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« 7 d’un coup » : Catherine Marnas vise l’enfance et fait mouche

Harcèlement à l’école, peurs, injustices, autorité des adultes… Catherine Marnas invite le spectateur dans les tourments de l’enfance avec sa dernière création, « 7 d’un coup », bien et librement inspirée du conte des Frères Grimm.

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« 7 d’un coup » : Catherine Marnas vise l’enfance et fait mouche

« 7 d’un coup », un conte des frères Grimm plus connu sous le titre « Le Vaillant Petit Tailleur », raconte l’audace et la ruse d’un simple tailleur qui, après avoir tué sept mouches d’un coup, parvient à épouser une princesse et devient roi au terme d’une improbable série de défis.

Dans la dernière création de Catherine Marnas, il n’est guère question de tailleur. Le personnage central est un petit garçon harcelé par ses camarades à l’école, habité par des peurs et tourmenté par les doutes face au monde des adultes.

Lorsqu’il s’isole pour déguster son goûter, le voilà à nouveau harcelé par des mouches qui s’en prennent à sa tartine de confiture. D’un coup et d’une main, il en tue sept. Fier de son exploit, il se glisse dans une rêverie qui l’emmène à vivre d’incroyables aventures, s’échappant ainsi à son réel et la cruauté de son entourage.

Harcèlement à l’école

Voulu comme une prolongation de « Lignes de faille » présenté à Bordeaux en 2014, la directrice du TnBA retourne à l’enfance, après « Lorenzaccio » en 2015, avec la métaphore comme figure de style. La liberté qu’elle s’octroie avec le conte de Grimm n’est pas gratuite et encore moins un choix par facilité. Car l’enfance, avec ses craintes et ses questions, est un sujet sur lequel le théâtre se penche souvent avec délicatesse, surtout si on y ajoute le harcèlement à l’école, un fléau exacerbé par les temps modernes.

Sur cette dernière question sensible, Catherine Marnas a voulu sonder la pensée de l’enfant et ses forces pour faire face à la cruauté de ses camarades à travers le personnage d’Olivier, un enfant gringalet, maladroit et trop intello pour les autres, plus forts et plus « winners ».

« On part du niveau le plus réel du harcèlement pour plonger dans le côté intemporel et universel du conte et exorciser certaines peurs et prendre le dessus », explique la directrice.

Car, comme l’annonce le narrateur au lever de rideau : « Le théâtre a quelque chose à voir avec la nuit […] et la nuit fait un peu peur. » Commencent alors les aventures d’un souffre-douleur qui n’aura à cœur que de prouver qu’ « il ne faut pas se fier aux apparences ».

« A hauteur d’enfant »

On comprend très vite pourquoi Catherine Marnas a voulu « faire évoluer » ce conte dans une logique de « transmission ». Pour évoquer « les peurs, les angoisses, les désirs, le sentiment d’incompréhension et d’impuissance devant le monde des adultes », elle a écrit son texte « à hauteur d’enfant » et a conduit son personnage vers « une revanche » que seuls « le conte et le rêve permettent de raconter ».

« Un spectacle jeune public est un spectacle à part entière et non pas un sous-domaine du théâtre », prévient-elle.

Ce qui se confirme avec une mise en scène soignée et un décor épuré autour de la représentation d’une maison, « la première chose que les enfants dessinent ».

Pour cette nouvelle création, Catherine Marnas est accompagnée de ses fidèles de la compagnie Parnas. L’enfant est interprété par Olivier Pauls. Julien Duval, Bénédicte Simon et Carlos Martins jouent les autres personnages. La scénographie est confiée à Carlos Calvo et les costumes à Edith Traverso, très bien inspirée. Madame Miniature est au son et ajoute, avec quelques petites trouvailles, une intéressante dimension sonore aux états d’âme du « héros ».


#théâtre

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