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Avec Spartoï, le Groupe Apache explore les limites de l’humanité

Soutenu par l’OARA et le TnBA, le Groupe Apache revient à La Manufacture pour présenter Spartoï. Après Projet Molière en 2015, cette deuxième création du jeune collectif bordelais scrute l’avenir de l’humanité avec un concept audacieux qui ne manque pas de pièges.

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Avec Spartoï, le Groupe Apache explore les limites de l’humanité

Sur le papier, c’est blindé de références. L’ « opération » Spartoï affiche une ambition démesurée : « une pièce mythologique de science-fiction ».

Prétentieux ? Surtout audacieux, avec ce que l’audace comporte parfois d’imperfections dans l’expérience. Car forcément à ce jeu, les pièges sont nombreux. Le Groupe Apache en déjoue pas mal, mais pas tous.

La légende Cadmos

Et c’est bien d’une expérience dont il s’agit. Une expérience dans l’expérience. Car Spartoï raconte l’expérimentation d’une nouvelle vie pour réinitialiser l’humanité, pour « bâtir une humanité parallèle dans un espace vierge de toute humanité ».

A partir de là, les clins d’œil pleuvent. Bien trop nombreux – est-ce bien la peine ? –, certains sont très appuyés : Tchernobyl, Google… D’autres déroutants : Cécile Duflot, deux perruches nommées Adam et Eve… Le tout en arrière-plan d’une mission inspirée par la légende de Cadmos, personnage de la mythologie grecque qui a combattu un dragon jusqu’à le tuer et semer ses dents pour voir naître les Spartes qui, armés jusqu’aux dents, s’entretuent de suspicion et de défiance.

Le spectacle du Groupe Apache raconte les jours suivants des cinq survivants de la guerre fratricide des Spartes. Ce sont les Spartoï, non pas ceux de Marvel mais ceux de Jules Sagot (auteur principal du texte) et de Yacine Sif El Islam (metteur en scène). Pour réinterpréter la légende, bien que Arès himself (le dieu de la guerre joué par Sagot) soit à la narration, la version moderne s’aventure dans des métaphores science-fictives qui la projettent parfois dans des voies impénétrables.

(© Frédéric Desmesure)

L’homme est un loup

Pour cette fable des temps modernes, les anciens de l’éstba (l’école du Théâtre national Bordeaux Aquitaine), ont imaginés des hommes qui « vivent dans une absence totale de troubles » après avoir eu les codes génétiques modifiés à partir de cellules souches appartenant au loup, référence « en haut de la chaine alimentaire ».

Alors à l’état de jeunes loups, les Spartoï sont confrontés aux tentations et désirs – sexe, vol, vengeance, anarchie… – dans un huis clos sur la scène dépouillée de La Manufacture CDCN. Les cinq volontaires de Humanitry, organisation supérieure à l’origine de l’expérimentation, ont la dure tâche de bâtir une nouvelle cité en évitant les travers des civilisations passées où l’homme fut un loup pour l’homme (ben oui !).

Les exercices de style se multiplient et piochent dans des ingrédients désormais fréquents au théâtre, comme le chant et la chorégraphie. Sans oublier les monologues qui instaurent des relations attachantes entre les cinq Spartoï et les spectateurs, à qui Mathieu Barché, Lucas Chemel, Giulia Deline, Charlotte Ravinet et Zoé Gauchet s’adressent les yeux dans les yeux pour des comptes rendus journaliers de l’expérimentation (mention spéciale pour la narration du 10e jour).

Proposé par le Festival international des arts de Bordeaux Métropole, dont la thématique de 2017 est Paysages aux frontières, Spartoï dévoile surtout les limites de l’Homme, « asservi à la logique des nouvelles technologies », s’efforçant de chasser son naturel qui lui revient à pas de loup.


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