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Fabien Robert : « Je suis pour une deuxième édition de la saison Paysages »

Quelques jours après la clôture de la longue saison culturelle « Paysages Bordeaux 2017 », c’est l’heure du bilan. Fabien Robert revient sur les points forts et les points à améliorer. En vue d’une deuxième édition ? Rien n’est encore décidé, mais l’adjoint à la culture à la mairie de Bordeaux ne dit pas non.

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Fabien Robert : « Je suis pour une deuxième édition de la saison Paysages »

La saison culturelle « Paysages bordeaux 2017 » s’est achevée le 25 octobre avec la clôture de la deuxième édition du FAB, festival international des arts de Bordeaux Métropole. Cette programmation, qui a duré 4 mois, a été voulue pour l’arrivée de la ligne à grande vitesse (LGV) Paris-Bordeaux et portée par 28 communes à travers une centaine de propositions venant de 120 acteurs culturels dans 43 lieux différents.

Grâce à une saison estivale touristique exceptionnelle (+7% à fin août) boostée par l’arrivée de la LGV qui place Bordeaux à 2h05 de Paris en train, la fréquentation totale des événements s’élève à 605 623 spectateurs (voir encadré en fin d’article avec les chiffres fournis par les organisateurs). Un succès pour cette édition qu’on hésite encore à qualifier de première puisque l’idée d’une deuxième est encore à l’étude. Pour en savoir plus, Rue89 Bordeaux a posé quelques questions à Fabien Robert, adjoint au maire de Bordeaux en charge de la culture et du patrimoine.

« Mettre en valeur et restructurer le territoire »

Rue89 Bordeaux : En dehors des chiffres, quel bilan dressez-vous pour la saison « Paysages bordeaux 2017 » ?

Fabien Robert : Il y a trois points essentiels dans mon bilan. Le premier est le succès public. Nous avons constaté que tout ce qui avait été organisé dans le cadre de cette saison culturelle avait rencontré un bon accueil, de la semaine inaugurale avec le concert du Wax Taylor, jusqu’à l’installation de la compagnie Carabosse aux Bassins à flot il y a quelques jours. Mais on peut également évoquer Les Tropicales, Bordeaux open air… et aussi des expositions dont certaines cartonnent vraiment comme « Oh Couleurs ! Le design au prisme de la couleur » au musée des Arts Décoratifs et du Design.

Le deuxième point est la mise en valeur réussie du territoire. Les articles de la presse nationale ont attiré les regards sur Bordeaux et sa métropole. Grâce à la LGV, beaucoup d’artistes et d’associations ont profité d’une visibilité nationale. Je prends l’exemple de Hamid Ben Mahi avec son Get up village qui a eu un article dans Le Monde, grâce notamment au renfort du service culturel et tout ce qu’on a pu entreprendre pour la communication.

Le troisième point, qui est le plus important à mes yeux, est que cet événement a été un outil de restructuration du territoire. Et c’est pour moi fondamental. Autrement dit, on a appris à travailler ensemble.

Comment ?

Bien sûr on a créé des événements, mais on a aussi renforcé des événements existants. Pour les institutions, une semaine inaugurale qui réunit les vernissages, ce n’était pas naturel il y a quelques années. Au contraire, chaque établissement essayait de ne pas choisir la même date que l’autre. Du coup, on éparpillait nos forces.

Mais c’est vrai aussi pour les associations, le WAC (Weekend d’art contemporain) est un très bon exemple. Qui pouvait imaginer, il y a trois ans, qu’on pouvait fédérer 95% des acteurs de l’art contemporain à Bordeaux autour d’un weekend ? Déjà le weekend des galeries n’existait même pas ! C’est l’opportunité de la saison Paysages : elle nous a appris à travailler ensemble, elle nous a rassemblés, elle a donné envie à certains projets d’exister…

L’installation du collectif Luzinterruptus place Gambetta à Bordeaux dans le cadre du FAB (WS/Rue89 Bordeaux)

« Quatre mois, c’est trop long »

Votre bilan est totalement positif donc ?

On peut aussi évoquer quelques points négatifs.

Quatre mois c’est long, c’est trop long. On était contraint par l’arrivée de la LGV avant l’été. Il y a trois ans, quand on a commencé à y réfléchir, la LGV était annoncée après l’été. Et ensuite, l’arrivée a été avancée à juin. On était coincé mais on ne pouvait pas perdre cette fenêtre de tir. On était obligé de faire le grand écart entre l’arrivée de la LGV, Agora et le FAB.

Ce qui a pu donner l’image d’un foisonnement éparpillé, qui est le résultat du calendrier mais aussi le résultat de quelque chose qu’on assume totalement : le fait de travailler avec le territoire. A partir du moment où on travaille avec les forces vives du territoire et qu’on s’appuie sur des événements existants tout en invitant des artistes de l’extérieur, il faut du temps. Ce qui a généré un quantité d’événements parmi lesquels certains ont pu avoir du mal à se repérer. C’est sûr que c’est moins lisible qu’une programmation confiée exclusivement à un commissaire. Nous n’avons pas choisi cette méthode et nous l’assumons totalement.

