C’était la bonne nouvelle de la fin de l’année 2017 et, pour les vins de Bordeaux, un coup de pouce inespéré à la veille du réveillon de fin d’année. Dans une étude sortie le mercredi 27 décembre 2017 et publiée en janvier 2018, l’association de consommateurs UFC-Que Choisir a fait rechercher 177 molécules de pesticides dans des vins de Bordeaux. Résultat : « Les pesticides sont toujours là, mais… » (c’est le titre du dossier) il y en aurait beaucoup moins. Le chapeau d’introduction le confirme :
« Notre analyse de 38 grands crus de Bordeaux et de deux vins non classés montre que la plupart sont contaminés par des résidus de pesticides. Toutefois, la situation s’améliore : leur concentration est, en moyenne, trois fois moins élevée que lors des tests menés il y a quatre ans. »
« Confusant pour le consommateur »
Sauf que cette amélioration qualifiée de « notable » ne convainc pas les militants anti-pesticides. L’une de leurs figures de proue, Valérie Murat, accuse même l’UFC-Que Choisir de participer « à la communication et au marketing de l’interprofession qui cherche à laver l’image catastrophique des vins de Bordeaux, parmi les plus gros consommateurs de pesticides les plus dangereux les CMR, cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques ».
La porte-parole d’Alerte aux Toxiques estime dans une publication sur le site de l’association que le dossier a été « fait à la légère » et est « confusant pour le consommateur ». Car, premièrement, il n’y a « pas de suivi de plusieurs millésimes » ; ce que UFC-Que Choisir précise clairement dans un tableau puisque les vins testés sont tous de 2014 (sauf un de 2015).
Mais l’autre point dénoncé est celui de la référence aux LMR (limite maximale de résidus de pesticides). Valérie Murat rappelle qu’il n’existe pas aujourd’hui de LMR pour le vin, contrairement aux aliments ou à l’eau, et seulement des LMR pour le raisin (règlement CEE N°1107/2009) :
« Aussi si les bouteilles de vin étaient de l’eau, aucune ne pourrait arriver sur une table et seraient déclarées impropres à la consommation si les LMR appliquées à l’eau l’étaient pour les bouteilles de vin. »
Enfin, elle rappelle l’existence de procédés œnologiques pour masquer et faire disparaître les résidus de pesticides dans le vin une fois mis en bouteilles (comme la zéolithe).
Une prise de conscience ?
Le constat de UFC-Que Choisir est donc loin d’une d’être une victoire pour les anti-pesticides. Interrogé par France 3, Marie-Lys Bibeyran, une autre militante anti-pesticides y voit « beaucoup de désinformations » en reprenant également la mauvaise référence aux LMR. Elle estime que, avec les grands crus testés au prix moyen annoncé de 40 € par bouteille, « on est en droit d’attendre une exemplarité qu’on ne retrouve pas dans la totalité des vins analysés ».
La fondatrice du Collectif Info Médoc salue cependant la « prise de conscience au sein de la population, au sein de la société civile, et au sein des consommateurs » mais refuse de parler de prise de conscience au sein des institutions en citant le CIVB :
« Quand on sait que le budget du CIVB est de plus de 20 millions euros, imaginez toutes les reconversions en bio qui peuvent être accompagnées avec cette somme. »
Si le dossier de UFC-Que Choisir a été largement repris et salué par la presse, pour le Canard enchainé, il est « difficile à avaler » avec un bilan « qui la fiche tout de même mal ». Il faut reconnaître que sur ce sujet, il ne suffit pas de voir le verre à moitié plein.
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