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Pesticides dans les vins de Bordeaux, Cash repasse une couche

Deux ans après sa première enquête, Cash Investigation est revenu faire le point sur l’utilisation des pesticides en Gironde dans son émission Cash Impact. Son bilan n’est pas glorieux et les réactions coulent à flot.

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Pesticides dans les vins de Bordeaux, Cash repasse une couche

Après un Cash Investigation qui avait donné la gueule de bois aux vignerons bordelais en février 2016, l’équipe d’Élise Lucet a, dans l’émission Cash Impact diffusée ce mardi, voulu voir, entre autres, où en est la Gironde, un des départements les plus utilisateurs de pesticides.

Que s’est-il passé depuis ? Les pratiques ont-elles évolué ? Visiblement non, ou très peu. L’émission, « Pesticides : notre santé en danger », annonce certes que le département est passé de la 2e place à la 3e place des départements les plus utilisateurs de pesticides, mais le sujet reste tabou dans le milieu viticole. Et, malgré les consignes à l’attention des vignerons évoquées par Allan Sichel, président du CIVB, face à la journaliste de France 2, les contrôles sont inexistants et l’utilisation des substances restent à l’appréciation des utilisateurs.

Par ailleurs, l’émission insiste sur le peu de liberté qui lui a été accordée pour faire son reportage, toujours accompagnée d’un « communiquant » du CIVB chez des vignerons choisis par le conseil lui-même.

Allan Sichel dans Cash Impact (Capture écran)

« Il n’y a pas d’omerta à Bordeaux »

Piqué au vif, le CIVB a répliqué dans la nui, accusant le reportage d’une certaine mauvaise foi et assurant qu’ « il n’y a pas d’omerta à Bordeaux ». « Cash Impact ne tient pas sa promesse », titre le communiqué :

« Cash Impact aurait pu dire que des molécules de produits interdits depuis plus de 10 ans peuvent encore laisser des traces dans l’environnement, c’est pour cela qu’ils ont été interdits. Cash Impact aurait pu révéler que le Diuron, bien qu’interdit depuis 10 ans en agriculture, est toujours autorisé pour d’autres usages, notamment le bâtiment (peintures et anti mousses de façades). Cash Impact ne devrait pas laisser croire, sans preuves, que des viticulteurs fraudent  en achetant à l’étranger des produits interdits en France… »

Le conseil réplique ainsi aux analyses commandées par le collectif Info Médoc Pesticides (CIMP) et l’association Eva pour la Vie que le président découvrait pendant le tournage du reportage et dont les résultats ont fait l’objet d’un article sur Rue89 Bordeaux. Sur ces résultats, le communiqué déclare :

« Comme Allan Sichel s’y était engagé lors de son interview avec Elise Lucet, le CIVB a investigué :  Il est en mesure de révéler aujourd’hui que toutes les parcelles de vigne situées à proximité des écoles mentionnées dans Cash Impact, c’est-à-dire Listrac, Arcins et Pauillac sont aujourd’hui traitées avec des produits homologués en bio ce qui atteste donc de contaminations anciennes pas nécessairement agricoles. »

« Cette réaction du CIVB est totalement inacceptable ! réplique Marie-Lys Bibeyran, présidente du CIMP sur sa page Facebook. Leurs propos sont erronés et diffamatoires… Ils tentent maladroitement de discréditer l’enquête sur les poussières en se focalisant sur les 4 molécules interdites, mais quid des 12 autres détectés dans la salle de classe, dont 10 sont reprotoxiques, 6 cancérigènes et 4 des perturbateurs endocriniens ? Il est en outre totalement faux que les parcelles sont l’objet d’application de produits Bio ! »

Confusion

Dans la foulée, Marie-Lys Bibeyran, publie une lettre ouverte aux responsables du CIVB les invitant à « assumer leurs responsabilités » :

« Votre volonté de créer la confusion entre les enquêtes de Terre datant de 2016 concernant les écoles primaires de Listrac-Médoc, Arcins et du Pouyalet à Pauillac avec celles de poussières publiées le 15 février dernier et montrant la contamination d’une salle de classe de l’école primaire de Listrac-Médoc, prouve votre incapacité à affronter un débat sur le fond du sujet : l’exposition des élèves et ses graves conséquences à court moyen et long terme. »

De son côté, annonçant être surpris d’apprendre par voie de presse l’existence d’informations concernant la sécurité des enfants scolarisés sur sa commune, le maire de Pauillac a demandé au CIMP les résultats d’analyses, ainsi que le protocole qui a été mis en place pour les différents prélèvements, « afin de pouvoir engager les démarches permettant de traiter la présence de pesticides type CMR aux alentours de nos écoles communales, ainsi que de nos installations périscolaires ».

Selon un rapport des Nations unies cité dans Cash Impact, les pesticides seraient responsables de la mort de 200 000 personnes par an dans le monde. En France, ils sont utilisés massivement dans l’agriculture : en 2016, 68 000 tonnes y ont été vendues, autant qu’il y a trois ans malgré les engagements pris par le ministre de l’Agriculture de l’époque.


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