On les appelle les Blocstop, au nom de l’entreprise installée à Cestas qui les fabrique. Impossible de les rater avec leur couleur jaune BTP. Ces premiers blocs, installés en urgence pour sécuriser la fête du fleuve 2017 après le traumatisme de l’attentat de Nice, étaient initialement destinés à des aménagements sur les chantiers des bâtiments et des travaux publics, d’où la couleur.
Avec ce nouveau débouché, le fabriquant des blocs de béton a créé une autre entreprise entièrement dédiée à la fabrication de ces aménagements de sécurité. « Les affaires explosent » selon les termes du patron, Abdel Feghoul, qui reste cependant discret sur le chiffre d’affaires de sa société. La ville de Bordeaux, son premier client, en loue 120 en plus des 700 mètres de glissière.
« À l’occasion de la fête du fleuve en 2017, la Préfecture nous avait demandé de sécuriser la totalité du périmètre, explique Jean-Louis David, adjoint au maire de Bordeaux en charge de la vie urbaine et de la coordination de la politique de proximité. Nous avons donc installé ces blocs pour empêcher toute intrusion possible de véhicule. Un budget de 35000 € environ a été nécessaire pour une location allant jusqu’au 31 août. Nous avons ensuite renouvelé cette location jusqu’à la fin de l’année 2017. »
Un dispositif de sécurité définitif
Selon les chiffres fournis par la mairie de Bordeaux, un bloc se loue 30€ HT par mois. Le maintien du dispositif jusqu’à l’été prochain coûterait donc 74400€ HT. Les services municipaux étudient cependant « la pertinence d’acheter l’ensemble du matériel pour ce dispositif ». Toujours selon la mairie, un bloc coûte 455€ HT. Elle vient d’en acheter 20 avec la métropole et en achètera 20 de plus début 2018. On peut les reconnaître à leur couleur bleue marine.
Pour un achat comme pour une location, ces dépenses n’étaient pas prévues dans le budget municipal. Sur quel budget sont-elles imputées ? Jean-Louis David répond :
« Nous allons demandé dans la décision modificative n°2 du budget qui va passer au conseil municipal du mois de novembre l’inscription d’une somme de 60000 euros supplémentaires abondée au chapitre des manifestations publiques pour pouvoir les sécuriser. »
Mais l’adjoint au maire assure par ailleurs que ce dispositif est « temporaire » et qu’une réflexion est déjà en cours pour « la mise en sécurité définitive des quais, du pont Chaban-Delmas jusqu’au boulevard des Frères-Moga, avec des moyens qui soient plus esthétiques et plus performants » :
« Nous menons en ce moment un travail d’expertise et un diagnostic de sécurité conjoint avec la police nationale, la ville de Bordeaux, Bordeaux Métropole, et la Préfecture. Il faut savoir que ce sont des budgets énormes. Par exemple la ville de Nice a sécurisé la promenade des Anglais pour 20 millions d’euros. Nous cherchons aujourd’hui des propositions dans un budget raisonnable et espérons les avoir pour la fin de l’année. »
Réflexion sur les nouveaux aménagements
Malgré plusieurs propositions présentées, mais « pas suffisamment abouties », aucun projet n’a encore été soumis à Alain Juppé, maire de Bordeaux et président de la Bordeaux Métropole.
« On s’est fixé la date du 31 décembre 2017 pour présenter les études, précise Jean-Louis David. On peut se fixer la date du 31 décembre 2019 pour la fin des installations. »
Si une réflexion est en cours pour sécuriser les aménagements déjà réalisés, une autre l’est aussi dans les nouveaux quartiers en cours de construction, comme Brazza ou Euratlantique :
« Il y a des référents en sécurité qui sont interrogés de façon systématique au moment du dépôt d’un permis de construire sur des aménagements aussi importants, explique Jean-Louis David. Ils font l’objet d’une analyse complète de la part des services de police de façon à donner un certain nombre de directives. Ça va du matériau à utiliser pour protéger le public et éviter l’intrusion, en passant par la vidéo-protection et le repérage des recoins susceptibles d’être difficiles quand ils ne sont pas suffisamment éclairés… »
De la pub sur les blocs ?
Si l’objectif pour Bordeaux, et pour la métropole, est « qu’on n’ait plus ces blocs », les blocs de béton ne vont pas disparaître pour autant. Hormis la mise en sécurité temporaire de certains événements, d’autres communes vont se contenter d’investir dans la location ou l’achat de ce matériel qui constitue une dépense moins importante qu’un réaménagement complet.
« Il y a 36000 communes en France, rappelle Abdel Feghoul. Nous avons un produit qui tient la route et qui répond à toutes les obligations en terme de sécurité. Avec ces dispositifs il y a un accompagnement, ils ont différentes tailles et différentes fonctions pour permettre à mes clients d’être autonome en terme de levage et d’installation. J’en propose plusieurs modèles qui ont des poids allant de 900 à 1500 kg. L’installation est rapide et j’ai vu des communes en installer avec un simple tracteur. »
Pour répondre à la demande, l’entrepreneur girondin a levé déjà 1,5 million d’euros « sans aucun problème », installé une succursale dans la région parisienne et travaille avec beaucoup d’antennes en France qui lui permettent de « fournir Cannes, Marseille, Biarritz, Anglet, Bayonne, Nantes, Blois, Lorient, Dunkerque, Valenciennes… ». Patron de 7 employés, dont 5 à Cestas, il se vante d’avoir bien réfléchi son produit « made in France » et déclare même l’avoir breveté jusqu’à proposer « un financement par la publicité ».
« J’ai adapté mes dispositifs à des supports publicitaires de tailles différentes car je suis convaincu que la publicité peut financer la sécurité quand les communes n’en ont pas les moyens. Nous avons même des annonceurs qui souhaitent accompagner certains projets. »
Verra-t-on des messages publicitaires sur les blocs à Bordeaux ? « On en est pas là, assure Jean-Louis David. Sur les blocs qui nous appartiennent nous avons fait une campagne de sensibilisation pour Octobre rose (les blocs ont été peints en rose, NDLR), mais ça reste exceptionnel. »
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