« Les élus et administrations de la Ville de Bordeaux et de Bordeaux Métropole n’ont, à aucun moment, été consultés ou informés en amont de cette décision », a réagi la mairie ce lundi dans un communiqué. La Ville de Bordeaux a, pour sa part, régulièrement opposé un refus à des demandes de ce type émanant d’annonceurs ou de commerçants considérant que cela constituait une pollution visuelle inutile ».
La Ville s’appuie en cela sur son règlement local de publicité. Une version intercommunale a en outre été adoptée ce vendredi par la métropole. Il distingue plusieurs zones, notamment celles d’intérêt patrimonial, comme le secteur Unesco de Bordeaux, où la publicité est seulement autorisée sur mobilier urbain.
Parmi les objectif de ce RLPI : « limiter l’impact des dispositifs publicitaires sur le cadre de vie en protégeant le patrimoine naturel et bâti » et « tenir compte des nouveaux procédés et nouvelles technologies en matière de publicité », dont les Cleantags, qui ont parfois illégalement proliféré en ville.
La mairie de Bordeaux se déclare donc « dans l’attente de précisions quant à l’utilité d’une telle décision et des conditions de son application ».
Le décret paru ce dimanche au journal officiel stipule que l’expérimentation est valable pour une durée de 18 mois, et qu’une évaluation aura lieu tous les 6 mois pour mesurer son impact.
Il concerne des publicités réalisées par projection ou application, à travers un pochoir, avec de l’eau ou des peintures biodégradables «à base aqueuse ou à base de craie comportant un traitement antidérapant». Ces pubs ne pourront pas rester plus de dix jours ni excéder 2,50 m2, et devront être éloignées les unes des autres d’au moins 80 mètres.
Court-circuit jacobin
Alors que l’expérimentation «déroge à plusieurs règles du code de la route et du code de l’environnement», qui «interdisent d’apposer des marquages publicitaires sur les trottoirs», ceux-ci ne devront par ailleurs pas diminuer les caractéristiques d’adhérence du sol.
L’idée d’un test grandeur nature suspendant les règlements locaux existants est dans les tuyaux depuis l’an dernier, dans la ligne du « choc de simplification » voulu par le précédent gouvernement. L’opération, baptisée « France expérimentation », concerne 6 projets différents, dont la publicité par marquage au sol, portée par l’entreprise lyonnaise Biodegr’AD.
Celle-ci a déjà comme clients quelques grands comptes, comme Hop!, le low-cost d’Air France, SFR, Flixbus… Et comme le montre cette photo visible sur son site internet, Biodegr’AD n’a pas hésité à faire de la publicité à Bordeaux (près de la gare) pour une marque de chaussures, malgré l’illégalité de sa démarche :
Le directeur de cette régie, Tanguy Bard de Coutance, a salué le décret au JO, qui va selon lui « permettre de dissiper le flou juridique, en amenant du concret, quelque chose d’encadré » :
« On va pouvoir être intégré aux plans locaux de publicité, payer des redevances et d’avoir un support légitime, qui a toute sa place », a-t-il estimé sur France Info.
Ce que risque d’abord de faire cette autorisation très jacobine, c’est de court-circuiter un règlement local de publicité qui a déjà du mal à faire respecter certaines obligations légales, comme l’extinction des enseignes lumineuses des commerçants.
Jointe par Rue89 Bordeaux, la préfecture de la Gironde a renvoyé la balle aux trois ministères concernés – économie, sécurité routière et transition écologique -, que nous avons contactés, en nous promettant pour ce dernier un retour rapide à nos questions. Nous vous tiendrons au courant, avec ou sans pochoir.
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