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Dossier #23 : Bordeaux marche à pas comptés vers le Zéro Déchet

Passer au zéro déchet, c’est un peu comme arrêter de fumer. Il y a ceux qui y arrivent rapidement, comme ces familles engagées à ne presque plus rien jeter, et montrées partout en exemple. Et d’autres qui préfèrent décrocher très progressivement, et affirment avoir bien réduit leur consommation tout en vapotant, leur premier paquet de …

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Dossier #23 : Bordeaux marche à pas comptés vers le Zéro Déchet

Passer au zéro déchet, c’est un peu comme arrêter de fumer. Il y a ceux qui y arrivent rapidement, comme ces familles engagées à ne presque plus rien jeter, et montrées partout en exemple. Et d’autres qui préfèrent décrocher très progressivement, et affirment avoir bien réduit leur consommation tout en vapotant, leur premier paquet de la journée terminé.

Bordeaux Métropole serait plutôt à ranger dans la deuxième catégorie. Son précédent patch, le Programme local de prévention des déchets 2011-2016, a moyennement fonctionné : chaque Bordelais « produit » en moyenne 540,6 kilos de déchets par an, et le poids par habitant augmente (de 0,59 kilo entre 2015 et 2016). Tant pis pour les gaspillages de matières à l’heure de l’épuisement des ressources et les pollutions diverses et variées causées par le traitement de nos rebuts.

Seul motif de réjouissance : le volume des ordures ménagères a lui légèrement baissé, pour représenter 249 kilos par an et par habitant, et se situe en deçà de la moyenne française (269 kilos).

Ce bon résultat est sans doute dû aux initiatives lancées depuis 2012, en particulier la distribution gratuite de 19000 composteurs ou bio-seaux, qui permettent théoriquement de faire maigrir de 30% nos poubelles.

Demain, j’arrête

Et promis-juré, l’agglo veut faire mieux. Elle a obtenu l’an dernier un label « Territoire Zéro Déchet, Zéro Gaspillage » bien abusivement nommé : il s’agit en fait de réduire la production locale de 1% par an pendant 3 ans, soit 3% d’ici 2020, pour obtenir le financement de l’Ademe (agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) – une part fixe de 270 000 euros et une part variable de 180 000 euros versée uniquement si les objectifs sont atteints.

« Si on compare avec d’autres territoires labellisés, c’est un objectif modeste, reconnait Hélène Sanchez, de l’Ademe. Mais Bordeaux est une grande métropole, très attractive, qui reçoit de plus en plus d’habitants et de touristes. Et c’est un territoire particulier, très diffus, et produisant beaucoup de déchets verts. »

Comment la métropole va-t-elle s’y prendre pour inverser la courbe ? Une des premières initiatives lancées est discrète mais potentiellement radicale : c’est l’expérimentation de la tarification incitative, objet du premier article de ce dossier. Si ses résultats sont concluants, cette facturation virtuelle du service des déchets à la quantité deviendra bien réelle.

Un Festival Zéro Déchet en novembre

Pour l’heure, c’est une opération destinée à sensibiliser 8000 foyers de la nécessité de « moins et mieux jeter », selon les termes de Dominique Alcala. Le vice-président de la métropole en charge du dossier inaugurait jeudi dernier une exposition de photos sur le recyclage, accrochées aux grilles du Jardin Public.

« 26% de nos déchets sont recyclés dans les différentes filières (verre, bois, ferrailles, plastiques…) et nous pouvons progresser.  Un enjeu fort, c’est le changement de comportements, et cette exposition peut y contribuer. Elle sera la première de plusieurs évènements, dont un Festival Zéro Déchet, qui aura lieu en novembre prochain au Hangar 14. »

Actuellement sur les grilles du jardin public, une exposition de photos sur le recyclage des déchets (SB/Rue89 Bordeaux)

Changer les mentalités, c’est bien, et c’est pas mal parti : comme vous le montrera notre dossier, la société civile – associations, entreprises… – est en Gironde parfois plus avancée que certains élus ne le croient, et sait voir dans les déchets d’aujourd’hui les ressources de demain, du compost au biogaz.

Comme la plupart des collectivités françaises, la métropole bordelaise s’est longtemps focalisée sur la « valorisation énergétique » des déchets – puisqu’on préférait brûler ceux-ci que les stocker, autant récupérer la chaleur ou l’électricité émises.

Mais à la lueur des lourds investissements nécessaires pour maintenir l’incinérateur de Cenon, et des problèmes du réseau de chaleur de la rive droite, le débat se pose désormais sur la compatibilité de cette pratique avec l’objectif Zéro Déchet : peut-on vraiment vouloir réduire nos ordures d’un côté, et être accro à ce combustible de l’autre ? Notre enquête est à ce titre éclairante. La suite de ce dossier ne le sera pas moins.


#Marche vers le Zéro Déchet

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