Avez-vous eu des retours négatifs ?

Il y a des acteurs culturels qui n’ont pas voulu s’inscrire dans cette saison. Et d’autres qui le voulaient mais que le comité artistique n’a pas retenus.

Pour quelles raisons certains acteurs n’ont pas voulu y participer ?

Sur le WAC par exemple, il y a deux lieux d’art contemporain qui ont estimé que la formule ne leur convenait pas, qu’ils n’avaient pas assez de soutien financier pour y adhérer. En fait, on a donné des sommes pour des projets de l’ordre de 20 à 30 mille euros : Get up village, Bordeaux open air, le WAC… et après chacun a réparti la somme comme il veut. Ce qui a provoqué un débat : est-ce qu’on distribue l’argent aux lieux au risque de ne pas avoir un esprit de corps collectif et de visibilité ? ou est-ce que, au contraire, on consacre ce budget à des actions communes pour donner l’impression d’un événement cohérent ? En faisant le dernier choix pour le WAC, il y en avait deux qui n’étaient pas d’accord, mais il y en avait trente qui l’étaient !

Une deuxième édition à l’étude

Est-ce que la saison Paysages sera renouvelée ?

C’est toute la question du moment et c’est un peu tôt pour le dire. J’ai pris rendez-vous avec les principaux opérateurs pour faire le bilan. Alain Juppé a demandé des éléments d’analyse. Ce qui nous inquiète, c’est le contexte financier. C’est difficile de s’engager deux ans avant dans une opération, même si elle n’a pas couté très cher à la ville puisqu’on a fait avec des redéploiement de crédits et on a eu un mécénat important. On a quand même levé plus de 500 000 euros de mécénat, ce n’est pas rien. C’est un montant jamais réuni pour un événement culturel à Bordeaux.

Personnellement, je suis pour une deuxième édition. Mais la décision n’est pas prise.

S’il y a une prochaine édition, elle aurait quelle forme ?

J’ai l’intime conviction, par rapport à la fameuse question du grand événement à Bordeaux qui est à mon avis un non-sujet, qu’on a là une bonne formule. Si elle est concentrée sur un mois et demi autour d’Agora et du FAB, qui sont les deux briques sur lesquelles on peut bâtir une biennale culturelle, cette saison aurait encore plus de force.

Certains événements existants seront donc écartés ?

Tout dépend de la période. Moi je préfère prévoir large au début, montrer qu’on peut travailler ensemble et ensuite retravailler les propositions et resserrer la période. A ce stade, personne n’est exclu.

Il est évident qu’on renforcera Agora, l’événement qui rayonne le plus au niveau national et international. C’est aussi celui qui correspond bien à Bordeaux avec sa thématique architecture et patrimoine. C’est la tête de pont. Mais je n’oublie pas le FAB qui a lieu tous les ans.

Néanmoins, si la saison Paysages n’est pas reconduite, il en restera beaucoup de choses.

Lesquelles ?

Le WAC a permis de fédérer l’art contemporain dans Bordeaux et sa métropole. On ne sait pas s’il aura lieu l’année prochaine, on attend un bilan de la part des structures. Le Grand théâtre a décidé de poursuivre sa coopération avec le Frac Aquitaine en faisant d’autres expositions d’art contemporain. L’idée d’une semaine de vernissages, alors que les établissements y croyaient peu ils en redemandent. Bordeaux Open air a explosé et s’installe comme un temps fort en matière de musique électronique comme Relâche l’est pour le rock… Et ce ne sont que quelques exemples.

Les bancs spaghettis de Pablo Reinoso sur le miroir d’eau à Bordeaux dans le cadre d’Agora (WS/Rue89 Bordeaux)

Alors que la saison Paysages ouvrait les portes de Bordeaux aux Parisiens, comment avez-vous réagi aux « attaques anti-parisiens » ?

Politiquement, je fais la différence entre le folklore bordeluche qui m’amuse et les attitudes et propos inadmissibles qui méritent sanctions et qui ne m’amusent pas du tout. Quand on commence à dire Bordeaux au Bordelais, c’est une forme de racisme. Cette façon de revendiquer une identité dans laquelle on a envie de s’enfermer est aux antipodes de mes valeurs politiques.

Sur le plan culturel, les Parisiens sont les bienvenus à Bordeaux. Quand Marc Dugain vient s’installer à Bordeaux, quand Daniel Firman vient s’installer à Bordeaux, quand le Pavillon quitte le palais de Tokyo pour venir à Bordeaux avec l’artiste Ange Leccia proposer un post-master… cette polémique a encore moins de sens dans le domaine artistique et culturel qu’elle en a dans le domaine politique. Donc on va continuer à attirer les artistes pour venir à Bordeaux.


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