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La fin de la trêve hivernale met plus de 400 personnes en danger à Bordeaux

La trêve hivernale se termine samedi 31 mars à minuit. A Bordeaux, 400 personnes vont se retrouver en grande difficulté de logement dès le lendemain. Les équipes de Médecins du Monde de Bordeaux se sont réunies, jeudi 29 mars, pour dénoncer la situation actuelle.

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La fin de la trêve hivernale met plus de 400 personnes en danger à Bordeaux

L’espérance de vie pour une personne dans la rue est de 49 ans contre 80 au niveau national. Il y a aujourd’hui environ 143 000 sans-abri en France, quatre millions de personnes mal logées, 17 000 enfants dans des bidonvilles et 18 000 mineurs non-accompagnés en errance sur le territoire.

Pour dénoncer cette situation, une trentaine de personnes se sont allongées ce jeudi devant la statue Chaban-Delmas, sur la place Pey-Berland. Les manifestants étaient équipés de couvertures de survies et de tentes, le slogan « PasDeSanteSansToit » inscrit sur plusieurs pancartes.

Les soins passent après le reste

Cette journée d’action nationale est orchestrée par Médecins du Monde (MDM). Accompagnée d’autres associations (comme Dynam’eau), elle entendait ainsi informer sur le lien entre mal-logement et problèmes de santé.

« Avoir un toit c’est un pré-requis, déclare Aude Saldana-Cazenave, coordinatrice régionale de Médecins du Monde Aquitaine. On ne peut pas soigner des personnes à la rue ou qui sont dans des conditions d’instabilités. Parfois certaines personnes ne peuvent pas envisager la suite des événements le lendemain ou le surlendemain. Ces personnes à la rue ou en difficulté de logement ont d’autres priorité que la santé, donc les soins passent après le reste. »

Action de Médecins du Monde sur la place Pey Berland de Bordeaux (CA/Rue89 Bordeaux)

Les manifestants renvoient le chef de l’État Emmanuel Macron à ses promesses manquées sur la mise à l’abri des SDF.

« Il y a un déni de réalité et une déconnexion totale avec la situation des sans-abris en France, poursuit Aude Saldana-Cazenave. Malgré la loi DALO de 2007 (droit au logement opposable NDLR), les personnes non ou très mal logées sont encore très nombreuses. Les moyens mis en place par les pouvoirs publics ne sont pas à la hauteur de la situation. Et surtout, ils ne s’inscrivent jamais dans la durée. »

Sans hébergement et conditions de vie saines, la santé des personnes se dégrade et les chances de guérison s’amenuisent. 90% des patients reçus dans le centre d’accueil de soin et d’orientation de Bordeaux de Médecins du Monde déclarent avoir un problème de logement.

Lobbying politique

Pour Aude Saldana-Cazenave, il est nécessaire de travailler dans la durée :

« C’est la fin de la trêve hivernale, donc le plan d’hébergement d’urgence de 235 places va s’arrêter. Il concerne des personnes placées dans des gymnases par la préfecture. Nous, cela fait trois ans qu’on ne veut plus de ce plan hivernal. Il faut des places pérennes. »

D’autant que la demande d’urgence n’est pas non plus satisfaite : le 115 refuse chaque jour 165 hébergements d’urgences, selon les associations.

« On ne compte pas les personnes qui sont résignés et qui arrêtent d’appeler » ajoute Aude Saldana-Cazenave.

Au total, ce seront ainsi 400 personnes – les refusés du 115 et les hébergés au titre du plan hivernal – « qui seront remises à la rue le 31
mars. Ce chiffre n’inclut de plus pas les personnes qui seront victimes
d’expulsion locative ni toutes les personnes vivant en habitat précaire
et insalubre, en squats et bidonvilles ».

Médecins du Monde reste donc sur le pont : l’ONG va rencontrer les 12 députés de Gironde pour proposer des amendements au projet de loi asile et immigration. Une restitution des échanges aura lieu à la Halles des Douves de Bordeaux, le 21 avril 2018.


#Bordeaux

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