Danielle Darrieux était rayonnante. Elle a joué pour les plus grands. Et dans des registres variés. Le cinéma est l’art de la présence. Celle de Danielle Darrieux était si évidente. La beauté ne suffit pas. Il faut cette capacité à étreindre une atmosphère, à donner vie à ce « mentir-vrai » du cinéma.
Pour moi, elle restera l’Yvonne Garnier des Demoiselles. Je fredonne souvent sa chanson :
« Mon fiancé avait un nom fort détestable
Et il m’agaçait plus qu’il n’est supportable… »
Plus de 100 films en 100 ans
C’est une belle actrice qui disparaît à l’âge de cent ans. Les Bordelais savent, peut-être, qu’elle naquit sur les bords de leur Garonne, un 1er mai. Sa première pratique artistique est musicale. Elle étudiera au Conservatoire de musique de Paris. Elle était familière du violoncelle.
Elle a joué dans 110 films. Elle débute à à 14 ans dans Le Bal de Winhelm Thiele. Comme dans d’autres réalisations, elle chante ; elle possède une très jolie voix.
Dans les années trente, elle tournera pour plusieurs metteurs en scène. Comme Billy Wilder dans La Mauvaise graine (1934). Ou Henri Decoin, son premier mari. En 1935, elle interprète un rôle dans Mayerling d’Anatole Litval qui lui ouvre les portes d’Hollywood. Elle est engagée par Universal mais elle rompt son contrat ; elle s’ennuie en Amérique.
Pendant la guerre, elle joue pour la Continental, une société de production française financée par des capitaux allemands. Comme dans Premier rendez-vous d’Henri Decoin.
En mars 1942, elle est du voyage à Berlin avec d’autres acteurs français (Albert Préjean, Suey Delair…). Elle confia à Arte n’être allée en Allemagne que pour retrouver son second mari Porfirio Rubirosa qui y était prisonnier. Il sera libéré. Danielle Darrieux mettra un terme à son contrat avec la Continental. Elle connaîtra peu d’ennui à la Libération.
« Je suis comme les oiseaux »
Dans les années cinquante, DD exprimera de nouveau son talent aux Etats-Unis. Comme dans L’Affaire Cicéron de Mankiewicz auprès de James Mason. Mais c’est surtout Max Ophüls qui la consacrera dans La Ronde, Le Plaisir et Madame de… Il était à ses yeux un « magicien ». Darrieux sera sa muse. Il la révélera sous des aspects méconnus.
En 1964, elle est radieuse dans Les Demoiselles de Rochefort (1967). Elle est Simone Garnier, la mère des demoiselles, l’impossible madame Dame. Elle est la seule dont la voix n’est pas doublée. Jacques Demy la fera tourner, de nouveau, dans Une Chambre en ville (1982) ; elle tenait à épouser ce rôle.
La liste de ses films est encore longue. Elle sera choisie par Chabrol, Vechialli, Sautet, Jacquot… Excusez du peu. Elle met un terme à sa carrière en 2010 dans le film Pièce montée de Denys Granier-Deferre.
Mais laissons-lui le dernier mot :
« J’ai été une star ! Ce qui ne veut absolument rien dire. Je suis comme les oiseaux, ce qui m’est tombé dessus, je l’ai pris, sans le refuser, ni faire des pieds et des mains pour l’obtenir. »
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