « rupture de concertation », les analyses sont loin de satisfaire les parents d’élèves. Magali Della Sudda ajoute :

« Les trois volets de tests que nous avons demandés ne sont pas tous réalisés. Il y en a que deux qui ont été faits, chimique et biologique, et ils sont tout de même incomplets. On regrette surtout l’absence du volet microbien. La vaisselle en plastique se raye facilement et les rayures favorisent l’accumulation de bactéries. »

Bien que, selon la mairie, les analyses aient été pratiquées sur plusieurs échantillons d’assiettes (neuves, 6 mois et 2 ans d’utilisation), le collectif regrette que les tests, « normalement effectués avec des phases de 10, 20 et 30 jours », soient publiés après la première phase. « Ces résultats sont préliminaires et ne doivent pas être interprétés », précise Anne-Sophie Moussa.

« Même dans ces résultats partiels, il y a des éléments qui sont troublants, surenchérit Magali Della Sudda. Elle révèlent des traces de bisphénol A. Certes, au niveau règlementation, elles sont dans les clous. Mais on s’interroge quand on voit que les assiettes neuves présentent 0,3 microgramme et que, au bout de 2 ans d’utilisation, il ne reste que 0,1 microgramme. Où sont passé les 0,2 microgrammes restants ? »

Dans un communiqué publié ce dimanche, le collectif rappellent que des « scientifiques considèrent que ces normes européennes sont inadaptées pour garantir la sécurité sanitaire face à l’exposition aux perturbateurs endocriniens » et que « le bisphénol A est trouvé dans les assiettes neuves comme dans celles plus anciennes alors qu’il est interdit en France dans les contenants alimentaires depuis 2015 ».

Du plastique partout !

« Ce n’est pas seulement les assiettes plastiques qui posent problème. » Anne-Sophie Moussa explique :

« Non seulement l’arrivée des assiettes en plastique dans les cantines des écoles de Bordeaux a été perçue comme une drôle d’idée dans une période de transition écologique, mais quand on a tiré sur le fil, on a découvert que les gobelets et les pichets étaient également en plastique. On a aussi constaté que les plats sont réchauffés dans des barquettes en plastiques jetables et que certains aliments sont cuits dans des poches en plastique. De la cuisine à l’assiette des enfants, il y a du plastique à chaque étape ! »

« Ce qui fait des tonnes et des tonnes de déchets » rappelle Magali Della Sudda. Elle rejoint ainsi un point soulevé par le groupe écologiste au conseil municipal de Bordeaux dans un communiqué publié ce samedi et qui souligne que « la mairie ne fait pas état du coût économique et environnemental de ces assiettes qu’il faudra remplacer tous les 500 lavages, dans une métropole qui a répondu à l’appel à projet “zéro gaspillage, zéro déchets” ! ». Selon le collectif, le plastique est en outre 2 à 3 fois plus cher que la vaisselle inox ou porcelaine.

Consultation à problème ?

Par ailleurs, la mairie de Bordeaux lance une consultation, sur son site jusqu’au 22 septembre, « afin de recueillir l’avis des personnes (parents d’élèves, agents municipaux des écoles, familles) qui souhaiteront s’exprimer sur l’utilisation de cette vaisselle ». Une démarche qui ne manque pas d’étonner le collectif Cantine sans plastique :

« Cette consultation pose problème parce qu’elle n’est pas anonyme et que compte tenu des mesures de rétorsion qui ont été prises à l’encontre de certains enfants l’année dernière, il semble difficile de demander aux parents d’exprimer leurs points de vue. Et particulièrement aux agents ! Comment voulez-vous que ces agents donnent leur avis sur la politique de leur employeur sans qu’ils n’aient à craindre des mesures de sanction, étant particulièrement soumis au regard de leurs supérieurs en terme d’évaluation et d’évolution de carrière. »

Cependant, dans son communiqué accompagné d’un avertissement allant dans ce sens, le collectif « laisse les parents d’élèves et agents, usagers captifs de la restauration collective, libres de répondre ou non à la consultation proposée par la Mairie ».

Après la diffusion des analyses par SMS auprès des parents, Anne-Sophie Moussa ironise : « La bonne nouvelle est que tous les parents sont maintenant au courant que la mairie utilise du plastique dans ses cantines. » Pour en débattre, les parents et personnes concernées sont invités à une réunion à l’Athénée municipal de Bordeaux ce mercredi 20 septembre à 20h. L’affaire des assiettes en plastique est loin d’être rangée au fond d’un placard.


#Plastique pas fantastique

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